Distribution de masques : la Feda n’a pas donné d’exclusivité à AAG

Romain Thirion
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Le 22 avril, la Feda disait avoir choisi de s'appuyer sur l'un des principaux groupements de distribution de pièces et d'équipements auto, Alliance Automotive Group (AAG), pour la livraison d'un million de masques chirurgicaux de protection, devant permettre aux distributeurs et réparateurs de reprendre leur activité dans le respect des conditions sanitaires. Mais le lendemain, Alain Landec, son président, a du démentir tout accord d'exclusivité avec le groupement...
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Les professionnels de la distribution de pièces de rechange et d'équipements de garage auront bientôt une source privilégiée d'approvisionnement en masques de protection, afin de poursuivre leur activité dans le respect des mesures barrières contre la propagation du Covid-19, et permettre à leurs clients d'en faire de même.

Les masques aussi font parfois tousser...

La Feda, qui annonçait ce mercredi 22 avril avoir passé un accord avec le groupement Alliance Automotive Group pour la livraison d'un million de masques chirurgicaux commandés «auprès d’une société française disposant de stocks importants sur le territoire national», a dû revoir sa communication hier, jeudi 23 avril. Car visiblement, il y a des cas où les masques de protection eux-mêmes font tousser...

Contrairement à ce qui avait été dit, ce n'est pas uniquement le groupement de distribution qui procédera à la livraison desdits masques via ses 1 100 magasins adhérents et filiales, sous enseignes Groupauto, Precisium, Partner’s, Gefauto, G-Truck et MP-Truck. Alain Landec, président de la Feda, a dû y aller de sa propre plume pour calmer l'orage qui commençait à se former au-dessus de la tête de l'organisation professionnelle. «La Feda n’a conclu aucun accord d’exclusivité de distribution, affirme finalement le dirigeant. Aucun groupement ou adhérent ne peut se prévaloir d’avoir un accord particulier avec la Feda ni donc s’arroger le droit d’une distribution exclusive auprès de la profession.»

Et Alain Landec de poursuivre. «La Feda a effectué un long travail de sourcing afin d’identifier l’entreprise la plus à même de fournir massivement des masques de qualité en un temps réduit, explique-t-il. Ce fournisseur a été validé auprès d’organismes ayant déjà traités avec celui-ci avant d’être proposé aux membres de la Feda. Tous les membres de la Feda peuvent se sourcer auprès de ce fournisseur référencé et approvisionner leurs adhérents et clients dans le cadre de leurs relations commerciales habituelles. La Feda précise que cette offre s’adresse à l’ensemble de ses adhérents sans aucune distinction, à des conditions strictement identiques pour le bénéfice des professionnels de la distribution automobile. Dans ce cadre, plusieurs adhérents ont l’intention de passer commande.»

La Feda fait le choix de masques chirurgicaux

Selon le dirigeant syndical, l'organisation professionnelle tient là «uniquement son rôle de facilitateur, afin d’aider du mieux possible l’ensemble de ses entreprises à faire face à la crise du Covid-19. En aucun cas, la Feda ne s’est portée acquéreur de ces masques. Désormais, il appartient à chaque organisation adhérente intéressée d’entrer en contact avec le sourcing et de traiter avec lui aux conditions négociées par la Feda». Ce sont un million de masques, autant que le nombre de masques commandés, de son côté, par le CNPA (qui, lui, s'appuie officiellement sur Autodistribution pour assurer leur distribution), que la Feda a négociés auprès de son fournisseur.

A cette différence près que ce ne sont pas des masques non-sanitaires que la Feda a commandé, mais bien des masques chirurgicaux, jusqu'ici réservés principalement aux personnels de santé... «Ces masques chirurgicaux de catégorie I sont des dispositifs médicaux répondant à la directive européenne 93/42/CEE du 14 juin 1993, précise la Feda. Ces masques de type I répondent à la norme EN 14683 : 2019. Cela signifie [qu'ils] permettent de réduire le risque de propagation du virus. [Ils] sont composés de 3 couches de polypropylène en non tissé destinés à être utilisés dans des salles d’opération ou des établissements de santé.»

Combien de commandes croisées de la part des pros ?

A l'heure ou les recommandations des autorités de santé se dirigent petit-à-petit vers un port du masque obligatoire à partir du 11 mai prochain, date de début du déconfinement, les réparateurs sont donc désormais confrontés à un choix qui n'est pas évident : saisir l'opportunité de se fournir en masques chirurgicaux à usage unique, en proie à la pénurie il y a encore quelques semaines mais dont les capacités de filtration sont éprouvées, et faire le choix de la durabilité avec des masques non-sanitaires réutilisables, eux aussi de catégorie I et qui ont reçu l'homologation de la Direction générale des armées (DGA). Cependant, en l'état actuel des choses, ni le CNPA, ni la Feda n'ont été en mesure d'avancer une date précise à laquelle la distribution desdits masques va commencer...

Les deux fédérations professionnelles ont cependant affirmé vouloir permettre aux professionnels de préparer le déconfinement du 11 mai prochain avec leur première livraison de masques. Face à cette incertitude, qui conditionne fortement la possibilité de reprendre une activité en conformité avec le respect des mesures sanitaires destinées à limiter la propagation du Covid-19, de nombreux professionnels de la filière aval pourraient être tentés de passer commande auprès de plusieurs des fournisseurs désormais validés par chacune des organisations professionnelles ayant mis en place des solutions d'approvisionnement en masques, à savoir la FFC, le CNPA et désormais la Feda...

Ceci avec le risque de diminuer d'autant le volume de masques qui pourraient permettre à d'autres professionnels de reprendre à leur tour une activité dans le respect des mesures barrières... A moins, bien sûr, que les pros ne privilégient la fédération ou le groupement de distribution dont ils sont le plus proche, mais lorsqu'il s'agit de redémarrer une activité le plus normalement possible après une interruption de presque deux mois, la fidélité joue-t-elle réellement un rôle si garantie est donnée de pouvoir rouvrir plus tôt ou, du moins, dans les temps ?

Les prochains jours devraient sans nul doute permettre au CNPA, à la FFC et à la Feda d'apporter une réponse plus précise sur la date de début de livraison.

Romain Thirion
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