Scenarii après-Covid-19 (suite): les prévisions italiennes post-crise

Jean-Marc Pierret
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Un futur possible de l'après-crise vient de franchir les Alpes. Marc Aguettaz, directeur du GiPA Italie, a publié une simulation fondée sur un scenario de sortie de crise pour l'après-vente transalpine et mis à jour le 3 avril. L'année transalpine est certes foutue : elle finira à près de -20% si comme la simulation le pense, la fin du confinement intervenait début mai. Mais l'activité devrait reprendre à 80% dès juin pour tutoyer dès septembre les chiffres enregistrés en 2019. On se console comme on peut...
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Suite de notre série d'articles sur les scenarii post-crise Covid-19 (voir aussi notre premier article «Vers un retour en grâce des voix industrielles automobiles ?»)

Bien sûr, les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Les augures n'engagent donc que ceux qui les croient. Mais le GiPA n'est toutefois pas un perdreau de l'année et s'est spécialisé depuis des décennies dans la seule après-vente automobile. Et il est solidement présent en Italie depuis de nombreuses années. Cette vision a donc la crédibilité de l'expérience.

Pas de surprise hélas concernant l'impact catastrophique du confinement italien, qui nous devance d'une semaine en la matière. On voit que si l'inertie des ateliers en mars a pu sauver quelques meubles, un avril totalement confiné et corrigé d'un fond d'interventions urgentes, est vu par la société d'études à -92,1%. Autant dire des miettes dont peu des 50 000 réparateurs italiens réussiront à se nourrir. Et selon cette projection, l'année 2020 se terminera par une très problématique moyenne de -18,3%, «soit 4 milliards de chiffre d'affaires atelier évaporés», calcule Marc Aguettaz, directeur de GiPA Italie. Il va falloir bosser son apnée financière...

Mais la suite reste plutôt porteuse d'espoir, d'autant qu'il s'agit, pour l'instant au moins, de la simulation la plus “conservatrice” émise par le GiPA qui ne croit pas à un retour immédiat à la normale. Il ne tranche pas entre deux options possibles : "Les consommateurs seront-ils ankylosés durablement en sortie de confinement ou l'envie de se déplacer, de revoir la famille et de profiter d'une mobilité retrouvée prendra-t-elle le pas ?», s'interroge Marc Aguettaz...

Pas de compensation des semaines perdues, mais rebond tout de même

Si mai devait être la sortie de confinement, la société d'études voit tout de même le marché rebondir immédiatement. Mollement certes par rapport à mai 2019, dont il ne pourrait espérer plus de 50% en 2020. Mais néanmoins nettement par rapport à ce sinistre avril de déconfiture totale. «Tous les clients ne se précipiteront pas prioritairement dans les ateliers, explique M. Aguettaz ; mais beaucoup de véhicules auront besoin d'une intervention. Batteries à plat, injecteurs encrassés par la faune et la flore qui se seront développées dans les réservoirs après de longues semaines d'immobilisation, pneus dégonflés dont l'usure pré-crise imposera le remplacement...» 

Au-delà d'un pas trop moche mois de mai, le GiPA pense même que l'activité atelier s'inscrira dans un rebond durable, puisqu'il voit juin à quelque 80% des performances du même mois 2019 et juillet, proche des 95%. Août, certes comme d'habitude très affaibli par les congés estivaux, serait même meilleur que l'année précédente !

Mais c'est la fin de l'année qui achève sinon de rassurer, au moins de rendre un peu espoir : les 5 derniers mois de l'année italienne tutoieraient chacun les performances 2019...

Ce scenario est toutefois fondé sur une fin totale du confinement. Entendez avec une liberté de circuler restaurée dans son entier fin avril, «même si tout le monde ne se précipitera pas sur les routes et a fortiori, chez son réparateur», souligne Marc Aguettaz. Or on sait qu'en France, très probablement selon les dernières interventions du 1er ministre, le déconfinement sera progressif, tassant d'autant une tendance similaire si elle devait se dupliquer sur le marché français.

Mais il reste infiniment prudent sur l'impact que la crise pourra avoir sur une population de petits réparateurs transalpins majoritairement sous-capitalisés (voir notre précédent article) : «Les entreprises sont comme les moteurs : il n'est pas bon de tourner au ralenti trop longtemps...»

Principales composantes du marché après-vente italien
  • Parcs : 33 millions de VP, 3 millions de VUL et 530 000 VI
  • Âge moyen VP : 9,7 ans

Total réparateurs:

  • MRA : 18 000
  • RA2 : 8 500
  • Carrossiers : 8 000, dont 2 000 RA2
  • Pneumaticiens : 5 400
  • RA1 : 1 600 raisons sociales (3 500 contrats de concession) pour 2 700 ateliers
  • Centres auto : 40
  • Spécialistes : 33
Jean-Marc Pierret
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