Nexus ne se résigne pas à la crise

Jean-Marc Pierret
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Le 6ème Business Forum de Nexus Automotive International s’est tenu cette semaine à Amsterdam. Alors que tous les rassemblements de la profession sont reportés ou annulés les uns après les autres, le dernier-né des groupements d’achats s’est distingué par son refus assumé de la sinistrose virale.
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«Maintenir cette convention, en prenant toutes les mesures de précaution possibles, s’inscrit dans notre volonté de trouver un point d’équilibre entre la sécurité des personnes et le besoin de se rencontrer pour faire avancer l’économie. Nous n’acceptons pas l’idée que la crise sanitaire doive inéluctablement muter en une crise économique que nous devrions subir et observer, confinés dans nos bureaux». C’est par ces mots forts que Gaël Escribe, CEO de Nexus Automotive International, a accueilli les 400 participants à son Business Forum annuel.

Communauté forte
400 personnes présentes malgré le Covid-19 (cliquez sur l'image pour l'agrandir). 400 personnes présentes malgré le Covid-19 (cliquez sur l'image pour l'agrandir).

Il regrette bien sûr d’avoir été contraint d’inviter «nos amis chinois et italiens à ne pas nous rejoindre. Même si nous déplorons les annulations de certains membres ou fournisseurs touchés par une interdiction formelle de voyager, nous sommes parvenus à réunir 400 participants, soit plus de la moitié de l’effectif initialement prévu».

Le Covid-19 était évidemment de toutes les conversations, lui qui a contaminé par annulations ou reports tant de rendez-vous de ce printemps : salons professionnels divers, convention Temot International, convention AD International, réunion annuelle du Clepa à Bruxelles ou encore Automechanika Istanbul.

Alors comment avoir réussi à maintenir cet événement ? «Au-delà d’une entreprise, nous avons créé depuis une véritable communauté Nexus. C’est par gros temps que l’on juge les marins, je suis particulièrement fier de notre communauté».

 

La croissance pour antidote à la crise
Thierry Mugnier, CFO et CIO de Nexus. Thierry Mugnier, CFO et CIO de Nexus.

Mais doit-on parler de crise ? «Nous avons terminé l’année 2019 à 27,4 milliards d’euros de CA consolidé de nos membres», précise Thierry Mugnier, CFO et CIO, en charge des finances et de l’innovation. Avec les fournisseurs référencés, notre croissance a atteint 4,2 % à périmètre constant l’an dernier». Des chiffres jugés «satisfaisants» mais qui cachent un «fort potentiel de croissance compte tenu de la part des achats majoritairement toujours effectuée hors des 84 fournisseurs référencés», poursuit Thierry Mugnier.

Pour autant, les nuages qui s’amoncellent au-dessus de l’après-vente en Europe sont bien réels. «Notre ADN est entrepreneurial, nos adhérents européens sont souvent des "mid-cap", des sociétés de taille moyenne, agiles par définition. Elles vont bien mieux résister à la crise que des mastodontes pilotés verticalement, un peu comme Leclerc qui est plus adaptable que Carrefour, plus gros et bien plus centralisé», illustre Gaël.

Hybrider distribution, réparation et mobilité

Le cabinet McKinsey, présent lors de la convention, prévoit 2,1 % de croissance annuelle en valeur pour l’aftermarket en Europe dans les 10 prochaines années. Cette croissance sera essentiellement portée par les nouvelles technologies comme l’électrification (+24 %) ou les ADAS (+25 %).

Nexus se met d’ores et déjà en ordre de bataille pour permettre à ses adhérents de faire face à ces enjeux technologiques, notamment grâce à la création fin 2019 du fonds d’investissement Mobilion, basé en Israël, dédié à la «Smart Mobility».

L’innovation était d’ailleurs au cœur de cette convention, avec un village dédié à l’innovation où une dizaine de startups, comme Renovatio consacrée aux pièces de véhicules classiques, ou encore Marketparts.com, place de marché mondiale dédiée aux distributeurs, exposaient leur savoir-faire.

«Nous sommes les seuls à investir de cette manière pour le moment. Ni les consolideurs (LKQ, GPC…) ni les autres groupement internationaux ne s’inscrivent encore dans cette dynamique», regrette Gaël Escribe. Des groupements qui pourraient à leur tour, selon lui, se consolider : «Les investissements nécessaires pour assurer une présence mondiale et conduire cette transformation digitale profonde sont colossaux. Ils risquent de pousser certaines organisations à se rapprocher». Nous n’en saurons pas plus…

Responsabilité sociale et environnementale

Autre enjeu capital : la lutte contre le changement climatique, pour laquelle Nexus s’est engagé avec l’initiatives Circular Car du Forum Économique Mondial. Un enjeu citoyen mais également économique : «Le réemploi sous toutes ses formes est encore loin d’avoir atteint son potentiel en Europe quand on le compare à ce qu’il représente en Amérique du Nord», souligne le CEO de Nexus.

Enfin, Nexus a officialisé le projet Talents4IAM, qui regroupe groupements internationaux, distributeurs et équipementiers autour d’une problématique jugée critique : «Attirer les jeunes talents dans l’aftermarket, faire mieux connaître notre secteur et permettre aux techniciens comme aux diplômés d’université de se projeter dans une industrie trop méconnue qui a beaucoup à offrir». La question de l’attractivité des métiers de l’après-vente ne se pose pas seulement dans les ateliers

En France, bientôt du nouveau

La France est un marché important pour Nexus. Elle constitue en outre une illustration forte de son approche multicanale : distribution traditionnelle avec ID Rechange, Apprau ou Alternative Autoparts ; pièces de carrosserie aveciel ; centre auto avec Feu Vert et réparation rapide avec Speedy. Un marché où Nexus va se doter dans les semaines qui viennent d’une structure destinée à faire de cet ensemble le troisième pilier du marché français, face à PHE et Alliance Automotive Group. Sans doute une nécessité tant, sur le terrain, les positions des uns et des autres apparaissent parfois divergentes, voire contradictoires.

L’année 2020 s’annonce donc à nouveau riche pour le groupement qui assume sans complexe vouloir «être le leader de la transformation de l’aftermarket». Le seul virus que Nexus Automotive international semble avoir attrapé, c’est celui de la conquête…

L'équipe Nexus. L'équipe Nexus.
Jean-Marc Pierret
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