Etude après-vente ICDP: ce que réserve le marché à l’horizon 2030…

Jérémie Morvan
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L’institut d’étude ICDP annonce la parution d’une nouvelle étude sur l’évolution du marché de l’après-vente automobile à l’horizon 2030. Il y analyse les risques et les opportunités pour chaque acteurs de l’aftermarket alors que les mutations technologiques et les changements de comportement auront profondément modifié l’environnement de l’entretien-réparation. Avec l’émergence d’un nouveau concept pour le secteur : celui de coopétition...
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Ce n'est pas parce que l'avenir immédiat est incertain que le futur doit être négligé. Quel sera le paysage de l’après-vente en Europe en 2030 ? C’est ce que vient de projeter l’institut ICDP à travers sa dernière parution (disponible gratuitement).

En 2030, le marché européen va se contracter selon ICDP. Si les 300 millions de VP et VUL roulants sur les routes du Vieux Continent génèrent aujourd’hui un marché de l’après-vente estimé à 195 mds d’€, les projections en termes de kilométrage annuel moyen, de fiabilité, de recommandations d’entretien comme d’accidentologie ne sont pas souriantes pour les réparateurs de tous poils.

Dans des proportions certes différentes entre le secteur de l’entretien-réparation mécanique et celui de la carrosserie. Si la baisse ne devrait pas excéder quelques points dans le premier cas (3 % selon l’institut d’études), elle sera vraisemblablement plus franche dans celui de la réparation-collision, où le recul attendu serait de 30% en France…

Face à ces changements structurels les acteurs de l’après-vente vont donc devoir changer radicalement d’approche.

Les facteurs impactants

Selon ICDP, trois principaux facteurs vont profondément modifier le marché :

  1. D’abord, la hausse continue depuis plusieurs années de la LOA et la LLD auprès des particuliers. Bien connue des entreprises (véhicules de direction, véhicules de société, etc.), ce nouveau mode de détention automobile fait son chemin auprès des particuliers, de plus en plus prêts à accepter d’abandonner la sacro-sainte propriété du véhicule pour une utilisation où tout est inclus ou presque –assurance, assistance, dépannage et bien sûr entretien-réparation.
    Avec pour conséquence directe le changement de propriétaire du véhicule, qui n’est donc plus le particulier mais un professionnel du leasing. Si le critère proximité pour l’entretien-réparation du véhicule devrait revetir une importance encore plus grande qu’aujourd’hui, le fait que le décisionnaire soit un professionnel ne sera pas sans conséquences sur les marges des ateliers de maintenance…

  2. Autre facteur mentionné dans l’étude ICDP : le poids des nouvelles technologies embarquées dans les véhicules et leurs conséquences pour les garages, avec un nécessaire investissement en compétences nouvelles et en équipement. Témoins les capteurs, senseurs et autres caméras qui fleurissent sur les nouveaux véhicules pour permettre aux ADAS de fonctionner. Autre exemple : le véhicule connecté, qui va demander des compétences numériques jusqu’ici inconnues dans les ateliers – et pas seulement eux d’ailleurs : l’émergence de la data ses opportunités d’exploitation concernent bel et bien tous les acteurs et à tous les niveaux de la chaîne de l’après-vente…


  3. Dernier facteur : une réglementation toujours plus présente, ne serait-ce qu’au niveau des émissions polluantes des véhicules. Selon ICDP, les préoccupations environnementales du législateur devraient même devancer le principe de respect de la concurrence, jusqu’ici placé au premier plan. Sur ce point également ICDP anticipe une réglementation accrue en matière de respect de la confidentialité des données, corollaire au développement du véhicule connecté. Mais ça, c'était peut-être avant que le coronavirus ne permette aux constructeurs de renégocier les vertes exigences européennes...
Rationaliser et digitaliser

Sur la base de ces constats, ICDP considère que les acteurs de la distribution comme de la réparation et maintenance devront se repenser.

Pour les premiers, en parallèle du phénomène de concentration qui est loin d’être terminé, la clé du succès futur résidera dans sa capacité à améliorer sa logistique -notamment en y intégrant la part croissante du digital dans le process de commande - afin de pouvoir répondre le plus agilement possible aux demandes toujours plus variées et issues de réparateurs aux profils plus nombreux.

Soit une dynamique de rationalisation et de digitalisation, à l’heure où les constructeurs investissent le terrain de jeu de la rechange indépendante en se faisant vendeurs de pièces équipementières, et où la distribution indépendante continue de ‘pousser’ pour vendre davantage de pièces d’origine (carrosserie notamment).

Vers de plus nettes spécialisations

Autre conséquence qu’anticipe l’institut d’étude : au niveau des réparateurs, les stratégies actuelles de one-stop-shop devrait laisser place à une plus grande spécialisation.

Si ces dernières années ont en effet vu les réseaux multimarque proposer toujours plus de services à leurs clients automobilistes dans une logique de business additionnel et différenciant pour leurs adhérents, la spécialisation évoqué par ICDP se justifiera par la nécessite de réduire les besoins des affaires en investissements.

Face à un marché en contraction, et face à des décideurs d’entretien-réparation des véhicules plus professionnels que particuliers, les réparateurs devront en effet consentir à des investissements liés aux technologies mentionnées plus haut. Selon ICDP, il sera même de plus en plus difficile pour un réparateur multimarque de faire face aux multiples investissements pour intervenir sur les différentes marques.

Coopération dans la compétition

Dès lors, ICDP estime qu’un nouveau concept devrait voir le jour sur le marché de l’après-vente : celui de «coopétition». Contraction de coopération et compétition, ce concept est issu du monde de l’informatique et entend se départir de l’approche traditionnelle du business, où la logique de guerre prédomine (‘guerre des prix’, ‘capter un client’ ou des parts de marché, etc.).

Selon cette approche nouvelle, la compétition des acteurs sur un même marché ne doit pas empêcher ceux-ci d’imaginer des partenariats ou des rapprochements ponctuels. En tout cas, dès lors que cela permet de mieux répondre aux besoins des clients. Si, en effet, les réparateurs doivent nécessairement se spécialiser, ils devront donc trouver des moyens extérieurs à leur entreprise pour pouvoir répondre à d'autres demandes éventuelles de ses clients.

Et donc coopérer éventuellement avec un concurrent. Les mentalités, comme le marché vont devoir évoluer...

Jérémie Morvan
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