Après-vente et gilets jaunes : décembre désastreux, janvier heureux ?

Jean-Marc Pierret
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Le mouvement des gilets jaunes a effectivement pollué l'activité après-vente de fin d'année en provoquant des reculs d'activité spectaculaires. Principales victimes : le retail, dont les points de ventes sont très exposés géographiquement aux opérations de blocage ; mais aussi et surtout les équipementiers, dont les ventes ont reculé jusqu'à -40 % en décembre...

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-10 %, -20 %... et même -40 % : quand ils évoquent “l'effet gilets jaunes” sur leur activité après-vente de décembre dernier, c'est là l'énumération calamiteuse de chiffres négatifs que confessent les équipementiers. Même Bérézina côté retail (centres auto, spécialistes, pneumaticiens...). A titre d'exemple significatif, Feu Vert a dû interrompre tous ses contrats d’intérimaires en décembre.Quant aux distributeurs indépendants, la Feda avait déjà avancé un -12 % suite à un sondage auprès de ses adhérents révélé début décembre. Mais en ré-évoquant cette tendance avec certaines centrales en ce début janvier, on constate plutôt un -5 % en décembre au niveau national. A comparer en outre aux habituels -3 % de ce mois festif, plus traditionnellement tourné vers agapes et cadeaux que vers les ateliers d'entretien-réparation...
Des variations géographiques spectaculaires
Bien sûr et assez logiquement d'ailleurs, ce chiffre plutôt rassurant cache d'énormes disparités selon les régions et surtout, selon les villes. Ici, un distributeur s'étonne positivement de n'avoir reculé “que” de 1,5 % en décembre, un mois qu'il confirme toujours moyen ; mais ailleurs, là où notamment les troubles ont été les plus spectaculaires, d'autres déplorent des -10 %, -15 %, voire pire encore.Ces spécificités géographiques expliquent sûrement pourquoi le retail souffre tant. Les points de vente des acteurs de ce canal privilégient massivement les zones commerciales et les grands nœuds routiers. Précisément là où ronds-points et parkings sont les plus agités...
MRA et agents entre les gouttes ?
Difficile évidemment d'avoir une tendance concernant les réparateurs indépendants, disparates en approvisionnements et isolés par essence. Ou pour les réseaux constructeurs, même si ces derniers ont avant tout souffert des -25 % à -30 % enregistrés par un commerce de décembre particulièrement malmené.Mais quelques têtes de réseaux de MRA confirment que les réparateurs indépendants sous enseigne passent souvent entre les gouttes. En tout cas pour leur grande majorité plus solidement ancrée dans les zones rurales et péri-urbaines moins bousculées. On peut donc, pour les mêmes raisons, extrapoler la même relative sérénité pour les agents de marque.Ces clients naturels des distributeurs indépendants que sont MRA et RA2 semblent même reprendre quelques couleurs en ce début janvier, puisque les distributeurs eux-mêmes semblent constater une reprise de leurs ventes. Mais nous avons tout de même identifié des centres de contrôle technique qui ont vu leur activité baisser en décembre de plus de 20 % et qui ont dû systématiquement fermer chaque samedi...Quant au retail, il doit souhaiter chaque jour que le gouvernement réussisse enfin à convaincre les gilets jaunes de passer d'une phase d'activisme désordonné à une stratégie plus sereine de concertation...
Équipementiers en première ligne
Rien d'étonnant donc à avoir vu les équipementiers dévisser si fortement et si brutalement. Ils fournissent par définition tous les acteurs de la rechange. Si leurs ventes -et donc leurs reculs- varient en fonction de leurs mix respectifs (rechange constructeur, rechange traditionnelle et/ou retail), leurs résultats de décembre ne peuvent de toute façon qu'être parmi les plus mauvais de la filière. Ils sont en effet les premières victimes de réapprovisionnements de stocks différés en raison d'un ralentissement de l'activité ateliers... et les derniers bénéficiaires d'une reprise.Mais n'excluons pas non plus les habitudes de fin d'année des distributeurs. C'est le moment où beaucoup déstockent pour améliorer le bilan et la trésorerie en fin d'année et donc, diffèrent leurs réappros sur janvier. En tout cas, chez ceux qui privilégient la réduction des immobilisations sur les bonus de fin d'année...
Impacts logistiques
Reste que les actions des gilets jaunes ont aussi un effet délétère sur les flux logistiques. «Les réapprovisionnements sont compliqués. De plus en plus de transporteurs rechignent à livrer en France : ils craignent de voir leurs camions bloqués aux péages ou aux ronds-points», s'agace un équipementier de dimension mondiale.L'effet-loupe des reportages spectaculaires des médias étrangers sur les affrontements de ces dernières semaines ne fait pas seulement peur aux touristes...
Jean-Marc Pierret
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