Oscaro sort son premier baromètre dédié aux “auto-réparateurs”

Jérémie Morvan
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Le site de vente de pièces en ligne Oscaro a, par le biais de son Observatoire nouvellement créé, dévoilé le premier baromètre afin de mieux cerner “ces Français qui mettent les mains dans le cambouis”. Avec des chiffres parfois surprenants…
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Le célèbre site de vente en ligne de pièces détachées automobile Oscaro, racheté par PHE en novembre 2018, a dévoilé son premier baromètre sur «ces Français qui mettent les mains dans le cambouis». Réalisé avec l’institut de sondage BVA, il croise diverse sources pour tenter de définir plus précisément les auto-réparateurs en France : sondage BVA réalisé auprès d’un échantillon de 1 003 automobilistes entre le 12 et le 18 juin, enquête réalisée par Oscaro auprès de 1 640 clients entre le 6 et le 10 juin et base de données interne du site marchand, dénombrant 5 millions de visiteurs par mois, 6 millions de véhicules et recensant 12 000 commandes quotidiennes.

Le do it yourself -ou ''auto-réparation'' dans la nouvelle sémantique oscarienne- est bien plus qu’un phénomène de mode. L’auto-réparation, au même titre que le bricolage ou le jardinage, s’inscrit dans une tendance plus vaste. «Il s’agit d’un phénomène de masse», déclare Jan Löning, nouveau directeur général du pure-player internet depuis avril dernier. Cet exercice se veut une façon de «revenir aux fondamentaux» selon les propres mots de Jan Löning : en souhaitant mieux connaître ses clients, leur(s) profil(s), leurs besoins et leurs comportements, en débusquant des pistes pour croiser ces infos avec ses bases de données, Oscaro entend trouver ainsi les leviers de développement futur pour son business.

A cette occasion, le site marchand a annoncé la création de l’Observatoire Oscaro, dont le premier baromètre a été présenté hier matin.

Portrait de l’auto-réparateur

Première information et de taille de ce baromètre : 28 % des automobilistes auraient effectué durant les 24 derniers mois au moins une opération d’entretien-réparation sur leur véhicule. Par ailleurs, le baromètre révèle que pas moins de 40 % des auto-réparateurs sont des… auto-réparatrices ! «C’est le cliché du do-iteur homme que vient infirmer cette étude, souligne Jan Löning. Il faut aussi savoir que 30 % de nos fans sur Facebook sont des femmes !» Son âge moyen est de 42 ans, contre 49 ans pour les non-réparateurs. Cela signifie que cette activité profite d’un véritable engouement auprès des jeunes : 38 % des sondés de la catégorie des 18-34 ans se déclarent auto-réparateurs lorsque la proportion tombe à 18 % pour la catégorie des 55 ans et plus.

Preuve que le do-it est à portée de tous : plus de 56 % se déclarent débutants ; 39 % se disent confirmés et seulement 5 % experts. Aussi n’est-il pas surprenant de constater que les opérations les plus couramment effectuées par les auto-réparateurs sont des prestations d’entretien courant parmi les plus simples : 71 % ont en effet déclaré avoir réalisé une opération d’entretien courant (type vidange, remplacement de balais d’essuie-glaces, mise à niveau de liquides ou remplacement de filtres). 46 % déclarent avoir réparé ou remplacé une roue suite à une crevaison. Cependant, 34 % ont déclaré le remplacement d’une pièce d’usure (plaquettes de frein, embrayage, amortisseurs ou échappement) et 11 % une intervention suite à une panne…

Loisir promis à un bel avenir

Selon le baromètre Oscaro, l’auto-réparation se conjugue avec la notion de partage car 54 % des sondés ont ainsi déclaré avoir effectué leur réparation en famille (35 %), avec un ami (22 %) ou un voisin (7 %). La notion d’entraide est importante, et la recherche d’informations et de conseils s’opère avant tout dans le cercle familial et de proches (46 % des auto-réparateurs se sont formés par ce biais), avant que les infos disponibles sur le web ne prennent le relais.

«On peut noter ici une complémentarité dans les sources d’informations pour les auto-réparateurs», ajoute jan Löning pour qui le développement de services d’information sur le site Oscaro est un vecteur de développement des ventes dans la mesure où ils rendent possible une intervention a priori complexe pour l'internaute automobiliste. Et dans la pratique quotidienne de l’auto-réparation, la communauté en ligne (tutoriels, forums et réseaux sociaux), devient la source d’information de référence pour le do-iteur : 49 % des do-iteurs consultent régulièrement des conseils de la communauté en ligne afin de réaliser l’entretien de leur véhicule.

Autre enseignement de ce baromètre, si l’auto-réparateur intervient lui-même son véhicule avant tout afin de réaliser de substantielles économies sur l’entretien de son véhicule (pour 65 % des débutants), une part importante des automobilistes sondés considère l’auto-réparation comme un loisir (30 % pour les sondés se déclarant confirmés) – et même pour certains une passion : de 5 % chez les débutants, cette part passe à 28 % chez les confirmés.

