Carrossiers: une baisse de -13 % sur 9 mois… pour l’instant

Jérémie Morvan
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La FFC a publié le baromètre d’activité du troisième trimestre de la profession. Sans grande surprise, il fait état d’une perte d’activité liée à la crise sanitaire. Le CA a globalement reculé de 13 % chez les professionnels de la réparation-collision… et ce, avant ce second confinement qui ne devrait pas arranger les choses.
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La Fédération Française de la Carrosserie a, par le biais de sa branche mobilité, publié son baromètre d’activité à l’issue du troisième trimestre 2020. Élaboré sur la base d’une enquête téléphonique réalisée par le Gipa auprès de professionnels de l’entretien-réparation automobile entre le 19 octobre et le 2 novembre, il met en évidence une baisse d’activité logique, due aux longues semaines de confinement de mi-mars à mi-mai.

Et malgré la reprise d’activité depuis le déconfinement, il met aussi en lumière le fait que la profession ne parvient pas à retrouver pleinement un volume d’activité anté-crise sanitaire. A cet égard, le second confinement de l’année, mis en place juste après l’enquête, ne laisse guère de place à l’optimisme pour le 4e et dernier trimestre ; et donc encore moins de quoi espérer amortir le choc sur l’ensemble de l’année...

Recul généralisé

Sur les 9 premiers mois de l’année, les professionnels interrogés déclarent une baisse de 11 % du flux client et de 13 % de leur chiffre d’affaires. Pour comparaison, à la même période un an plus tôt, le flux client était alors en hausse de 1 % et le CA progressait de 2 points. Et ce n’est pas la hausse de la facture moyenne de collision, qui augmente de 1 % en 2020, qui va venir combler les pertes…

Dans le détail, on note que le recul du flux client est plus prononcé chez les pros sous enseigne constructeurs, avec respectivement -13 % chez les concessionnaires et – 12 % chez les réparateurs agréés lorsque les carrossiers traditionnels limitent la casse avec -8 % ‘seulement’.

Mais les taux horaires pratiqués par ces derniers, moins élevés que les représentant de marque, font que leur baisse du CA est un plus prononcée : -13 % contre -12 % pour les autres. S’ajoute à cela une part forcément moins importante de l’activité mécanique à l’atelier que leurs concurrents sous enseigne constructeur, et l’on comprend mieux pourquoi ils ont été 78 % à répondre que leur CA était en baisse sur les 9 premiers mois de l’année lorsque les RA1 l’ont fait à 61 % et les RA2 à 60 %...

D’ailleurs, les carrossiers de métier ont été 46 % à souscrire un PGE, soit près d’un sur deux, lorsqu’un tiers des RA2 et seulement 12 % des RA1 interrogés en ont souscrit un...

Bris de glace et débosselage à la peine
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Ce baromètre s’est également penché sur les différentes activités de réparation-collision durant les 9 premiers mois de l’année. Il en ressort que l’activité qui s’est le mieux comporté est pour une grosse moitié des professionnels sondés la réparation de pièces de carrosserie. Et c’est aussi, dans la même proportion, celle qui a le plus rapporté durant la période.

Là encore des disparités existent entre les profils interrogés : si seulement 36 % des réparateurs agréés ont répondu que la réparation de pièces de carrosserie avait été l’activité qui avait le plus rapporté durant ces 9 premiers mois, la proportion s’élève à 61 % chez les carrossiers de métier.

En revanche, deux activités ont singulièrement ralenti : le bris de glace et le débosselage sans peinture (DSP). Pour ces deux activités en effet, la moitié des professionnels interrogés déclarent une baisse d’activité. Chez les concessionnaires, le bris de glace à baissé pour 43 % d’entre eux, devant le DSP (41 %) et le remplacement des pièces de carrosserie (39 %).

Les réparateurs ont quant à eux subi une baisse d’activité d’abord sur le DSP (pour 65 % d’entre-eux), suivi du remplacement de pièces de carrosserie (44 %) et du bris de glace (43 %). Pour les carrossiers, à l’instar des concessionnaires, c’est le bris de glace qui a baisse pour le grand nombre de répondants (57 %), suivi du DSP (51 %) et du remplacement de pièces…

De la même manière, nombreux sont les professionnels à avoir enregistré -recul de la sinistralité oblige- une baisse des volumes de dossiers traités dans le cadre des assurances. Seulement 13 % des professionnels déclarent une hausse quand RA1 et carrossiers déclarent à 40 % une baisse ; et 35 % font de même du côté des RA2. 

Annus horribilis ?

Au delà de ces chiffres, marqué du sceau de la période de confinement de mars à mai, il y a des motifs d’espoir. Interrogés sur la perception de la reprise d’activité depuis le déconfinement, un professionnel sur deux déclare avoir retrouvé un rythme de travail normal. Ils sont même 24 % à estimer qu’ils ont plus de travail qu’avant le confinement ! Au global, ils déclarent disposer de trois semaines de travail planifiées à l’atelier.

Mais le mois de la rentré semble plus mitigé pour les professionnels, dont 30 % considèrent que ce mois de septembre 2020 est moins bon qu’un mois de septembre ‘traditionnel’. Sur ce point, les RA1 sont ceux qui accusent le plus le coup : ils ont été en effet 36 % à répondre que septembre 2020 était moins bon que d’habitude, contre 30% pour les carrossiers et 21 % pour les RA2. 30 % de cette dernière population déclare même qu’il meilleur qu’un mois de septembre normal !

Ce baromètre est somme toute en ligne avec les propres constatations de l’organisme de défense des droits des consommateurs, l’UFC-Que Choisir, qui vient de dénoncer les économies réalisées par les compagnies d’assurances alors même que le nombre d’accidents enregistrait une baisse de 14 % depuis le début de l’année… Surtout, la baisse d’activité constatée sur le T3 ne laisse guère d’optimisme pour l’exercice 2020 dans sa globalité.

Si les professionnels avaient dès les mois de mars et avril, averti que les kilomètres non parcourus durant le premier confinement ne pouvaient être récupérés en réparation-collision, les derniers trimestre risque à n’en pas douter de leur donner une nouvelle fois raison.

Avec la généralisation du télétravail et l’interdiction de déplacement hors motifs impérieux, les projections annonçant une baisse d’activité de 20 à 25 % dans les carrosseries pourraient malheureusement se réaliser…


Des pistes

Pour redynamiser leur affaire, les professionnels sondés au travers de l’enquête du Gipa répondent à 28 % que faire de la publicité en local est une action prioritaire à mettre en place avant ma fin de l’année, suivie de la publicité au national (TV, radio) par leur réseau à 18 %. 15 % pensent à mettre en place des forfaits pour de petites réparations de carrosserie légère, 13 % envisagent d’augmenter le nombre d’agréments d’assurance et 12 % souhaitent se rendre plus visibles sur internet.

Plus stratégiquement, parmi les axes prioritaires à emprunter pour développer l’entreprise, RA1 et carrossiers répondent de concert à développer la clientèle professionnelle (respectivement 27 et 26 % des répondants) ; les réparateurs agréés eux apparaissent plus enclins à privilégier une activité VO (39 % des répondants).

Jérémie Morvan
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