Etude terrain FNA : 33% des entreprises artisanales peuvent encore « assurer »

Jérémie Morvan
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Selon une récente étude réalisée par la FNA, 67% des entreprises artisanales des services de l’automobile encore habilitées à rester ouvertes ont été contraintes de fermer faute de clients ou/et d’approvisionnement pièces. Et avec une baisse du CA estimée à 80%, le chômage partiel concernerait les trois quarts des effectifs…
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Une étude 'terrain' vient d'être réalisée par la Fédération Nationale de l’Automobile (FNA) le 19 mars dernier auprès de 1 090 entreprises artisanales du secteur de l’entretien-réparation.

Elle met en évidence le paradoxe de la situation : alors en effet que le gouvernement a par arrêtés des 14 et 16 mars derniers autorisé les atelier d’entretien-réparation automobile à demeurer ouverts au public pour assurer la mobilité des personnes, une grande majorité se voit contrainte de baisser le rideau faute de clients -confinés chez eux- ou par manque d’approvisionnement en pièces de rechange. L’organisation professionnelle annonce en effet que 67 % des répondants ont indiqué avoir dû fermer totalement pour ces deux principaux motifs.

Explications apportées par Aliou Sow, secrétaire générale de la FNA : «L’étude a été réalisée le 19 mars, alors que nombre de distributeurs avaient subitement décidé de fermer leur(s) commerce(s). Si cela va un peu mieux depuis, nos retours terrains nous indiquent que pour les distributeurs ouverts, rares sont ceux qui acceptent de livrer les commandes de pièces de rechange à leurs clients réparateurs.» Et on ne compte plus les préparateurs qui se heurtent aux contrôles de police en roulant vers des comptoirs parfois très éloignés...

Pour le tiers restant ayant continué leur activité (tous types de métiers confondus), seules 7% annoncent être ouvert à 100%, 20% en ne conservant qu’une partie seulement de leurs activités et 6% n’ont pu ouvrir qu’un service d’urgence.

Près de 80% de CA en moins en moyenne…

Autres indicateurs mettant en évidence l’impact considérable de la crise sanitaire sur l’activité : l’étude révèle que les professionnels interrogés accusent 79,9% de perte de chiffre d’affaires. Aussi n’est-il pas surprenant d’apprendre que, selon l’étude, les 3/4 des salariés du secteur sont au chômage partiel…

Les craintes sont d’ailleurs vives sur ce sujet au sein des chefs d’entreprises. Si le Président de la République Emmanuel Macron a dans un premier temps indiqué vouloir «protéger nos entreprises coûte que coûte», les récents rétropédalages du gouvernement sur la question du chômage partiel et l’absence de clarification ne permet aucunement aux professionnels de savoir si la baisse brutale d’activité suffira à légitimer leurs demandes d’indemnisation dès lors que leurs établissements sont autorisés à accueillir du public durant cette période.

Mobilisés, mais désorganisés

Pour la FNA, les pros restent donc suffisamment mobilisés pour garantir un service d’urgence au moins pour les véhicules prioritaires. Car les chiffres précédemment mentionnés s’apprécient toutes branches de métier confondues. Pour les seuls réparateurs, 42% annoncent avoir maintenu leur activité, dont 20% sous forme de service d’urgence (astreinte), 1 % en exerçant une partie de leurs activités traditionnelles pendant que 6% demeurent totalement ouvert.

Le secteur du dépannage-remorquage est lui aussi présent. 68% déclarent rester mobilisées, soit en maintenant une activité partielle (31%) soit par le biais de la mise en place d’une astreinte pour assurer un service d’urgence (37%). Chez les carrossiers enfin, 42 % annoncent exercer encore une activité, que ce soit en totalité (4%), de façon partielle (21%) ou sous la forme d’un service d’urgence (17%) !

A noter : les pros du contrôle technique étaient déjà dans le flou le 19 mars, lorsque l'étude était réalisée. 12,5% déclaraient rester ouverts partiellement alors même que les grands réseaux nationaux demandent depuis plusieurs jours au gouvernement de prononcer la fermeture des centres n’étant pas en situation d’accueillir les automobilistes en garantissant les règles strictes édictées pour lutter contre la propagation du coronavirus.

Surtout, la FNA plaide pour une meilleure organisation afin d’optimiser le service d’urgence aux véhicules essentiels au fonctionnement du pays. «A travers cette étude, on se rend compte que les initiatives des professionnels manquent de visibilité, considère Aliou Sow. En structurant davantage cette ‘offre’, par le biais d’un recensement qui pourrait être disponible via les préfectures ou les commissariats – à l’image des tours de garde mis en place dans le secteur du dépannage-remorquage-, les automobilistes sauraient où s’orienter et les pros ouverts pourraient accueillir un flux de clients à même de justifier leur ouverture. Ce maillage pourrait à n’en pas douter suffire à répondre à une demande en très forte baisse.»

Autre point de l’étude : les pros sont en demande de soutien pour bénéficier des aides. Car si 68% déclarent avoir pris connaissance de l’existence du plan de soutien aux entreprises mis en place par les pouvoirs publics, 70% des sondés disent avoir grand besoin d’être accompagnés dans leurs démarches pour activer ces aides...

Jérémie Morvan
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