Matériel de garage : quel équipement pour demain ?

Jean-Marc Felten
Image

L’automobile change, ses réparations aussi. L’Europe s’est déjà engagée à passer à l’électrique d’ici 2040 et ses constructeurs suivent. Reste que le parc roulant actuel perdurera longtemps après et que toutes les technologies seront présentes dans les ateliers. Il faudra bien s’adapter et s’équiper. Quel pourrait être l’atelier de demain ?

Partager sur

Vous voyez déjà dans vos ateliers arriver des voitures pourvues d’aides diverses à la conduite : régulateur de vitesse automatique, avertissement de sortie de voie, freinage d’urgence automatique, et les hybrides sont désormais déclinées chez tous les constructeurs. L’électronique règne en maître pour l’entretien et les réparations, mais simultanément, on vous pousse à revenir à l’analyseur 5 gaz et à l’opacimètre pour appréhender le passage au contrôle technique, avec du diagnostic mécanique à l’ancienne.

Les temps deviennent durs pour les mécanos qui doivent se former à toutes les technologies en même temps. Comment s’organiser et quels outils prioriser ?

Les outils connectés seront à la base de l’atelier demain (Bosch CORE) Les outils connectés seront à la base de l’atelier demain (Bosch CORE)

La part de l’électronique

L’appareil de maintenance électronique est indispensable à nombre d’opérations d’entretien, et ce n’est pas d’aujourd’hui. On pense là à l’ABS, exigés en Europe depuis plus de 15 ans et qui nécessite un programme électronique pour exécuter la purge du circuit ; on parle de remise à zéro des programmes d’entretien ou des contrôles des circuits de dépollution. On est bien au-delà de la “simple” recherche de panne. Par contre, cet équipement informatique se décline dans de nombreuses versions, dont les capacités peuvent être très vastes… ou très réduites.

Avec l’arrivée des nouvelles technologies électriques, les nombreux appareils qui seront dépendants de l’appareil de maintenance électronique font qu’il faudra désormais privilégier un système très complet, avec un potentiel d’évolution important. A la clé, les interventions sur les calibrages d’ADAS (les capteurs de la conduite assistée), indispensables après des travaux sur les suspensions ou la carrosserie, sous peine de perdre la couverture de l’assurance !

Alors que Bosch réunit tous les équipements de l’atelier sous la dépendance de son KTS (CORE ou Connected Repair), Mahle Aftermarket promet un calibrage simplifié des ADAS en utilisant un écran de 64 pouces (!) qui s’adapte au positionnement du véhicule et dispense du respect des distances entre cible et véhicule. De quoi rêver à la projection d’une vidéo pour recréer les conditions de calibrage pour les voitures de PSA qui se calibrent en dynamique ?

Un écran de 64 pouces (163 cm) pour effectuer les opérations de calibrage d’ADAS chez Mahle Aftermarket, un gros potentiel de communication vers les clients ! Un écran de 64 pouces (163 cm) pour effectuer les opérations de calibrage d’ADAS chez Mahle Aftermarket, un gros potentiel de communication vers les clients !

La reprogrammation

Comme évoqué dans un article antérieur (voir «Reprogrammation des calculateurs : concrétisation des espoirs»), de nouvelles exigences apparaissent en réparation électronique avec des besoins de mises à jour des logiciels électroniques des multiples calculateurs qui s’occupent du moteur, de la boîte de vitesses, du freinage, des suspensions, de la direction, de la climatisation et de la gestion de l’habitacle, radio et GPS... entre autres. Pour ce faire, il faut se connecter aux serveurs informatiques du constructeur et opérer via des lignes sécurisées et des interfaces de communication au format normalisé pour cette opération.

Le SAE J2534 n’est plus le seul standard appliqué, et les fabricants doivent s’adapter. La problématique est d’accéder à tous les constructeurs car ceux-ci utilisent des normes informatiques différentes pour leurs plateformes de téléchargement, qui se révèlent incompatibles les unes avec les autres.

