Contrôle technique : un «point-pivot» pour le CNPA

Jérémie Morvan
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La branche Contrôle Technique du CNPA, présidée par Bernard Bourrier, fait le point sur les multiples enjeux de la mise en place du futur contrôle technique en mai 2018. Des enjeux qui pourraient aussi devenir des opportunité pour la profession...
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 La transposition en droit français en mai 2018 de la directive européenne 2014/45/UE relative au contrôle technique des véhicules et de leur revente recèle de multiples enjeux pour le métier ; il souligne en tout cas l’importance devenue capitale de cet «outil» qu’est le contrôle technique (CT), sous-utilisé par l’État dans le cadre de sa politique de gestion des parcs.
Redistributeur
Certes, le rôle premier du contrôle technique reste sécuritaire. A ce titre, Bernard Bourrier, président de la branche CT au CNPA (par ailleurs président du réseau Autovision) considère que, s’il ne faut pas relâcher la pression, cette mission est globalement très bien remplie : «sur les trois critères d’accidentologie que sont le comportement de l’automobiliste, l’état des infrastructures et celui du véhicule, ce dernier est celui qui est de moins en moins important, et donc le mieux maîtrisé», déclare-t-il.Mais le contrôle technique a aussi une dimension économique importante. «Cette activité intervient comme un point-pivot pour l’ensemble de la filière aval», ajoute le président de la branche CT du CNPA, qui précise : «c’est en effet par son biais qu’est annuellement réalisé environ 1,5 Md de CA pièces et main d’œuvre de réparations suite au passage des véhicules dans les centres »… Et encore, cet impact économique sur la chaine des acteurs de la réparation n’est quantifiable qu’après compilation des procès-verbaux de contrôle ; l’activité –bien réelle- générée dans les ateliers d’entretien-réparation avant ledit passage au CT, elle, est beaucoup plus difficile à évaluer. Le contrôle technique se positionne ainsi comme un ‘redistributeur’ d’activité.Au-delà, la branche CT du CNPA entend militer pour redonner à la profession ses lettres de noblesse. Car à l'heure du diesel-bashing et, plus largement, de la prise en compte des problématiques environnementales, « le CT n’est utilisé par l’état qu’à travers sa composante sécuritaire par le ministère de l’Intérieur, déplore Bernard Bourrier, aucunement par le ministère de l’Environnement ou celui de la Santé alors qu’il permet une photographie très précise de l’état du parc », déclare son président.
Les enjeux du futur contrôle technique
Or, cet 'outil' va prendre une importance encore plus importante avec la future réglementation, plus stricte pour les véhicules. Parmi les modifications-phare du prochain CT figure le désormais fameux contrôle des 5 gaz, prenant en compte les émissions de NOx. Et si des tests se sont déjà déroulés dans des centres pilotes, l’administration n’a pas encore tranché entre les deux types de matériels existants : l’analyseur de gaz et banc de puissance… Pour Bernard Bourrier, il a « urgence à attendre », car non seulement les investissements ne sont pas les mêmes (4 à 5 000 € pour le premier contre 40 000 pour le second) mais en plus le banc de puissance, qui impose (jusqu’ici) du génie civil, ne pourrait pas prendre place dans tous les centres.Autre mesure d’importance : l’interdiction de circuler en cas de défaut grave du véhicule, présentant un danger immédiat pour la sécurité routière ou ayant des conséquences environnementales. Le contrôle technique du véhicule ne sera alors valable que 24h, le temps pour son propriétaire de se rendre chez un réparateur.Pour assurer au mieux la nouvelle mission de CT édictée par la directive, l’ensemble des opérateurs devrait également suivre une remise à niveau, sous la forme d’une formation de 35 heures. Et sur ce plan, les délais se raccourcissent pour assurer la formation des 10 à 12 000 opérateurs exerçant au sein des près de 6 300 installations de contrôle agréées. Tous devront être prêts au 20 mai 2018…
Dossiers en suspens et à venir
Hormis la mise en place du nouveau contrôle technique, la banche CT du CNPA continuera de militer également pour une annualisation du contrôle technique des véhicules passés leur 7e année, de même que pour la mise en place d’un CT  pour les deux roues motorisés. « Il s’agit là d’un régime dérogatoire qui peut interpeler », souligne non sans ironie Bernard Bourrier, qui rappelle en outre qu’il a déjà été présenté deux fois auprès des gouvernements précédents, avec les résultats que l'on sait.Autre demande que souhaiterait voir aboutir l’organisation professionnelle : que le CT anti-pollution annuel, et ne concernant jusqu’ici que les utilitaires, soit étendu à l’ensemble du parc automobile roulant.Le président de la branche CT au CNPA ne sous-estime pas non plus le risque important de «décrochage» du contrôle technique vis-à-vis de la technologie galopante des véhicules. A commencer par les calculateurs embarqués dans les véhicules, toujours plus nombreux, et par lesquels transitent des informations pertinentes. «Un contrôleur n’a pas la main aujourd’hui pour savoir si la cartographie moteur a été modifiée, comme il ne peut pas lutter efficacement contre le trafic de compteur kilométrique», prend pour exemple Bernard Bourrier. Sans même aborder l’épineux cas du véhicule connecté et de ses données...Le futur CT n’est même pas encore en place qu’il apparaît déjà, sur certains plans, incomplet…
Jérémie Morvan
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