Oscaro, symptôme d’une fracture sanitaire entre cadres et employés?

Jean-Marc Pierret
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Ambiance tendue dans les entrepôts d'Oscaro, où les salariés s'inquiètent d'avoir à manipuler bacs et outils dans un environnement qu'ils considèrent comme insuffisamment sécurisé d'un point de vue sanitaire. Une illustration des tensions croissantes entre cadres au télétravail et salariés obligés d'être physiquement présents. Et surtout, du dilemme auquel beaucoup de chefs d'entreprises sont actuellement confrontés...
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Vendredi dernier, notre confrère Le parisien se faisait l'écho de tensions sociales chez Oscaro. Depuis mercredi en effet, le toujours leader de la pièce en ligne est confronté à une demande de droit de retrait d'une partie des salariés de ses entrepôts d'Argenteuil et de Cergy-Pontoise.

Des représentants du personnel considèrent que l'entreprise fait prendre des risques à ceux qui œuvrent sur les sites concernés, arguant que les conditions sanitaires de sécurisation du site, des bacs et des outils manipulés seraient insuffisantes. Le tout sur fond d'inégalité de traitement entre des cadres sécurisés par le télétravail et les autres, contraints de prendre plus de risques.

Tensions “cols blancs/cols bleus”

Ce mouvement illustre les tensions intra-entreprises qui se font plus largement jour depuis le début du confinement entre les cadres “à l'abri” de fait chez eux et les autres, contraints d'être toujours physiquement présents à leurs postes de travail et de se déplacer pour s'y rendre.

L'industrie est logiquement touchée par la même question, comme on l'a vu chez l'équipementier AML Systems où une plainte pour «mise en danger de la vie d'autrui» a été déposée. Mais les services aussi doivent faire face à de telles interrogations. Beaucoup de commentaires reçus sur notre site confirment l'incompréhension affichée par des salariés qui s'appuient en cela sur la contradiction des messages gouvernementaux appelant au confinement le plus strict et à la continuation des activités essentielles, dont les services de l'automobile font partie.

Le risque des chefs d'entreprises

Un dilemme de plus pour les chefs d'entreprise qui s'en seraient bien passés en ces temps de grandes incertitudes. Car ils ont bien compris qu'ils sont certes autorisés à ouvrir, mais qu'ils ne sont nullement “obligés” de le faire. L'option reste donc à leur entière -et seule- responsabilité. Une nuance inquiétante pour eux qui sont de fait appelés à accroître ainsi les risques pris par leurs collaborateurs. Avec à la clé un basculement dans un vide juridique, pris à leurs risques et périls humains comme judiciaires.

«Rien ne dit qu'on ne viendra pas nous chercher en responsabilité pénale si un drame devait subvenir parmi les collaborateurs que nous sommes appelés à maintenir en activité», souligne un dépanneur-réparateur. Surtout que l'intervention dans des véhicules de personnels soignants est particulièrement anxiogène : comment assurer une pleine sécurité sanitaire quand il faut toucher le volant, le levier de vitesse et les clés de personnes particulièrement exposées à la contamination, disent en substance nos lecteurs ? A fortiori dans le cadre d'une pénurie de masques, argument là encore souvent avancé ?

Une clarification est nécessaire, à laquelle le gouvernement devrait peut-être bien réfléchir. Au moins en intégrant une priorisation de kits de protection vers les professionnels de l'après-vente dès que seront effectifs les réapprovisionnements massifs en masques chirurgicaux et anti-viraux, annoncés comme imminents...

 

Offre solidaire d'Oscaro aux personnels soignants
Jan Löning, DG d'Oscaro. Jan Löning, DG d'Oscaro.

Oscaro vient d'annoncer offrir 20% de réduction sur l’intégralité de son site Internet aux personnels soignants, sur présentation d’un justificatif d’exercice de fonction. Chronopost, partenaire d’Oscaro, S'associe à la démarche en garantissant pour sa part une livraison express des colis Oscaro auxdits personnels soignants.

«Il nous paraît indispensable que ceux qui sont en première ligne pour lutter contre l’épidémie puissent se déplacer de manière optimale, indique Jan Löning, Directeur Général d’Oscaro. Ils sont les premiers garants de l’efficacité de la lutte contre l’épidémie et doivent pouvoir faire face à de potentiels soucis de déplacement liés à leur véhicule dans les meilleurs délais et dans les meilleures conditions. Nous nous devons de leur offrir des solutions adaptées, et les équipes d’Oscaro sont mobilisées en ce sens.» 

Jean-Marc Pierret
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