BCA Expertise recrute : histoire de vases communicants?

Romain Thirion
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Dans un contexte économique et stratégique qui complique manifestement l’exercice de l’expertise libérale, le BCA, lui, recrute. Et pas seulement de jeunes experts en formation, mais aussi des professionnels déjà inscrits sur la liste nationale ! Des embauches opportunes ou le signe d’une tendance de fond ? Peut-être un peu des deux…
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S’il est une société qui génère des sentiments partagés, c’est bien BCA Expertise. Souvent stigmatisée, dans le secteur de la réparation-collision, comme l’un des exemples de l’atteinte à l’indépendance de l’expert de par son actionnariat 100% assureurs, force est de constater que l’entreprise ne connaît pas les mêmes soucis que ceux rencontrés par les cabinets libéraux. Surtout en matière de ressources humaines.En effet, BCA Expertises, qui dispose de plus de 30% des parts de marché BtoB, est actuellement en pleine phase de recrutement et ne semble pas décidé à lever le pied sur sa politique actuelle : pas moins de 63 recrutements sont prévus d’ici la fin de l’année 2014 ! Certes, une majeure partie de ces futurs nouveaux experts salariés sont d’actuels stagiaires qui se verront proposer des CDI. Ils sont 17 «experts en formation» à être déjà en poste sur la trentaine mise en avant par le BCA, le reste sera recruté au cours du second semestre. Leur stage doit durer 24 mois et comprendre 350 heures de formation «théorique» en plus de leur apprentissage pratique avant l’obtention de leur Diplôme d’expert en automobile.L’autre partie de l’effort de recrutement se fera donc en «externe», puisque BCA Expertises entend embaucher «une vingtaine» d’experts déjà inscrits sur la liste nationale des experts en automobile. Autrement dit : des experts employés d’autres cabinets ou peut-être bien… des experts libéraux patrons de leurs propres cabinets ! Si le détail du recrutement du BCA n’est pas encore connu précisément, il ne serait donc pas étonnant de voir certains libéraux purs passer dans le camp salarié. Car la situation des cabinets indépendants est loin d’être égale et le paysage de l’expertise est, on le sait, soumis à une compression dont plusieurs professionnels ont déjà témoigné sur ce site même.Pour ces experts-là, professionnels chevronnés qui n’ont pas à apprendre leur métier, seuls suffiront «3 à 5 jours de formation d’intégration au siège puis dans l’agence» à laquelle ils seront affectés, et au sein de laquelle le chef d’agence se chargera de les «accompagner […] dans leur prise de poste». Car, si le métier reste fondamentalement le même, il convient de conformer ces nouvelles recrues aux process de l’entreprise.Ce recrutement confirmera certainement un peu plus la place de BCA Expertise dans le paysage de l’expertise auto actuelle. L’enseigne est, en effet, riche d’un peu plus de 1 200 collaborateurs, ce qui lui offre une force de frappe considérable dans un secteur en proie aux pressions des donneurs d’ordres. Et lorsque l’on sait que ces donneurs d’ordres, en l’occurrence certaines compagnies d’assurance, comptent pour la totalité du capital du BCA, on imagine sans mal que cette campagne de recrutement doit faire les affaires des assureurs.Même si le comité de déontologie dont dispose BCA Expertise a un rôle de garde-fou face à l’éventuel appétit de contrôle de certaines mutuelles, même si la charte entre carrossiers et BCA est effective, le gonflement des rangs de la S.A.S n’est pas de nature à calmer les esprits échauffés d’une expertise libérale et d’une réparation-collision en proie à la méfiance face à tout ce qui est estampillé assureurs (voir "Donneurs d’ordres et carrossiers: «les autistes et les Bonnets Rouges»). Quand bien même ces mêmes assureurs entendent rester dans une simple position d’actionnaires du BCA, sans agir sur le plan opérationnel.
Romain Thirion
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