Une reprise en trompe-l’œil selon Solware et le CNPA

Romain Thirion
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Avec un recul de l'activité d'entretien-réparation de 18,3% au 30 juin 2020 par rapport à la même date l'an dernier, le CNPA et Solware, partenaires dans le cadre de leur baromètre commun, se montrent pessimistes quant à la capacité du marché à rattraper l'essentiel de ce qui a été perdu durant le confinement...
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En dépit de l'optimisme ambiant lié à la forte activité dans les ateliers d'entretien automobile entre le déconfinement du 11 mai dernier et le début des vacances d'été, le CNPA et son partenaire, Solware, qui éditent ensemble un baromètre de l'activité de réparation, se montrent beaucoup plus réservés. Jusqu'à redouter que le marché soit définitivement incapable de rattraper le business évaporé entre mi-mars et mi-mai, lorsque l'épidémie de Covid-19 battait son plein en France, contraignant la population à restée cloisonnée chez elle.

L'activité carrosserie mieux lotie sur les douze derniers mois...

En effet, selon le dernier baromètre mensuel CNPA-Solware, arrêté au 30 juin dernier, le premier semestre 2020 accusait une baisse d'activité de 18,3% au global par rapport au premier semestre 2019. Et contre toute attente, par ailleurs, c'est l'activité mécanique qui a le plus souffert, avec -18,4%, contre -17,7% pour l'activité carrosserie sur douze mois glissants. Des statistiques établies auprès d'un panel de 1 144 ateliers de mécaniques et 524 ateliers de carrosserie, composés à 80% d’agents de marques et 20% de MRA. Les chiffres d’affaires étudiés prennent en considération les pièces, la main d’œuvre et les autres articles divers.

Et l'organisation professionnelle tout comme l'éditeur de progiciels se gardent bien de tout triomphalisme par rapport à la bonne activité actuelle dans le secteur de la rechange : celle-ci agirait ne serait qu'un trompe-l'œil. En effet, les deux partenaires relèvent que le regain actuel d'activité est dû à une conjonction particulière de deux facteurs. D'abord, l'importance des déplacements en voiture des Français durant ces vacances d'été, les destinations lointaines d'ordinaire rejointes par avion ou en train étant déconseillées en cette période de pandémie. Ensuite, l'effet déformant du report des échéances de contrôle technique, qui ne fait en realité que décaler plus tard dans l'année –et jusqu'au mois d'octobre au plus tard– des opérations de maintenance et de réparation qui auraient déjà dû être effectuées.

Une activité réduite comme peau de chagrin à la rentrée ?

« Autant de demandes de clients que nous ne retrouverons pas à la rentrée, commente le CNPA dans son analyse du baromètre. De surcroît, le succès de la prime à la conversion fait sortir du parc automobile plusieurs centaines de milliers de véhicules qui étaient, dans l’ensemble, régulièrement entretenus. » D'où l'idée que propose le CNPA d'un “chèque entretien” dans le cadre du plan de relance de la filière automobile promu par le gouvernement. Ledit chèque serait dévolu aux propriétaires de véhicules n'ayant pas les moyens de faire remplacer leur voiture et leur permettrait de remettre celle-ci en état, soutenant de ce fait le secteur de l'entretien-réparation automobile.

« Ces indicateurs témoignent malheureusement de la fragilité de la reprise du secteur de l’après-vente automobile, qui joue pourtant un rôle majeur en matière de réduction des émissions des véhicules : il répond aux enjeux d’une mobilité durable et propre, d’économie circulaire, qui font partie des priorités gouvernementales du plan de relance économique de la rentrée », insiste Philippe Debouzy, président du Métier des Agents de marques et réparateurs indépendants du CNPA, qui insiste sur le nombre d'emplois considérable et non-délocalisables que représente le secteur partout dans l'Hexagone, et que le gouvernement se doit, selon le CNPA, de soutenir dès ce mois de septembre.

Romain Thirion
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