PHE (Autodistribution): « nous sortirons plus forts et plus unis de l’épreuve »

Jean-Marc Pierret
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Autodistribution a tenu vendredi à détailler le dispositif déployé dans toute la France pour rester malgré tout à la disposition des marchés VL et PL. Une décision réaffirmée dès les premières heures du confinement à tous les niveaux de l'entreprise, ont souligné devant la presse Stéphane Antiglio et l'état-major du groupe. Et ce, en dépit d'une activité qui s'est effondrée jusqu'à -70% dans les régions les plus sinistrées...
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Dans une conférence de presse téléphonique, PHE (Autodistribution) a tenu à revenir en détail vendredi sur le dispositif déployé depuis une semaine déjà par Autodistribution (voir «Stéphane Antiglio, Pdt de PHE (Autodistribution) : une “entreprise citoyenne” malgré le confinement)». Objectifs : détailler la présence opérationnelle du groupe sur l'ensemble du territoire et quantifier également les effets du confinement sur les activités après-vente des clients et réseaux réparateurs du groupe, qui sont très variables en fonction des marchés, des régions et du type de pièces, concurrencées ou captives (voir encadré à la fin de cet article).

Pour l'occasion, quasiment tout l'état-major de PHE était sur le pont. Stéphane Antiglio bien sûr, mais aussi Jérémy de Brabant (DG de PHE), Frédéric Gaillard (DG distribution VL), Guillaume Faurès (DG activités Poids lourds), Laurent Desrouffet (DG activités et réseaux VL)... Sans oublier la présence de Thierry Talbot, patron d'Autodistribution Talbot. Pour l'occasion, il représentait des distributeurs indépendants adhérents d'Autodistribution et a tenu à le souligner : «les distributeurs Autodistribution du réseau indépendant ne se sont pas alignés par principe sur cette volonté. C'est une décision aussi volontaire que naturelle».

Assurer la mobilité des millions de visibles et d'invisibles

«Nous voulons et devons être utiles, contribuer à la vie économique du pays», a martelé Stéphane Antiglio tout au long de cette session d'information. Il a rappelé le rôle citoyen que tout le groupe PHE a voulu jouer «avant et depuis le confinement» dans la réservation des mobilités essentielles au maintien des fonctions essentielles au fonctionnement du pays.

«Bien sûr, nous pensons tous spontanément aux médecins, urgentistes, pompiers, infirmières, soignants, aides-soignants ou forces de l'ordre qui tous doivent impérativement pouvoir continuer à circuler», énumère-t-il. «Mais les besoins urgents sont beaucoup plus vastes, surtout à l'heure où les transports publics se restreignent. Il faut aider à garantir la mobilité des denrées alimentaires et donc, des transporteurs, des livreurs comme de leurs chauffeurs, des taxis et des VTC, des caissiers et caissières, des artisans essentiels (boulangers, plombiers, électriciens...).

Il rappelle aussi les cohortes de personnes qui, elles aussi, doivent pouvoir rester en activité. Tous ceux qui, peur au ventre ou pas, doivent pratiquer physiquement les métiers et les maintenances essentielles au fonctionnement du pays : «Ce sont des millions d'invisibles qui doivent continuer à rallier impérativement, jour et nuit, les centres logistiques, les centrales électriques, les sites de production agricole, les blanchisseries industrielles des hôpitaux et des Ephad...». Des activités souvent accessibles seulement en automobile...

Protéger les collaborateurs

Un soutien d'autant plus précieux que la situation s'annonce durable, complète Jérémy de Brabant, en soulignant l'engagement volontaire des salariés des centres Autodistribution. «Notre premier réflexe a été de protéger nos salariés, de les informer sur les gestes barrière et d'organiser les sites et les livraisons afin de limiter les risques au maximum.»

Les personnes fragiles ont donc été systématiquement écartées de toute activité et envoyées en chômage partiel chez elles. Pour les autres -quelque 2 000 collaborateurs encore actifs- «nous nous sommes appuyés sur le volontariat en expliquant clairement notre volonté de rester ouverts et les raisons qui justifiaient notre position. L'assentiment a été massif». Il souligne aussi le rôle décisif des instances représentatives du personnel qui ont partout accompagné la démarche.

Parallèlement et quotidiennement, tout le groupe «partage les meilleures pratiques mises en place partout dans les entreprises pour renforcer continuellement la protection de l'ensemble des salariés», précisent Frédéric Gaillard et Guillaume Faurès.

Stocks et distributeurs disponibles

En amont, toutes les plateformes nationales et régionales restent en activité : Logistéo-Réau, ACR, Cora, Doyen, Bremstar pour le PL... «Nous avons habituellement 3 à 4 mois de stocks. Depuis plusieurs semaines, nous avons surstocké en prévision du risque d'aggravation de l'épidémie, détaille S. Antiglio. La question de l'approvisionnement ne se pose donc pas et se posera d'autant moins dans la durée que l'activité baissant, les disponibilités vont s'étendre dans le temps».

En aval, il a bien sûr fallu faire avec les défections forcées de quelques centres Autodistribution, tout en adaptant constamment les effectifs aux collaborateurs disponibles comme aux réalités variables des demandes selon les régions. «Mais nous nous organisons entre centres pour continuer à livrer sur toutes les zones», souligne F. Gaillard. C'est d'autant plus précieux pour les transporteurs, dont le nombre de km quotidiennement parcourus suscite d'ores et déjà des besoins importants.

