Quand TF1 se penche sur les nouvelles façons d’entretenir son véhicule

Jérémie Morvan
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L’émission Sept à Huit diffusée dimanche 22 mai s’est penchée sur les nouvelles façons d’entretenir son véhicule au meilleur coût. Un véritable memento à l’usage des «réparateurophobes»…
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Dimanche 22 mai, dans l’émission Sept à Huit diffusée sur TF1, un reportage intitulé «Internet, ateliers de réparation en libre-service : les nouveaux garages» est venu éclairer les téléspectateurs sur les ‘nouvelles’ façons de consommer l’après-vente auto : si le lieu commun des sites marchands de pièces de rechange –qui n’ont plus rien de très nouveau– a bien sûr été copieusement abordé, le reportage a levé le voile sur des services en (re)devenir qui, crise aidant, s’imposent progressivement sur le marché… Avec pour les 4 scénettes du reportage, un fil conducteur : le réparateur (surtout le concessionnaire) est définitivement trop cher !«J’ai toujours aimé les grosses voitures ; ça a commencé par une 604 Peugeot, puis après des BMW ; des Mercedes… jusqu’à celle-ci (NdlR : une Mercedes Classe S de 14 ans et 230 000 km au compteur). Je n’aime pas les petites voitures…», déclare Michel, propriétaire de la belle Allemande. «Ce n’est pas trop cher à entretenir ?» demande le journaliste. «Si... surtout si l’on va chez Mercedes ! Mais on essaie de l’entretenir soi-même pour que cela revienne moins cher.» Évoquant un claquement au niveau de la suspension qui «turlupine» le propriétaire, la voix off explique au téléspectateur de TF1 que cela lui couterait au moins 700 € de réparation chez le concessionnaire, dont 300 pour la seule pièce de rechange… Et comme payer «plein pot» n’est pas dans ses habitudes, il commande la pièce sur internet –pour 128 euros– et reçoit par la poste quelques jours plus tard un bras de suspension…
La «belle réussite» Oscaro
Le sujet des sites de vente de pièce de rechange en ligne est lancé ! «Mister-Auto, Yakarouler, Web Deal Auto… ils proposent tous des pièces détachées à des prix défiant toute concurrence. Il suffit d’entrer le type de véhicule et la pièce souhaitée», explique la voix off, qui poursuit : «Le consommateur n’avait jusqu’ici le choix qu’entre les concessionnaires ou les magasins spécialisés ; désormais 4 millions de français commandent leur pièce sur internet.»Impossible donc de passer à côté du leader du secteur, Oscaro qui, via son entrepôt de 9 000 m² situé à Gennevilliers, s’arrogerait à lui seul 60% des expéditions de pièces acheté sur le web en France ! 300 personnes expédient 25 000 journalières. Ce zoom sur le leader de la pièce en ligne n’aurait pas été complet sans son patron, Pierre-Noël Luiggi, qui «incarne l’une des plus belles réussites française du commerce en ligne» aux dires de la voix off.Relatant les premières années de déficit («j’étais très –trop- en avance», confie en toute fausse modestie Pierre-Noel Luiggi), le reportage salue donc cette belle réussite à la française qui, «grâce à des frais de distribution réduits et des marges moins élevées, vend ses pièces 40 à 60% moins chères que les concessionnaires». Exemple à l’appui : des plaquettes de frein pour Peugeot (marque Brembo) sont commercialisées 24 € sur le site marchand, contre 60 € chez PSA ! Passons rapidement sur le fait que la belle réussite à la française n’a pas encore trouver un équilibre totalement satisfaisant en matière de rentabilité. Le sujet est de toute façon grand public et l’envers du décor, il n’en sera –assez logiquement– pas fait étalage.Mais le résultat est bel et bien là : Oscaro, et tous les autres sites marchands qui ont suivi, ont permis aux bricoleurs du dimanche de faire des économies significatives sur l’entretien de leur véhicule ! «Mais on peut même en faire plus» ajoute la voix off du reportage, qui revient sur Michel, propriétaire d’une la grosse berline allemande qui “claque” : plutôt que de faire monter sa pièce achetée en ligne par un garagiste (Ils ne sont apparemment que 26% à l’accepter…), il va se débrouiller tout seul !
