Tarifs toujours en hausse selon SRA malgré la baisse de sinistralité

Romain Thirion
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Le troisième trimestre 2020 ressemble aux deux précédents s'agissant des coûts des principaux éléments de la réparation automobile. Pièces, main d'œuvre et peinture ont respectivement vu leurs tarifs croître de 7,3%, 2,7% et 4,2% depuis le début de l'année selon les relevés des expertises réalisés par SRA. Et ce, bien que les mesures sanitaires du printemps aient fait chuter la sinistralité et que les nouvelles restrictions de l'automne menacent de faire repartir à la baisse la courbe des accidents.

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La chute de la sinistralité causée par le confinement de mi-mars à mi-mai pourrait bien connaître un écho cet automne suite à la mise en place du couvre-feu à 21h par le gouvernement. Celui-ci pouvant même être allongé en cas d'emballement de l'épidémie de Covid-19, nul doute que les routes devraient être de plus en plus désertes dans les grandes agglomérations concernées par la mesure, zones fortement urbanisées où les chocs entre véhicules sont souvent légers mais bien plus fréquents qu'en zone rurale ou péri-urbaine.

Néanmoins, toutes les projections qui peuvent être faites quant à l'évolution de la sinistralité ne devraient pas se traduire par une baisse du prix des pièces détachées ni par une réduction du coût de la main d'œuvre.

En effet, les évolutions des principaux éléments constituant le coût de la réparation des VP/VUL, tracées par l'organisme Sécurité & réparation automobiles (SRA), ne montrent pas de signe de ralentissement de l'inflation du prix des pièces détachées au troisième trimestre 2020. C'est même tout l'inverse.

L'inflation contenue... mais pas dans la réparation

Pourtant, l'indice de l'évolution des prix à la consommation de l'ensemble des ménages (hors tabac), que calcule l'INSEE, marque fortement le pas depuis la fin du premier trimestre 2020. Après un T1 semblable aux quatre trimestres 2019, affichant une croissance de 0,9% sur douze mois glissants, les prix n'ont fait que stagner entre avril et juin 2020 par rapport au T2 2019 (0,0% !) et n'ont repris qu'une très modeste progression au troisième trimestre (0,1%).

Dans le même temps, le prix des pièces de rechange pour VP, hors accessoires et pneumatiques, a continué de grimper : +3% au T1 2020 par rapport au T1 2019, +1,8% au T2 2020 par rapport au T1 2019 –une hausse moins forte à mettre sur le compte de la baisse d'activité due au confinement– et +2,6% au T3 2020 par rapport au T3 2019. Quant à l'heure de main d'œuvre en carrosserie automobile, TVA incluse, elle a vu l'indice de son prix progresser de 3,2% au T1 2020 par rapport au même trimestre 209, et de 4,5% au T3 2020 par rapport au T3 2019 ! Une hausse inédite.

La main d'œuvre, ce parent pauvre

Si l'on s'en tient au relevé des expertises de réparation-collision (hors catastrophe naturelle, incendie, vol et bris de glace) réalisé par SRA, donc aux tarifs comprimés (et réprimés ?) par les agréments d'assurance, l'on constate que la main d'œuvre est toutefois la grande perdante des trois mammelles de l'activité carrosserie. En effet, avec "seulement" 2,7% d'augmentation sur les neuf premiers mois de 2020, par rapport aux neuf premiers mois de 2019, et de 2,5% sur douze mois glissants, elle est bien loin des progressions affichées par les pièces et par les produits de peinture.

En effet, l'équivalent horaire moyen du coût des ingrédients de peinture a cru de 4% sur les douze derniers mois et de 4,2% sur les neuf premiers mois de 2020 par rapport aux neuf premiers mois de 2019. Et si l'on s'en tient aux tarifs affichés dans les garages au cours des douze derniers mois, l'augmentation de l’équivalent horaire du prix des ingrédients peinture atteint 4,4%. Le coût moyen horaire de la MO tel qu'il s'affiche dans les carrosserie, lui, atteint les 3,3%. Dans les deux cas, le relevé réel effectué sur les rapports d'expertise révèlent donc des augmentations inférieures. L'arbre malingre de la main d'œuvre reste donc bien le moins vigoureux de tous ceux qui poussent dans le massif de la réparation-collision.

Les constructeurs tirent toujours leur épingle du jeu

Tout le contraire des grands feuillus qui peuplent la luxuriante forêt de la pièce, qui semble toujours plus profiter à ceux qui la vendent en premier lieu, en l'occurrence les constructeurs. Alors que, si l'on s'en tient au prix catalogue des constructeurs, le coût du panier de pièces de rechange n'atteint "que" les 6,5% d'augmentation en prenant en compte les variations tarifaires au changement de génération des véhicules, la réalité est bien pire puisque, sur les neuf premiers mois de 2020, le coût moyen des pièces consommées a bondi de 7,3% par rapport aux neufs premiers mois de 2019. Et sur les douze derniers mois, l'inflation du tarif desdites pièces atteint même les 7,5%. Chez les trois constructeurs français, on s'adjuge même un record dépassant les +8%!

Un coût d'autant plus pesant sur le montant moyen des réparations que les pièces comptent pour 50,9% du total si l'on s'en tient aux douze derniers mois, contre 38,7% pour la main d'œuvre totale, préparation de peinture incluse, et 10,4% pour les ingrédients de peinture. Preuve, s'il en fallait une, que maîtriser le "coût moyen sinistre", pour les assureurs, passera nécessairement, à terme, par quelques coupes franches dans le prix des pièces quitte à laisser davantage de marge de manœuvre aux réparateurs pour augmenter un taux de main d'œuvre in fine plus rémunérateur.

Romain Thirion
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