«À Toulouse par exemple, un centre a dû fermer. Mais le second restera ouvert. Dans les conditions actuelles, les transporteurs sont prêts à faire des kilomètres en plus dès lors qu'ils ont la garantie qu'une maintenance essentielle peut être faite», explique Guillaume Faurès. Il souligne «que le réseau PL est ouvert à plus de 70%, distributeurs comme ateliers». Il félicite en passant Géodis qui a su compenser beaucoup de défections forcées parmi les transporteurs habituellement utilisés par les activités de PHE.

Servir, pas “se servir”

Bien sûr, toute l'équipe d'Autodistribution souligne les retours reconnaissants que les professionnels manifestent envers cet acharnement à rester au service du marché. Mais pour S. Antiglio, pas question d'en tirer gloriole, encore moins d'en faire une communication plus vaste. «Nous le faisons à notre échelle, humblement, pour servir. Pas pour d'autres motifs». Et la décision a été prise en connaissance de cause : «Implantés en Italie, nous avons compris depuis plusieurs semaines vers quel contexte et quelles difficultés organisationnelles nous allions en France».

L'occasion toutefois pour lui de démentir une nouvelle fois les accusations de “mise en danger des salariés” afin de pouvoir à tout prix “faire du profit”. «Nous ne sommes pas ouverts pour faire du business. Et sincèrement, il serait beaucoup plus confortable et bien moins hasardeux de tout fermer et d'attendre comme d'autres l'ont fait, souligne-t-il. Nous gérons évidemment au plus précis possible l'équilibre des charges en fonction de baisses d'activités très erratiques. Mais il est facile de comprendre que garder sur le pont tant de collaborateurs, continuer à assumer des coûts de flottes, de carburants, de livraisons, avec un marché qui a baissé jusqu'à -70% localement, ne peut pas être une option favorisant nos profits, loin s'en faut».

Il salue à ce titre la mobilisation des entreprises fédérées par le groupe. «C'est d'autant plus remarquable qu'elles assument ainsi des coûts supplémentaires et un réel risque financier sans savoir encore clairement quand on sortira des turbulences, ni dans quelles conditions l’État les accompagnera dans cet effort».

Réamorçage du marché en cours

Comment voient-il la situation générale évoluer ? «Tout le pays a été pris de cours», souligne Stéphane Antiglio. Mais il croit à une régulation rapide.

«Nous commençons à voir des concessionnaires rouvrir. Les centres de contrôle technique PL sont environ 60% à se remettre en activité. Des transporteurs aussi réamorcent leurs entreprises. On voit déjà d'autres acteurs de notre marché rétropédaler et se remettre en position de servir le marché. En ce qui nous concerne, nous n'aurons jamais cessé de pédaler dans le sens de l'intérêt bien compris du pays. Nous sortirons plus forts et plus unis de cette période aussi difficile qu'inédite».

 

Laurent Desrouffet : Des réparateurs VP «solidaires et tiraillés»

-20% en début de confinement, puis -35%, -50%, -70% parfois... En VL comme en PL, Autodistribution adapte matin et soir son organisation à un marché qui dévisse. Toutes les régions ne sont pas égales : l'Est ou l'Ile de France se sont bien sûr plus violemment effondrées que d'autres régions. Et bien sûr, Autodistribution n'a pas en stock toutes les pièces demandées. C'est tout particulièrement le cas pour les pièces de carrosserie. Malgré Cora, ses stocks et ses multiples sourcing, beaucoup de pièces captives restent strictement disponibles dans les réseaux constructeurs qui eux aussi, souffrent de ruptures d'approvisionnement et de stocks locaux fermés.

Cela touche évidemment le réseau de carrossiers AD, mais aussi les enseignes de vitrage du groupe comme Mondial Pare-Brise ou Glass Auto Service. Pour le vitrage, le problème est d'ailleurs double : il faut évidemment compter avec des disponibilités variables, mais aussi faire avec la raréfaction des transporteurs dont ceux qui restent disponibles ne sont pas nécessairement spécialisés dans le délicat transport du verre, explique Laurent Desrouffet.

Le DG des réseaux de réparation VL nous éclaire sur les dures réalités vécues par le tissu des réparateurs. «Tous ne sont pas ouverts, mais tous sont en veille», explique-t-il. Il estime que 40% des adhérents AD, AutoPrimo ou que les franchisés Mondial Pare-Brise restent encore ouverts. Et «les autres affichent leur numéros témléphoniques pour pouvoir accompagner les demandes urgentes».

Ils sont là et restent proches de leurs clients automobilistes, souligne-t-il. Mais ils sont aussi «à la fois solidaires et tiraillés. Ils ont compris l'urgence, ils sont à disposition, mais ils doivent aussi trouver la meilleure façon d'agir en tenant compte des inquiétudes des salariés et des incertitudes qui subsistent dans les préconisations gouvernementales. Sans oublier les interprétations localement très variables des forces de l'ordre», énumère-t-il.

Une évidence dont les quelque 170 commentaires de réparateurs à nos articles nous ont déjà amplement convaincus : les peurs légitimes et les inévitables cacophonies font très mauvais ménage avec les entreprises de réparation...

Jean-Marc Pierret
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