Reconfinement : l’impossible rattrapage

Jérémie Morvan
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L’annonce de ce second confinement a fait l’effet d’une douche froide. Craignant de revivre les pires semaines de mars et avril dernier, où les ateliers restaient désespérément vides, les réparateurs auront finalement moins souffert durant ce reconfinement, plus ‘light’ et deux fois moins long. Reste cependant que les derniers espoirs de rattraper la perte d’activité des huit premières semaines de confinement se sont définitivement envolés...
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Passé le premier confinement qui a duré deux longs mois, la reprise en V, tout autant portée par les reports d’entretien que la date anniversaires des nombreux contrôles technique qui avaient été effectués en 2018 en anticipation du durcissement de la visite périodique, laissait espérer des lendemains qui chantent pour les professionnels de l’entretien-réparation.

Ceux-ci ont aussi pu compter sur le fait que l’automobile voyait avec cette pandémie redorer ses lettres de noblesse, le transport individuel étant grandement privilégié par les français car constituant le meilleur compromis entre mobilité et sécurité sanitaire. A cet égard, les mois de juin et juillet furent particulièrement studieux pour les ateliers voyant défiler les véhicules à l’approches des grands départs en vacances…

Tout cela laissait espérer une année certes très chahutée par la covid-19, mais qui pouvait cependant trouver une issue heureuse si la dynamique se poursuivait sur le second semestre. La rentrée a pu renforcé cet espoir, et le mois d’octobre est apparu comme un bouquet final avant l’annonce par le Gouvernement d’un second confinement pour le mois de novembre. Une douche froide pour l’ensemble de la profession : l’élan allait en effet être cassé net et ce, même si ce second épisode se présentait comme moins dur que le premier, avec des règles plus souples. Et même si les entreprises de réparation automobile ont dès le début de la période été autorisées à accueillir du public.

Recul moins marqué...

Les premières semaines de confinement se succèdent sans se ressembler. Celle de mars dernier dévissait de 47 % quand la première semaine de novembre n’a finalement baissé “que” de 15 % selon l’Observatoire AM Today / EBP Méca. Et le niveau d'activité atelier, mesuré à 102 points, était encore supérieur à la moyenne de référence de 100 points retenue par cet observatoire (référence prise sur la dernière semaine de pré-confinement de mars dernier)...

Mais cette première tendance ne pouvait être qu’un trompe l’œil. L'Observatoire n'était guère surpris de ce chiffre somme toute relativement bon. Durant cette première semaine de reconfinement, «les ateliers ont pu aussi facturer des entretiens et des réparations entreprises la semaine précédente, analysait-il. Les entrées-ateliers de précaution, en surnombre fin octobre dès l’annonce probable du reconfinement, n’ont certainement pas toutes pu être absorbées en une seule semaine».

Pour beaucoup en effet, la vraie chute d’activité était imminente. Lors d’un point presse faisant suite aux conventions réseaux qui se sont déroulées dans le cadre du salon virtuel Garage Expo, Vincent Congnet, directeur des réseaux VL AAG, dévoilait les tendances des premiers jours du reconfinement dans les différentes réseaux du groupement. Dès les premiers jours du reconfinement, les garages ont affiché « une activité faible ». Selon lui, les garages mécaniques oscillaient alors déjà entre -10 et -20 %, avec un recul plus marqué pour les garages situés en zone urbaine (plutôt -20 %) que ceux implantés en zone rurale (plutôt -10 %). Les centres autos, eux, reculaient en moyenne de 20 %. Quant à l’activité réparation-collision, elle dévissait de 30 %. « Les professionnels retrouvent des niveaux d'activité vécus lors du premier confinement », déplorait Vincent Congnet. Pis : « les carnets de commandes pour la semaine à venir sont deux fois moins remplis que cette semaine », avertissait-il.