L’émergence des self-garages
Au regard de la réparation à effectuer sur son véhicule, il ne peut réparer devant chez lui comme il le fait habituellement ; il doit donc louer un pont dans un garage d’un «nouveau genre»… Reparéco est un garage de Seine et Marne classique, avec ses mécanos ; mais il propose aussi la location de son matériel de garage afin que les particuliers fassent eux-mêmes les réparations.Là encore, rien de révolutionnaire. Le concept de garage 'associatif' existe depuis plus de 30 ans. Tony et Jérémy, deux cousins, ont créé celui-là il y a 8 ans. «Dès le départ, on avait dans l’idée de faire quelque chose de différent par rapport à ce qui pouvait exister et tout de suite la clientèle s’est appropriée le concept», explique l’un des deux dirigeants. Un ‘concept’ qui représente environ 30% du CA… une part qui pourrait d’ailleurs monter facilement à 50% selon le patron du garage. En trois ans, deux autres sites de la même enseigne ont d’ailleurs ouvert dans le département. Il y en aura bientôt un troisième, ajoute la voix off. CQFD.Les tarifs : 16 € la première heure, puis 15 € par demi-heure. «Comme Michel, un Français sur trois (?!) met les mains dans le cambouis», annonce la voix off. Preuve que la mécanique et le do it n’est pas un domaine réservé aux hommes : «Ici, il y a même 15% de femmes» précise le reportage. Un mécano explique que les profils de clients sont très disparates. Si certains se débrouillent tout seul, d’autres n’y connaissent rien : «on les conseille pour leur vidange, le remplacement de leurs plaquettes». Les conseils sont gratuits ; si le client n’y arrive toujours pas, il faudra alors payer la main d’œuvre du professionnel.Michel, le propriétaire de la Mercedes a passé 1h30 à réparer. 31 € de location d’emplacement plus tard, le do iteur fait ses comptes : la facture totale aura été de 159 € (128 de pièce et 31 pour l’emplacement et l’outillage) quand il lui en aurait coûté «entre 600 et 800 € à la concession», estime-t-il. Si le concessionnaire de marque en prend pour son grade, aucun mot n’est dit sur la filière indépendante dont les réparateurs ont de tout temps été moins chers et souvent tout aussi compétents…
Diag et entretien depuis son canapé...
Mais en cas de problème sur les systèmes électroniques des véhicules, même les plus bricoleurs ne peuvent pas faire grand’chose. La suite du reportage est ainsi consacrée au diagnostic à domicile. Amir, ingénieur intérimaire en aéronautique s’est fait auto-entrepreneur. Il se déplace directement chez les particuliers pour effectuer un diagnostic de leur auto en bas de chez eux. Une prestation proposée à un tarif défiant là aussi toute concurrence : 40 € le diagnostic, déplacement compris ! Sans compter un (éventuel) remorquage, le diagnostic est déjà 2 fois moins cher que chez un garagiste, explique la voix off qui ignore qu'il est hélas encore trop souvent gratuit chez les réparateurs indépendants...L’auto-entrepreneur utilise une tablette portable, un boitier de connexion et un logiciel «en vente libre» (NdlR : le logo de Delphi apparaît en haut de l’écran de son tablet PC). Un investissement de 4 000 € pour l’auto-entrepreneur. Cas concret : Amir se rend chez un particulier, propriétaire d’un Renault Kangoo qui souffre d’une forte émanation de fumée à l’échappement. La panne est diagnostiquée en quelques minutes : un injecteur défectueux.«Le garagiste m’avait expliqué qu’il fallait remplacer la vanne EGR, déclare Monsieur Gossner, le propriétaire du véhicule. J’étais parti sur une réparation de 400 €. Pour rien !» «Et comme 7 français sur 10, ajoute la voix off, Monsieur Gossner se méfie beaucoup des garagistes»…Las... Une fois changé l’injecteur, récupéré sur son ancien véhicule accidenté (le même modèle)… le Renault Kangoo fume toujours autant ! «Le diagnostic électronique semble montrer ses limites», note la voix off. Enfin un motif pour faire entretenir son véhicule dans les circuits un peu plus ‘orthodoxes’ que sont les garages ? Pas vraiment : «dans les garages, c’est pareil, assène le journaliste : une panne sur trois échappe aux ordinateurs.» Décidément, que ce soit devant ou derrière la caméra, le professionnel n’a pas vraiment bonne presse…
Et l'incontournable entretien à domicile
Le reportage s’arrête enfin sur trois mécaniciens qui se sont lancés dans l’entretien à domicile. Leur entreprise, installée dans les Yvelines, Relaxauto, possède deux véhicules-atelier dont l’aménagement leur a couté 20 000 €, «soit dix fois moins qu’un vrai garage, ce qui leur permet de proposer des tarifs attractifs», explique la voix off. Un positionnement tarifaire visiblement payant puisque l’entreprise avance aujourd’hui plus d’un millier de clients réguliers.La révision d’une Dacia Sandero Stepway coûtera son propriétaire 144 €, 20 à 30% moins cher qu’un concessionnaire. Au-delà du coût de la prestation, les clients du jour semblent surtout séduits pour la facilité et le confort de ce service qui évite un déplacement jusqu’au garage. Et visiblement toutes les prestations sont promises par ces garages ambulants, même une courroie de distribution, remplacée sous les yeux de la cliente ! Relaxauto met en avant cet aspect du service : transparence et professionnalisme, «ce qui n'est pas forcément le cas pour un client qui dépose son véhicule et le récupère sans avoir vu ce que l'on a fait sous le capot de son véhicule», considère un des techniciens itinérants de l'entreprise... «Si le garage à domicile représente moins d’1% des interventions en France, c’est en train de changer», conclut la voix off.In fine, si le reportage de Sept à Huit n’apporte pas un éclairage réellement nouveau sur les services d’entretien réparation (exception faite du diagnostic à domicile), il souligne –comme plusieurs autres reportages avant lui– que les attentes des clients changent, que leur comportement évolue. Et que la recherche de 'bons plans', facilitée par internet, a non seulement ouvert l’obscur monde de l’entretien réparation et de ses tarifs aux particuliers, mais donne aussi désormais une vitrine à la cohorte de nouveaux acteurs qui détournent encore un peu plus l’automobiliste des ateliers traditionnels.Pour le meilleur comme pour le pire...
Jérémie Morvan
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