Ils en tirent même, au fur et à mesure de leur progression dans leurs connaissances en mécanique, une certaine fierté : 26 % chez les débutants et 38 % chez les confirmés. Aussi, ils sont 49 % à déclarer souhaiter aller plus loin et intensifier leur pratique de l’auto-réparation. A noter : cette proportion passe à 61 % lorsque l’on isole la classe des 18-34 ans.

L’auto-réparation semble donc avoir de beaux jours devant elle : outre la volonté des ''convertis'' de poursuivre l’aventure et pour certains d’intensifier la pratique, le baromètre révèle également que 19 % des non auto-réparateurs envisagent de se lancer à l’avenir…

Des chiffres qui interpellent

Il n’en demeure pas moins que certaines valeurs dévoilées dans ce premier baromètre posent question, voire laissent sceptique.

Comment en effet imaginer que le do-it concerne 28 % des automobilistes à l’heure où la technologie galopante des véhicules impose des connaissances solides pour «mettre les mains dans le cambouis» ? Certes, l’acception particulièrement large du terme d’auto-réparateur (avoir changé ses balais d’essuie-glaces ou effectué une mise à niveau d’un liquide – quel qu’il soit : huile ou liquide lave-glaces, au moins une fois durant les 24 derniers mois suffit à répondre à la définition d’auto-réparateur selon Oscaro) permet potentiellement à tout automobiliste d’entrer dans cette catégorie.

Certes aussi, le cœur de cible du site marchand -des véhicules de 10 à 15 ans- ne nécessite pas d’outil de diagnostic pour une simple vidange suite à un changement de filtre, la première famille de produits les plus vendus sur Oscaro, devant les balais d’essuie-glaces et les plaquettes de frein. Mais le chiffre laisse songeur, et a de quoi angoisser les professionnels de l’entretien-réparation !

Reste que si un petit tiers des automobilistes réalisaient eux-mêmes l’entretien de leur auto, l’érosion du nombre d’entrées atelier ces dernières années, plus pragmatiquement attribué à une fiabilité en hausse des véhicules associée à des pas d’entretien plus importants, aurait été à n’en pas douter autrement plus marquée. Et le nombre de réparateurs aurait drastiquement baissé, ce qui n’est pas le cas.

Comment, ensuite, considérer que 40 % des auto-réparateurs soient des auto-réparatrices ? Là encore, la définition extensible de do-iteur pour Oscaro peut en partie expliquer ce chiffre. Mais ce n’est pas faire injure à la gent féminine que de douter de cette proportion.

Comment, enfin, comprendre l’absence de réponse quant au mix-produit des ventes de filtres du site marchand ? Si ce type de pièces truste la première marche chez Oscaro en termes de vente, on n’aura pas su s’il s’agissait de filtres d’habitacle (faciles, voire très faciles à remplacer), de filtres à air, de filtres à huile (qui impliquent une vidange et donc plus de ''bricolage'') ou des filtres à carburants. Ceci aurait pourtant permis d’en savoir un peu plus sur le profil de l’auto-réparateur, et de ses connaissances en mécanique…

Oscaro centré sur l’automobiliste

Au-delà des chiffres parfois discutables, cette première communication officielle du groupe après son rachat aura au moins eu la vertu de clarifier certains points. D’abord, montrer en interne comme à la concurrence que PHE n’entend pas opérer de mélange des genres. Oscaro est et reste un site marchand grand public, et ne se focalise que sur cette cible de clientèle (voire notre article «Découvrez l’Oscaro tout nouveau, tout beau…»). «Le marché continue de croître, assure le nouveau directeur général. Et le potentiel de croissance est aujourd’hui matérialisé par les 72 % d’automobilistes qui, pour une raison ou pour une autre, ne se sont pas encore lancé dans l’auto-réparation.»

Si cela pourrait possiblement calmer certaines velléités tenaces de distributeurs traditionnels sous panneau Autodistribution, cela souligne aussi la différence de stratégie avec un concurrent comme Mister Auto, lequel drague aujourd’hui très ouvertement les réparateurs avec son offre pro dédiée. Chez PHE, la logique est donc claire : aux auto-réparateurs le do it yourself via Oscaro, aux autres automobilistes la délégation à des pros de la réparation auto…

Ensuite, le pure-player n’envisage toujours pas -en tout cas pour l’heure- de mettre en place un réseau de partenaires monteurs et ce, malgré une offre pneumatiques lancée quelques semaines avant son rachat par PHE. Si l’offre reste bel et bien au portefeuille, pas question en effet de voir Oscaro marcher plus clairement sur les plates-bandes des réparateurs sous enseigne PHE avec des partenaires pros de divers horizons. Et donc possiblement générateurs d’inutiles tensions.

Jérémie Morvan
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