Plan de relance: ne pas oublier les TPE et micro-entreprises de la branche

Jean-Marc Pierret
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On croit souvent que les TPE et micro-entreprises, ultra-majoritaires dans la branche des services de l'automobile, sont en revanche minoritaires en nombre d'emplois. C'est vrai quand on retient le seul critère administratif de salarié, mais faux quand on raisonne en emplois générés. Une réalité contre-intuitive qu'il serait bon de garder en tête dans les derniers arbitrages du plan de relance global qui s'affine en ce moment entre gouvernement et organisations professionnelles...
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Pour nous rendre compte en un clin d’œil du nombre d'entreprises impactées par la pandémie dans la filière des services de l'auto, nous avons superposé la désormais classique carte des régions plus ou moins contaminées par le Covid-19 avec la population des entreprises des services de l’auto concernées (chiffre bleu) et de leurs effectifs (chiffre rouge), données issues du «Régioscope» 2019 de l’ANFA.

Presque 500 000 emplois...
Cliquez sur le tableau pour l'agrandir (source : Régioscope 2019 de l'ANFA). Cliquez sur le tableau pour l'agrandir (source : Régioscope 2019 de l'ANFA).

Pour mémoire, la branche des services recense 13 activités (voir tableau ci-contre), soit 134 301 entreprises employant 416 027 personnes et dont l'activité a été plus ou moins vitrifiée durant deux mois par l’épidémie.

Mais à bien y regarder, on peut même porter le poids total des emplois à 491 503, dès lors que l'on ajoute logiquement le patron unique de chacune des 75 476 entreprises de 0 salarié (voir tableau ci-dessous). Selon ce calcul redressé, 248 784 personnes dépendent du destin immédiat de 128 327 structures de moins de 11 collaborateurs dans la filière des services de l'auto.

Les TPE et micro-entreprises majoritaires en tout

Et du coup, les TPE et micro-entreprises de la filière des services de l'automobile, déjà ultra-dominantes en termes de nombre d'entreprises (plus de 95% de l'ensemble), deviennent aussi majoritaires en nombre d'emplois, même d'une bien plus courte tête : 248 784 emplois générés par les moins de 11 salariés, contre 242 719 pour les 11 salariés et plus. Et ça, c'est plutôt contre-intuitif...

Pour un peu, on se demanderait presque pourquoi les critères de la représentativité n'ont pas compté un emploi pour chacune de ces entreprises de 0 salariés. Leurs patrons ne se rétribuent-ils pas d'une façon ou d'une autre ? D'accord, ce sont pas des salariés au sens administratif du terme. Mais il n'en reste pas moins qu'ils travaillent dans la filière et en vivent.

Préserver l'équilibre

On peut s'étonner dès lors que le tableau de l'ANFA les ignore presque totalement, sans leur donner en tout cas une existence dans la colonne “physique” des emplois. Ne serait-ce qu'avec au moins une astérisque et une légende, comme elle l'a d'ailleurs concédé aux centres de lavage dont le recensement n'a pu être établi. Les critères administratives ont des raisons que d'autres raisons semblent avoir voulu ignorer.

Ils sont certes bénéficiaires du fond de solidarité. Mais est-ce vraiment suffisant pour qu'ils survivent nombreux ? Si ces 75 476 entrepreneurs finissent à la rue dans une trop grande indifférence, c'est précisément là qu'on les retrouvera. Et cette fois, vraiment en chair et en os, aux probables côtés des gilets jaunes et de tous ceux qui se sentent oubliés...

Voilà au moins une bonne raison politique, pour le gouvernement, de ne pas occulter les problématiques des très petits dans le plan de relance de l'automobile qui s'affine en ce moment à Bercy notamment. Des TPE et micro-entreprises qui, dans le jeu des lobbyings, sont souvent effacés par l'ombre des plus grosses structures auxquelles on accorde la priorité en les considérant d'office -et dans ce cas, ce serait donc à tort- comme seuls foyers majeurs d'emplois...

Source: Régioscope 2019 de l'ANFA. Source : Régioscope 2019 de l'ANFA.
Jean-Marc Pierret
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