Le pneu électrise les passions

Muriel Blancheton
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Pourquoi le pneu est-il redevenu l’enjeu de la profession ? Hyper-concurrencé, il reste encore la deuxième entrée atelier après l’huile. Mieux : d’ici dix ans, il passera en premier avec l’avènement du véhicule électrique !
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Grignoté par les plateformes BtoB depuis quinze ans, abordé par les places de marché depuis quelques temps, le marché du pneumatique a été repris en main par les “tradis” ces dernières années. Les pros mènent la riposte à plusieurs niveaux, face à une concurrence digitale BtoB tout d’abord (en BtoC, elle a atteint son plafond de verre à 13 %), qui affûte ses stocks en pièces et en pneus.

Dernier acteur en date, la place de marché Vroomly Parts qui, après les pièces fin 2020, a annoncé une offre en pneumatiques en juin 2021. Au menu, 300 marques et 33 000 références, du Premium au Budget (Michelin, Pirelli, Hankook, Taurus…), des tarifs comprenant l’éco-taxe, la reprise du pneu et un délai en H+4 jusqu’à J+2. « Proposer le pneu est une évidence sur une prestation qui représente 20 % des entrées atelier, sachant quenous ne sommes pas concurrents des distributeurs, nous travaillons avec eux », déclare le fondateur Alexis Frerejean, sans préciser avec qui exactement.

La roue tourne

Plus question de se laisser déborder de tous les côtés. Depuis quelques années, les ripostes s’organisent pour reconquérir ou maintenir la fidélité du réparateur sur ce produit : outre les gros faiseurs historiques comme APA, Fichou… l’Autodistribution a reconstruit sa chaîne de valeur (client, MRA, distributeur) avec un niveau de marge calculé en euros par pneu, et la prise de 20 % du grossiste SLPA/Chronopneus en 2016 (27 000 références en commande quotidienne sur Autossimo, en drop-shipping ou en offre stockée chez le distributeur).

AAG a dealé avec des plateformes européennes type Easyroad et s’appuie sur de gros vendeurs comme Ferron, Ragues… Et certains distributeurs se mettent sur les rangs. Dernier démarrage connu, à l’instar d’Odis (Précisium) et son site Odispneus (10 000 pneus écoulés), Durand Services (Groupauto) a lancé un webshop dédié en avril 2021. « L’offre prend bien, d’autant que nous comptons sur la loi Montagne qui sera appliquée en novembre [N/D/L.R. : le distributeur est implanté en régions montagneuses dont la Savoie et la Haute-Savoie, Grenoble…] pour encore accélérer les ventes en pneumatiques hiver. Nous passons par Dipropneu, spécialisé dans l’importation de marques non vendues en ligne. Nous vendons du Triangle et Avon Tyres, des produits de qualité avec une belle offre en largeur. Ils sont capables de livrer les garages quatre fois par jour. Reste que nous stockons quelques enveloppes pour avoir la disponibilité d’urgence. »

Incontournable sur un parc électrique

Car un autre facteur vient s’ajouter, et c’est peut-être celui-là qui recristallise les passions autour du pneu : l’électrification du parc ! Sur un VE, ne reste que le pneu, les freins, le pare-brise et la carrosserie à changer. Quid de la baisse des ventes PR ou des ateliers sur la fuite des opérations de vidange ? Ce regain d’intérêt pour le pneu est donc logique. Clairement, ce produit toujours si lourd, cher à stocker, à transporter et peu margeur sera vital pour la fréquentation des ateliers, réseaux constructeurs compris. Une manne pour tous en somme et peut-être bien un couperet pour les pure-players, qui sait ?

Seul bémol : il va falloir oublier les 40 % de marge, que seule la pièce procure encore.

Muriel Blancheton
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