Nexus International : démonstration de force

Jean-Marc Pierret
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3 ans seulement après sa création, le groupement d’achat international Nexus a très largement dépassé ses objectifs avec un CA consolidé de ses adhérents de près de... 13 milliards d’euros ! La convention internationale du groupement tenue cette semaine à Montreux (Suisse) a été l’occasion d’une impressionnante démonstration de force.
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Il y a tout juste un an, Gaël Escribe, le directeur général du groupement, nous confiait souhaiter atteindre un chiffre d’affaires consolidé de 9 milliards d’euros en 2016. C’est finalement 12,8 milliards d’euros que représentent ses 108 membres à fin 2016, soit un total de 1 608 points de vente dans 114 pays ! Dont la France évidemment, où le groupement illustre sa stratégie multicanal avec ID Rechange (distribution traditionnelle), Aniel (distribution de pièces pour la carrosserie), Speedy (réparateur rapide) ou encore Apprau (plateformes).
Nexus passe à la croissance ciblée
Faut-il s’attendre à la même croissance exponentielle en 2017 ? «Pas du tout» nous confie Gaël Escribe. «Après 3 ans de croissance ininterrompue, le groupement va certes continuer à grossir mais de manière bien plus ciblée : USA, Russie, Asie Pacifique, Afrique de l’Est et Amérique Latine».Pour l’anecdote, mais également pour démontrer la volonté de Nexus d’être «présent partout où une voiture se répare», Nexus Automotive Polynésie sera inauguré le 24 mars, en charge du développement du réseau de réparateurs NexusAuto à Tahiti et en Nouvelle Calédonie. Cette ambition planétaire est clairement énoncée dans le nouveau slogan du groupement «Powerful Global Player», que l’on peut traduire –imparfaitement– par «acteur performant d'envergure mondiale».
Discipline d’achats et achats groupés
2017 sera donc surtout l’année de la synergie entre les membres. Ainsi «en 2016, seuls 20% des achats de nos membres ont été réalisés auprès de nos 60 partenaires fournisseurs. Ce chiffre qui peut sembler faible s’explique par la jeunesse de notre organisation et sa dimension mondiale, synonyme de besoins hétérogènes et de complexité. Mais la quasi-totalité de nos contrats fournisseurs 2017 aura un périmètre mondial, nous permettant de faire progresser ce chiffre à 23% dès 2017 pour atteindre 29% en 2019».Mais la fidélité aux fournisseurs référencés n’est qu’une étape. Ainsi Nexus est largement composé de sociétés de taille moyenne, souvent familiales, directement menacées par la puissance de feu d’organisations consolidées du type LKQ ou Alliance Automotive Group. Celles-ci bénéficient naturellement, de par leur taille, d’avantages en termes de conditions tarifaires, capables de déstabiliser n’importe quel marché.Ainsi Nexus lance cette année –et c’est nouveau chez les groupements d’achats internationaux– des appels d’offres globaux qui engagent ses adhérents. L’idée est simple : négocier auprès des équipementiers leaders de meilleures conditions en échange de croissance et simplification logistique. Cela suppose une transparence et un engagement total de la part de distributeurs par essence indépendants, mais c’est la seule manière de concurrencer le pouvoir d’achat de géants comme LKQ.Au-delà des achats auprès des «équipementiers de rang 1», Nexus souhaite également consolider les achats liés aux Marques De Distributeurs (MDD) de ses adhérents, et ouvrira cette année un bureau d’achats en Chine en charge de cette nouvelle page.
Chantiers en cours
Cette convention, qui a regroupé 350 participants de 65 nationalités différentes, a été l’occasion pour le groupement de présenter ses autres chantiers en cours. Parmi eux on retiendra la Nexus Academy qui va déployer en 2017 un programme de formation commerciale auprès de ses membres. Le e-learning désormais disponible pour les réparateurs en 33 langues. Le groupement travaille également sur l’accès aux données véhicules qui peut se faire selon Gaël Escribe «sans accès aux serveurs de constructeurs». Cette initiative sera développée dans les mois qui viennent. Le réseau continue à se déployer avec l’ouverture du 1er atelier NexusTruck la semaine dernière en Espagne, à Valence. Il est à noter que le PL est un poids-lourd dans l’activité Nexus car il représente 25% du CA de ses membres !
Pragmatisme et ouverture d'esprit
Finalement, qu’est-ce qui différencie Nexus des autres groupement internationaux ? Un fonctionnement entrepreneurial sans aucun doute, gage de réactivité. Une richesse culturelle forte compte tenu de sa dimension réellement mondiale. Un activisme revendiqué, démontré par des initiatives très opérationnelles comme les achats ou la formation. Mais également une bonne dose de pragmatisme.Ainsi Nexus compte-il exclure Pitteri Violini (PiVi Ricambi), son distributeur italien racheté par Renault fin 2016 ? «Pas du tout», affirme Gaël Escribe. «Tant que nos adhérents démontrent un engagement total pour la filière de la rechange indépendante, leur actionnariat n’est pas un obstacle». D’une manière générale, même s’il juge «disproportionnée» la place occupée dans le paysage par les initiatives constructeurs, il confirme que ce mouvement est sans doute «irréversible». Dans ce cadre, il est important de «parler à tout le monde pour enrichir sa réflexion plutôt que d’ériger des barrières illusoires».Ainsi, au-delà de son rôle initial de lieu de rencontres entre fournisseurs et distributeurs (4 360 réunions prévues à Montreux !), Nexus a réussi à faire de cette convention un véritable lieu de réflexion, un “think tank” (boîte à idées) dédié aux mutations de la rechange dans le monde.
Jean-Marc Pierret
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