Chiffres de l’expertise : pneus usés en baisse, véhicules dangereux en hausse

Romain Thirion
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En préambule de son tout premier Symposium de l'Expertise consacré à l’entretien de systèmes de dépollution moteur, l’Alliance nationale des experts en automobile (ANEA) et son président, François Mondello, ont tenu à révéler quelques statistiques issues de son concentrateur concernant la sécurité du parc. Lesquelles révèlent une baisse du taux de pneus très usés dans le parc de véhicules expertisés en 2017 et, à l’inverse, une hausse sensible du taux de véhicules dangereux.
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Bien qu’à partir de 2018, le traditionnel Congrès ANEA du printemps soit remplacé par le Symposium ANEA, tout nouvel événement porté par AM&P, filiale du syndicat d’experts libéraux dédiée à la mobilité et à la prospective, une telle concentration d’experts et de professionnels de la filière aval de l’auto ne saurait commencer sans un petit point chiffré sur l’année écoulée.Organisé ce vendredi 30 mars à Paris, le Symposium s’est donc naturellement ouvert sur un petit bilan statistique de 2017, sur la base des données remontées grâce au concentrateur ANEA.
10% de pneus usés à plus de 80% dans le parc expertisé…
Fière de son outil né des efforts de sa filiale AR&D, l’ANEA, par la voix de son président François Mondello, n’a pas manqué de rappeler d’abord que, depuis son lancement officiel en 2010, ledit concentrateur était passé de 1,525 millions de rapports d’expertises reçus à 23 millions en 2017. 23 millions de véhicules expertisés, sur un parc roulant VP/VUL/PL évalué à 39 millions, ont donc vu leurs données anonymes remontées pour être analyser.Et les statistiques de de l'expertise en 2017 (du moins, celles révélées par l’ANEA lors de son Symposium) sont instructives. D’une part, le nombre de pneus très usés dans le parc de véhicules ayant fait l’objet d’un rapport d’expertise est en diminution constante depuis 2014. En effet, le taux de pneus usés à plus de 80% est passé de 12,22% cette année-là à seulement 10,93% l’an dernier, soit environ 250 000 véhicules. L’amélioration de la santé générale des pneus dans le parc se constate d’ailleurs par le haut : la part des pneumatiques usés à moins de 50% ne cesse de croître, passant de 59,48% à 61,34% entre 2014 et 2017.
…mais de plus en plus de véhicules dangereux !
Les accidents dus aux pneumatiques ont donc statistiquement moins de chance d’arriver, si l’on en croit de tels chiffres. Mais un pneu sain est loin d’être une garantie de non-accident si le véhicule sur lequel il est monté n’est pas sain lui-même. Et c’est là que le bât blesse. En 2017, comme les années précédentes, la part de véhicules dangereux parmi ceux ayant fait l’objet d’une expertise s’est encore accrue… En effet, 1,44% des véhicules dont les données ont été traitées par le concentrateur étaient jugés en mauvais état ou dangereux en 2014… contre 1,71% en 2017 ! Traduite en nombre d’unités, cela signifie que 42 750 véhicules parmi ceux expertisés l’an dernier ne sont pas aptes à circuler.«Dans les deux cas –pneus trop usés ou véhicule dangereux– l’expertise doit absolument prendre les mesures auxquelles l’appellent l’article R326-2 du Code de la route», insiste François Mondello. Un article qui dispose que l’expert «doit informer sans délai le propriétaire et consigner dans son rapport les déficiences du véhicule ainsi que les défauts de conformité du véhicule ou d'homologation d'accessoires qu'il a découverts au cours de l'accomplissement de sa mission et qui sont susceptibles de mettre en danger la vie du conducteur ou celle d'autres personnes».
Les faux VO/vrais VGE partiellement responsables ?
Voilà qui rend doublement coupables, sur le plan moral, les experts “véreux” incriminés dans les affaires de faux VO/vrais VGE depuis 2015. Ceux que la Confédération française des experts en automobile (CFEA, dont l’ANEA fait partie,) juge très peu nombreux ont pourtant remis plusieurs milliers de véhicules dangereux à la route, par appât du gain. Les expertises de sécurité dont ces véhicules ont fait l’objet suite aux enquêtes de police et de gendarmerie ont certainement contribué à alimenter le concentrateur de l’ANEA.De là à supposer que ces pratiques frauduleuses soient en cause dans la hausse sensible de véhicules dangereux dans le parc expertisé, il n’y a qu’un pas. Voilà, en tout cas, une bonne raison de continuer les enquêtes sur le terrain. Outre identifier les brebis galeuses de la profession d’expert, elles contribuent certainement à l’assainissement du parc. En très faible proportion, certes, mais lorsqu’il s’agit de vies en danger, il n’y a pas de petites statistiques.L'augmentation du nombre de véhicules dangereux ou en mauvais état au sein du parc étudiés par les expertises compilées est constante depuis 2014. L'augmentation du nombre de véhicules dangereux ou en mauvais état au sein du parc étudiés par les expertises compilées est constante depuis 2014.
Romain Thirion
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