Garages solidaires Renault: une fausse bonne idée pour les réseaux?

Jean-Marc Pierret
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C’est une belle idée, ces garages solidaires que Renault a testé pendant un an, puis décidé de déployer. Mais si le réseau est fier de l'initiative, certains, en but à des retours clients agacés, ont l’impression que l’impact peut devenir contre-productif…
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Après un an d’expérimentation, Renault vient d’officialiser ses "garages solidaires". Si les divers garages associatifs sont nés avant (voir «A la découverte d'un "garage social"»), Renault restera, dans la jeune histoire de ce "social business" version après-vente, le premier constructeur à avoir décliné une approche sociale dans ses réseaux. L’offre est effectivement adaptée à l’air du temps : des pièces Renault sont fournies à prix coûtant, doublées d'une main d’œuvre ramenée à un taux horaire particulièrement bas pour un constructeur, à savoir environ 30 € de l’heure.

500 garages solidaires espérés
Le projet a été initié il y a un an dans le cadre du louable programme Mobiliz destiné à réfléchir aux façons de préserver la mobilité des personnes en difficulté (40% des 8 millions de Français pauvres sont motorisés). Il débouche aujourd'hui sur une dizaine de sites, tous volontaires et déjà opérationnels.

Les automobilistes à faibles revenus sont préalablement identifiées par l’association partenaire «voiture & co» et probablement par d’autres sources dans l'avenir afin de remplir l'objectif que s’est fixé le constructeur : répondre plus largement aux besoins. A ce titre, Renault espère finir l’année sur 100 garages solidaires et estime, selon nos confrères, qu’il lui en faudrait 500 pour mailler la France nécessiteuse.

Effet  boomerang ?
Reste à savoir quel impact peut avoir l’initiative, à court ou moyen terme, sur les réseaux au Losange. Officiellement, les RA1 et RA2 se disent fiers de l’initiative de leur marque et de leurs ateliers. Et ils le sont sincèrement, tant cette démarche sociale est indiscutable et difficilement réfutable sur le principe. Reste que sur le terrain, l’idée des garages solidaires génère pourtant déjà son lot de chocs thermiques.

Car le différentiel tarifaire entre offre sociale et offre commerciale «normale» agace parfois : «Je le craignais, c’est arrivé : quelques clients m’ont déjà fait remarquer la cherté de mes prix comparés à ceux de nos garages solidaires», se plaint un RA2 ; «Qu’est-ce que je leur réponds ? Qu’ils sont privilégiés, qu’ils n’ont pas à se plaindre, qu’ils aillent voir ailleurs si ça ne leur plaît pas et qu'ils reviennent me voir quand ils seront à la rue ? ».

Un autre RA2 se désole de l’effet «contre-productif qui nous revient comme un boomerang. Nous avions déjà une image chère, mais nous pouvions argumenter sur les investissements liées aux nouvelles technologies, aux formations coûteuses mais essentielles, etc. Et que fait Renault avec ses garages solidaires ? Pour se fabriquer une image de gentille entreprise proche des gens, il démontre que finalement, le réseau peut faire des remises monstrueuses ! D’accord, c’est pour les pauvres ; mais Renault semble avoir oublié que 75% des Français craignent de devenir SDF et qu’autant réclament des remises…»

A suivre…

Jean-Marc Pierret
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