Equip Auto : résoudre l’équation des futurs salons régionaux

Jérémie Morvan
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Pour accroître la visibilité de la marque Equip Auto –notamment les années paires orphelines du salon biennal–, la Fiev a annoncé son intention d’organiser des salons régionaux afin d'aller aux distributeurs et réparateurs qui ne montent pas à la Porte de Versailles. Un projet d'équilibriste tant il faudra déminer en amont les possibles sujets de discorde...
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La Fiev a confirmé hier sa volonté de dynamiser la marque Equip Auto et son cortège de partenaires et exposants en leur donnant davantage de visibilité. Notamment durant ces années paires où la grand'messe automnale de l'après-vente cède la vedette à celle du Mondial.L’organisation professionnelle explore donc plusieurs pistes, dont la première consisterait à initier un partenariat avec... le Mondial de l’Automobile. «L’idée est d’organiser un événement B2B dans l’événement B2C –le plus important au monde– afin de créer une manifestation rassemblant véritablement toute la filière», déclare Jacques Mauge, président de la Fiev. Si les discussions sont toujours en cours, le nom semble d’ores et déjà arrêté : «Mondial.Tech».Deuxième levier identifié par la Fiev pour faire ‘exister’ davantage Equip Auto et qui concerne plus directement les professionnels de l’entretien-réparation : organiser des «Equip Auto Régions», là encore prioritairement durant ces fameuses années paires.
Déminer le terrain
Reste à ne pas faire d'erreur tactique. Avec la distribution de pièces d'abord. Car les distributeurs emplissent déjà l'espace des salons locaux et régionaux, d'ailleurs avec la contribution physique et financière d'équipementiers dont les ressources humaines et marketing s'étiolent au fur et à mesure que leurs clients groupements se concentrent.Des distributeurs qui ont même inventé le concept depuis des lustres, en le démultipliant parfois jusqu'à d'improbables échelles locales. Des distributeurs enfin qui, pour de multiples bonnes ou moins bonnes raisons qui nous demanderaient à elles seules un second article, ne sont pas nécessairement prêts à voir leurs fournisseurs-contributeurs décider librement où et quand rencontrer "leurs" réparateurs sans leur séculaire tutelle.
Passer du rêve à la réalité
Certes encore, entendre Equip Auto évoquer une possible régionalisation est un vieux serpent de mer qui émerge chaque fin de Salon. Précisément quand ses exposants se plaignent à nouveau de ne pas avoir croisé assez de réparateurs bretons, néoaquitains, languedociens, azuréens, auvergnats...Et c'est ainsi qu’édition après édition, la même problématique demeure pour Equip Auto. Même si l'excellente cuvée 2017 a pu enregistrer une hausse notable de son visitorat de professionnels venus de l’Ile-de-France, du Nord et de l’Est de la France, une partie trop importante de distributeurs comme de réparateurs du Grand Ouest et de toute la moitié Sud du pays ne ‘monte’ pas à Paris pour arpenter les allées du Salon...
Faire avec et pour, jamais contre
Dans ce contexte où la Fiev est logiquement soupçonnée de vouloir ainsi aider ses équipementiers-adhérents à se réapproprier une relation trop directe avec les réparateurs, la fédération se défend de toute arrière-pensée.Elle promet donc qu'elle ne veut pas concurrencer, et ses adhérents-équipementiers encore moins bouder les manifestations organisées par les groupements de distribution ou leurs gros distributeurs-adhérents. «Ce ne serait pas logique, explique ainsi Jacques Mauge qui convoque pour témoin l'esprit du dernier Equip Auto. «Si la Fiev a œuvré, avec sa commission aftermarket et la Feda, à faire revenir les groupements sur Equip Auto, ce n’est évidemment pas pour leur faire fuir la prochaine édition !»Même profession de bonne foi chez Philippe Baudin, président de la commission aftermarket de la Fiev. «Ce type d’événement ne sera bien entendu pas organisé dans les régions où cela pourrait faire doublon avec d'autres manifestations qui garantissent déjà la proximité recherchée».
De réelles attentes à satisfaire
Il n'est donc que question de répondre pragmatiquement aux attentes insatisfaites, martèle-t-il. «Ces salons régionalement complémentaires à Equip Auto, les équipementiers membres de la commission aftermarket de la Fiev les demandent ; mais les distributeurs qui ne peuvent se rendre à Paris les réclament aussi ; et leurs clients réparateurs les attendent également», constate-t-il.Et d'affirmer que «construire une réponse structurée en région pour dynamiser le marché, apporter de l’information produit sur les nouveautés, leur technicité, l'information technique... cela a du sens pour tous les acteurs du marché».
Une équation à multiples entrées
Si la décision est prise, reste encore à tracer un chemin qui rende le projet possible. Pour d’évidentes raisons économiques, il ne s’agit évidemment pas de dupliquer dans les territoires visés les coûteux fastes du grand Salon national. Ni même de multiplier les Equip Auto régionaux au risque de confiner celui de Paris dans les trop étriquées frontières de l'Ile de France.Toucher les réparateurs et les distributeurs orphelins d'un Salon professionnel sans agacer groupements et barons de la distribution, inventer des événements complémentaires à la pépite Equip Auto sans en ternir l'éclat national et international et bien sûr financer les événements sans saigner les budgets marketing en constante récession des potentiels exposants, voilà les multiples inconnues de l'équation que s'imposent de résoudre la Fiev et ses adhérents équipementiers.Les contours sont donc encore flous. Ni le contenu précis du concept de salon régional, encore moins les localisations, ne sont arrêtés. Jacques Mauge promet de présenter une copie définitive en juin prochain et de s'y tenir. «Maintenant que notre décision est prise, je souhaite aller vite», affirme-t-il.
Neutralité et œcuménisme pour Equip Auto
Une chose au moins est d'ores et déjà actée : la Fiev veut des fondations neutres, œcuméniques et consensuelles à son projet. A ce titre, elle ne souhaite plus voir associé ni son nom, ni celui d’Equip Auto, à Mecanex, une manifestation similaire actuellement en gestation et qui vient de reporter son premier salon, prévu à Lyon, de juin à octobre prochain.Le groupe britannique a un temps effectivement partagé ses ambitions avec la Fiev. Mais impatient d'aboutir, le propriétaire de Mécanex s'est un peu trop hâtivement attribué le blanc seing de la Fiev et proclamé trop tôt un droit d'utilisation de la marque Equip Auto.
Nécessaires éclaircissements
Logiquement, c'est Comexposium, organisateur de l'actuel Equip Auto et co-actionnaire de l'événement, qui est maintenant chargé de repenser la logistique du projet régionaliste.Reste pourtant à finir d'obtenir l'unanimité au sein même des actuelles forces vives d'Equip Auto. Contacté par la rédaction, le président de la FFC, Patrick Cholton, dont l’organisation professionnelle est elle aussi co-actionnaire du Salon, n’a pas souhaité commenter plus avant cette annonce, visiblement dubitatif et peut-être même un peu froissé de ne pas avoir été partie prenante à la conférence de presse du président de la Fiev.Mais patience et longueur de temps font mieux que force ni que rage. Et s'il était vraiment si facile de décliner régionalement le Salon Equip Auto, ce serait fait depuis longtemps, non ?
Jérémie Morvan
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