Rétrofit électrique : Phoenix Mobility cible la conversion des VUL

Romain Thirion
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Comme le phénix renait de ses cendres, Phoenix Mobility, startup dédiée à la conversion des véhicules à l'électrique, entend faire renaître les véhicules utilitaires légers (VUL) à l'écomobilité. A présent que l'arrêté autorisant et encadrant la pratique du rétrofit électrique est paru, l'entreprise compte sur l'homologation de ses kits de conversion au cours des prochains mois pour s'adresser directement aux flottes d'ici la fin de l'année et en 2021.
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Au beau milieu de la crise économique engendrée par l'épidemie de Covid-19, les entreprises spécialisées dans la conversion à l'électrique des véhicules thermiques peuvent se réjouir : la parution de l'arrêté autorisant et encadrant cette forme de rétrofit leur permet d'enfin passer à la phase industrielle de leur développement. Car beaucoup d'entre elles n'étaient, jusqu'ici, que des startups d'ingénieurs ou des petites sociétés artisanales, pour la plupart regroupées au sein de l'association AIRe (Acteurs de l'industrie du rétrofit électrique).

Désormais, le potentiel marché qui s'ouvre à elles est énorme car c'est tout le parc roulant de plus de 5 ans qu'elles sont autorisées à faire passer du thermique à l'électrique. Et sachant que la moyenne d'âge du parc français est supérieure à 9 ans, l'opportunité est plus que jamais à saisir. C'est ce que compte faire Phoenix Mobility, startup fondée en septembre 2019 par cinq jeunes ingénieurs, fraîchement diplômés, sur la base de leur projet de fin d'étude, justement centré sur le rétrofit électrique. « Nos enseignants nous ont fait comprendre que l'on tenait un projet à fort potentiel », explique Wadie Maaninou, l'un des cofondateurs de Phoenix Mobility.

Une alternative majeure au véhicule électrique neuf

Le constat effectué par les cinq ingénieurs, à l'époque, était radical : avec plus d'un milliard de véhicules thermiques sur la planète et le réchauffement climatique imposant une mobilité plus propre à courte échéance, le marché ne pourrait se satisfaire des seuls véhicules électriques neufs, dont le prix toujours très élevé continue de faire figure de frein à l'achat, pour les particuliers comme pour les professionnels. Aussi, les fondateurs de Phoenix Mobility ont-ils planché, plusieurs mois durant, sur un prototype de kit de conversion des véhicules thermiques à l'électrique et, en septembre dernier, ont pu immatriculer leur entreprise et embaucher leurs premiers salariés.

Après avoir empoché plus de 150 000 euros en remportant plusieurs concours puis amassé quelque 300 000 euros en dix-huit mois, Phoenix Mobility va pouvoir, maintenant que la loi l'autorise, passer au stade industriel, lever davantage de fonds et cibler le marché professionnel qu'ils visent depuis le début. « En 2020, nous allons nous focaliser sur les flottes de véhicules utilitaires légers (VUL) et nous allons soumettre nos différents modèles de kits de conversion à homologation auprès de l'UTAC et du CNRV, explique Wadie Maaninou. Pour l'instant, nous avons déjà des projets pilotes avec les véhicules de la Ville de Grenoble, notamment, où se trouve notre centre de recherche & développement. »

Des retours d'utilisateurs pour une offre plus concrète

Etre au contact des collaborateurs de la municipalité grenobloise est plus qu'un simple laboratoire pour Phoenix Mobility. « Ceci nous permet de mettre un pied dans l'écosystème des entreprises et des collectivités locales pour collecter des retours d'utilisateurs bienvenus, qui nous permettront de proposer des solutions clef-en-main aux flottes professionnelles », affirme Wadie Maaninou. Parce qu'en plus que de permettre l'industrialisation des kits de conversion, la loi enlève aussi le poids qui pesait auparavant sur le client, qui devait s'adresser au constructeur pour chacun de ses véhicules afin d'obtenir l'autorisation de faire passer celui-ci d'une motorisation essence ou diesel à une motorisation électrique.

Un parcours du combattant désormais remplacé par une simple démarche administrative qui pourra être assistée par les prestataires choisis par le client, dont Phoenix Mobility. Le parcours du combattant, c'est plutôt la startup qui va à présent y faire face, puisque chaque modèle de véhicule nécessite un kit de conversion différent, qui nécessite chaque fois d'être homologué. « Plusieurs le seront dès 2020, confirme Wadie Maaninou. Dans la mesure du possible, nous allons nous concentrer sur les applications les plus fréquentes dans le parc roulant, même si certains modèles s'avèrent plus complexes à convertir que d'autres. »

Un réseau d'installateurs à bâtir dès 2021

Bien sûr, puisque tout commence pour Phoenix Mobility, les seuls installateurs existants pour leurs kits de conversion ne sont autre que les collaborateurs de la startup eux-mêmes. Mais un réseau d'installateurs devrait logiquement naître en 2021. « Il y a un temps de formation et de déploiement nécessaire avant de parler d'un véritable réseau, mais sur le quatrième trimestre 2020, nous allons initier d'autres projets pilotes autour de Grenoble et allons former des professionnels sur le secteur, confirme Wadie Maaninou. Nous discutons déjà avec des garages indépendants et des réseaux de garages à cet effet. »

Le cofondateur de Phoenix Mobility ne cache pas « prendre pour modèle la façon dont s'est constitué le déploiement du réseau d'installateurs des boîtiers de conversion au biotéthanol ». Il faudra en outre que le réseau soit bien formé sur le plan commercial. « Le pricing est très délicat dans ce domaine, confesse Wadie Maaninou. Le coût d'une conversion est assez forfaitaire, mais il dépend du nombre de batteries nécessaire. Cela peut aller de 5 000 à 25 000 euros, mais l'objectif est qu'avec la subvention comprise, le client s'en sorte pour 15 000 euros maximum sur les véhicules utilitaires les plus légers. C'est de toute façon deux à trois fois moins cher que d'acquérir un véhicule électrique neuf. »

Vers les 1 000 véhicules convertis d'ici 2021

Phoenix Mobility annonce une performance élevée de ses kits et batteries. « Ces dernières peuvent encaisser un grand nombre de cycles et, sur une moyenne de 200 utilisations par an, elles peuvent durer jusqu'à 15 ans, affirme Wadie Maaninou. D'ici 2021, nous espérons avoir converti un millier de véhicules au total et déployé des ateliers Phoenix Mobility en Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi en Île-de-France et dans les Hauts-de-France, où nous sommes déjà établis. »

Le kit de conversion Phoenix Mobility monté sur une Renault Clio.
Romain Thirion
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