Deux fois moins brutal

La deuxième semaine afficha en effet -30 %. Pas de quoi pavoiser ; mais pas aussi grave, encore une fois, en comparaison de la deuxième semaine du premier confinement en mars, lorsque la dégringolade se chiffrait à -70 %. Cette seconde semaine de novembre semblait donc confirmer un confinement deux fois moins violent que la première fois. Et c'était assez logique d'ailleurs, l'Observatoire AM Today / EBP Méca soulignant : « La mobilité est voulue plus souple cette fois-ci. Les Français sont plus nombreux à pouvoir travailler et comme lors du premier confinement, ils privilégient à nouveau la sécurité sanitaire de la voiture individuelle ». La distribution de pièces et la réparation pouvant de ce fait espérer plus de kilomètres parcourus durant ce reconfinement…

Ce qui fut visiblement le cas : la troisième semaine voyait en effet un rebond de 15 % dans les ateliers ! Mieux encore, l'Observatoire a ainsi calculé que, comparé aux faibles performances des trois premières semaines du premier confinement de mi-mars, celles de novembre affichent successivement une activité de +92,5 %, +203,5 % et +203 %...

L’activité restait bien sûr en-deça de la moyenne 100 de référence, mais le recul a atteint cette fois des proportions presque rassurantes : première semaine de novembre à 102 points, deuxième à 85 et troisième à 97. Soit une moyenne de 94,6 points, (-5,4 %) quand, pour rappel, les trois premières semaines de mars dévissaient à 37,6 (-62,5 %).

Fin des derniers espoirs

Et juste avant le déconfinement du 15 décembre, le rebond s’est vérifié avec une première semaine de décembre à +6,5 %, et une deuxième à +3 %. « Ne boudons pas notre plaisir, souligne donc l'Observatoire ; il faut aussi juger la performance de cette 49ème semaine 2020 à l’aune d’un reconfinement qui a été bien moins violent -et également deux fois moins durable- que celui qui s’étendait de mi-mars à mi-mai. Et au moins les ateliers refranchissent-ils à nouveau la moyenne des 100 points qu’ils avaient quitté depuis les trois dernières semaines de novembre.»

En revanche, l'Observatoire AM Today/EBP Méca ne veut plus croire à un miracle de Noël pour les ateliers d'entretien-réparation, rejoignant les estimations d'atterrissage 2020 que les enseignes de réparation et de distribution nous confient. Les plus optimistes ne croient en effet plus pouvoir finir l'année à mieux que -5 % par rapport à 2019, pendant que les autres se résignent à tutoyer les -10 à -15 %. Du moins s'ils ne sont pas de ces acteurs de la carrosserie qui craignent parfois -20 à -30 %.

L'heure n'est pas encore au soulagement. Car on parle déjà d'un premier semestre 2021 de tous les dangers. Tout particulièrement pour ces réparateurs encore nombreux à demeurer trop jaloux et trop fiers peut-être de leur indépendance. Ceux-là n'ont pas encore voulu embarquer les rations de survie que sont notamment les PGE et risquent d'avoir du mal à rallier une côte qu'une toujours possible troisième vague pourrait encore éloigner...


Vroomly : 34 % des MRA craignent la faillite dans moins de six mois

Si la cause est entendue pour cette fin d’année 2020, les professionnels redoutent aussi le début d’année prochaine. Et la crainte de devoir baisser le rideau définitivement est forte chez un bon tiers des réparateurs multimarques partenaires de Vroomly. En effet, selon une enquête menée par le comparateur de garages au cours du mois de novembre, donc en plein reconfinement, 33,7 % du panel de 300 MRA ayant répondu au sondage estiment risquer la fermeture dans les six prochains mois… Ceux qui sont confiants en l’avenir sont même moins nombreux que cela, puisqu’ils ne représentent qu’un peu plus de 24 % des professionnels interrogés.

Si la population des MRA peut compter sur des éléments favorables comme leur activité multimarque et un parc vieillissant qui leur garantit un volume d’activité stable pour encore plusieurs années, ce qui devrait leur permettre de revenir à un niveau d’activité équivalent à 2019 d’ici fin 2021 selon un récent webinaire organisé par le site internet. Mais attendre encore un an semble un horizon inatteignable pour bon nombre d’entre-eux. Surtout ceux qui, faute d’avoir pu obtenir des aides de l’État, ne peuvent compter sur le moindre coup de pouce… En effet, 27,5 % des réparateurs ayant répondu à l’étude déclarent eu des difficultés à se renseigner sur ces aides et à réaliser des demandes pour les obtenir. Toutefois, pour 33 % d’entre eux, il s’agit d’un refus pur et simple de l’avoir sollicité...

Jérémie Morvan
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