Le contrôle technique a dopé les entrées-atelier !

Jérémie Morvan
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On savait déjà que l'annonce tonitruante du nouveau contrôle technique –et surtout son cortège anxiogène de communications alarmistes– a engorgé les centres de contrôle technique plus que de raison. Ce rush “pré-nouveau contrôle technique” semble bien avoir aussi boosté le volume récent d'entrées-atelier, notamment chez les MRA. Mais pour combien de temps ?
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Odette Dantas, directrice France du GIPA, le confirme : son dernier baromètre des entrées-atelier de mars-avril 2018 a constaté une significative hausse moyenne de +6% par rapport au même bimestre 2017. Et même si cet indicateur n'étudie pas précisément la nature des ordres de réparation, Odette Dantas en convient volontiers : il est assez probable que cette embellie assez inédite soit un effet de l'anticipation de consommateurs inquiétés par la peur de voir leurs véhicules interdits de circulation s'ils devaient subir les fameux «défauts critiques» du nouveau contrôle technique...
Entrées-atelier de véhicules âgés
Le GIPA pense cette grille de lecture d'autant plus crédible que cette hausse de +6% concerne les centres auto, fast-fitters et tout particulièrement les MRA, souligne sa directrice France. Justement trois des canaux qui sont prioritairement fréquentés par les conducteurs aux véhicules les plus anciens, donc les plus susceptibles de “subir” le durcissement du nouveau contrôle.Certes, il suffit parfois d'une série de promos bien senties chez les centres auto et autres réparateurs rapides pour que leurs courbes de fréquentation s'affolent en dehors de toute tendance générale. Mais cette variable marketing est bien moins prégnante chez les MRA. Des MRA en outre tout particulièrement armés pour prendre en charge l'ensemble des préconisations d'un contrôle technique. Le seul fait de voir ces MRA progresser aussi nettement confirme donc la probabilité d'un phénomène assez général.
Baromètres GIPA et Feda/I+C : la compatible contradiction
Certains de nos lecteurs férus de chiffres nous objecteront sûrement qu'il y a quelques jours, à l'occasion du CDA (Club de la Distribution Automobile), la FEDA révélait des chiffres assez différents. Selon son baromètre de la même période de mars-avril en effet, de source cette fois I+C, la progression constatée chez les réparateurs n'aurait été en fait que de 3,5%.Mais pourtant, les deux chiffres ne sont pas contradictoires.D'abord parce que le chiffre du GIPA traduit la progression du flux en nombre d'entrées-atelier pendant que celui de I+C analyse la variation de chiffre d'affaires. On ne compare donc pas tout à fait les mêmes périmètres : si l'accroissement d'ordres de réparation induit fatalement une hausse de la facturation, leurs progressions respectives ne sont pas nécessairement parallèles...Ensuite parce qu'en l'occurrence, le +3,5% de I+C synthétise l'ensemble des canaux de la réparation alors que le +6% du GIPA s'arrête aux seuls centres auto, fast-fitters et MRA, soit à “seulement” la moitié du volume des entrées-atelier en France. Les moyennes affichées ne sont donc pas pondérées par le même marché de référence.
Toute la chaîne en a profité
Reste que l'embellie des entrées-atelier est d'autant plus certaine qu'elle est aussi ressentie dans la distribution de pièces. Le baromètre de la Feda permet ainsi de constater, toujours pour mars-avril, une jolie progression du CA en pièces de grandes ventes (+3,5%), certes modérée par un moindre dynamisme des pièces dites techniques (+1%) et ce, après un début d'année atone.Et si les réparateurs agréés (RA1 et RA2) sont effectivement un peu à la traîne, c'est tout de même avec un bienvenu +2%...
Ne pas s'enflammer trop vite
Ce coup de fouet général est apparemment bon pour le moral des troupes. 48% des professionnels du panel I+C anticipent en effet une hausse d’activité dans les mois à venir (contre 40% un trimestre plus tôt). Et les plus pessimistes qui craignent un retournement sont quant à eux de moins en moins nombreux : les 12% d'inquiets du 1er trimestre 2018 ne sont plus que 9% au second...N'oublions toutefois pas de raison garder. Si l'explication de ce bon bimestre est bien liée à la peur du gendarme, le 20 mai, date fatidique de l'entrée en vigueur du nouveau contrôle technique, est maintenant derrière nous. Après la période de folie, les contrôleurs techniques ont déjà retrouvé une vie normale. Et à en croire les premières tendances de juin 2018 qui semble s'annoncer inférieur ou égal à juin 2017, la belle saison des entrées-atelier, elle aussi, est peut-être déjà en train de passer.Reste à attendre les bilans des deux prochains bimestres de mai-juin et de juillet-août. Ils diront plus clairement si oui ou non, l'optimisme des pros s'est enflammé pour un simple feu de paille. Allez, il restera toujours la peur de l'évolution anti-pollution du CT du 1er janvier 2019 pour booster à nouveau la fin d'année...
Jérémie Morvan
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