Et l’on ne parle pas des droits d’accès qui viennent s’ajouter à tous les coûts matériels. Aujourd’hui, un seul fabricant semble avoir résolu la quadrature du cercle mais pour cela, Delphi Aftermarket utilise un PC très haut de gamme dédié et une interface spécifique. Le DS Flash s’affiche à près de 10 000 euros avec ses accessoires et une hotline.

La reprogrammation des calculateurs passe par des plate-formes sécurisées et des équipements dédiés pour une réussite à tous les coups (DS Flash Delphi Aftermarket.) La reprogrammation des calculateurs passe par des plate-formes sécurisées et des équipements dédiés pour une réussite à tous les coups (DS Flash Delphi Aftermarket.)

Des outils à mains très électroniques

L’outillage à main n’échappe pas à l’informatique. SAM, qui travaille pour l’aviation, a une gamme de clés dotées de puces qui permettent de les tracer dans l’atelier, et ainsi repérer celle qui manque dans la servante. Il ne s'agit pas tant d'éviter le vol, mais qu'un outil soit oublié dans un turbo-réacteur ! Coté clés dynamométriques, avec des serrages hyper précis en angulaire, l’utilisation de la clé électronique permet de s’approcher des conditions de serrage de l’industrie.

Là aussi, on peut imaginer d’une clé motorisée qui appliquerait sans la bouger le couple et l’angle de serrage préconisé précédemment entré en mémoire. L’outillage motorisé électrique va être de plus en plus répandu dans les ateliers.

Avec des batteries lithium de 18V et plus, le couple de serrage de la clé à chocs atteint des valeurs bien supérieures aux besoins. Avec la même batterie, on desserre et on serre, on perce, on coupe, on lime, on s’éclaire. Bosch propose une gamme complète d’outils de ce type présentée sur Equip Auto.

Le compressiomètre évolue en partageant ses composants avec le contrôle de pression de carburant, mais aussi de l’huile, des turbos… (Universal Automotive Pressure Tester - Hubitools) Le compressiomètre évolue en partageant ses composants avec le contrôle de pression de carburant, mais aussi de l’huile, des turbos… (Universal Automotive Pressure Tester - Hubitools)

Levage, montée en gamme

Coté levage, la folie du «prix avant tout» a fait long feu. L’entrée de Fog dans le giron du groupe italien BASE renforce ses capacités, en disposant de matériels complémentaires qui vont l’entraîner vers des domaines plus technologiques, tels que le calibrage des ADAS, un enjeu du salon Equip Auto qui ouvre ses portes.

Le lien entre pont et ADAS passe par la géométrie. Pour procéder au recalibrage, les angles des trains doivent être parfaits, surtout l’arrière qui détermine l’axe de poussée. Les fabricants d’équipement de contrôle de géométrie rejoignent ainsi les spécialistes de la maintenance électronique. On trouve tout naturellement Bosch et ses géométries 3D, Actia, Mahle Aftermarket (anciennement Brainbee), Hella Gutmann (le pionnier dans cette technique), SnapOn, Texa, Fog avec le groupe BASE… mais aussi des fabricants asiatiques, à l’image d’Autel et sa solution mobile.

Et le mécano ?

Bien que nécessitant la maîtrise de technologies toujours plus complexes, le mécanicien doit voir la débauche de nouveaux équipements comme une simplification de son métier : toutes les archives dans la mémoire de son PC de «diag», le guidage au travers des systèmes via les bases de données et les didacticiels intégrés, la collecte des résultats sur un seul écran et jusqu’à la capacité d’éditer une facture directement de l’atelier et presque en automatique.

Travailler seul ne sera plus une contrainte, avec l’usage complémentaire d’équipements simplifiant le quotidien, pour lever les roues, les positionner, déposer les organes lourds et les manipuler sur des bancs adaptés. Certes, la mécanique auto nécessite des investissements ; mais de tout temps, la course au matériel a dicté sa loi aux garagistes.

Jean-Marc Felten
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire