AXA vers un nouveau coup de vis sur « ses » experts libéraux ?

Romain Thirion
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A en croire ce dernier communiqué de l’ANEA à l’attention de ses adhérents, AXA s’apprête à revoir sa politique en matière d’expertise auto en 2016 et espère obtenir de “son” réseau d’experts de nouvelles concessions en vue d’un nouveau contrat écrit d’apport d’affaires. Contrat sur lequel AXA espère se baser pour «répartir le marché dans le cadre d’une saine concurrence» entre “ses” cabinets d’experts libéraux et ceux de BCA Expertise !
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Derrière ses airs rassurants, cette dernière communication de l’ANEA (Alliance nationale des experts en automobile) à destination de ses adhérents ne manque pas de points qui laissent perplexe quant à la relation qui se dessine entre AXA et “son” réseau d’experts libéraux pour les prochaines années. Certes, en revenant sur les évolutions de la Scorecard de l’assureur –laquelle avait posé problème à l’Alliance l’an dernier avant que celle-ci n’obtienne des garanties quant aux critères d’objectivation qu’elle résume– l’ANEA laisse entendre que, sur ce point, ses discussions avec AXA se sont avérées fructueuses...«AXA va prendre en compte l’incidence de l’orientation dans la définition du coût moyen, annonce ainsi le syndicat d’experts. Cette évolution aura en principe un impact positif sur l’appréciation de la classification (A, B ou C) des cabinets, puisqu’il s’agira de pondérer dans les secteurs le poids des garages non-partenaires. Les résultats 2015 seront recalculés à partir de cette évolution.» Car jusqu’ici, AXA ne pratiquait aucune discrimination positive envers “ses” cabinets d’experts libéraux, quand bien même le nombre de garages “agréés” de leur secteur géographique était moins nombreux que dans ceux de leurs confrères, impactant évidemment le taux d’orientation. Sur ce point, au moins, AXA semble avoir daigné prendre en compte les demandes de l’ANEA…
AXA, dictateur d’une “saine” concurrence
Ce qui est moins encourageant pour les experts adhérents de l’ANEA, c’est de savoir qu’en 2017, ils auront à affronter un nouvel appel d’offres d’AXA pour avoir l’insigne honneur de rester membres de “son” réseau d’experts… «Pour arriver à ce résultat, tous les cabinets du secteur libéral vont recevoir une lettre de résiliation d’ici le 31 décembre 2015, avec un préavis de deux ans, précise le communiqué de l’Alliance. Durant ces deux années, sous le bénéfice d’une prestation en conformité au cahier des charges d’AXA France, le secteur géographique confié au réseau libéral sera figé (pas d’entrée, pas de sortie). Au terme de ce processus, les cabinets retenus au 1er janvier 2018 concluront un contrat avec AXA France pour une durée de 3 ans.»L’objectif d’AXA, selon l’ANEA : «reconstruire un réseau libéral à côté du BCA, lesquels auront vocation à se répartir le marché dans le cadre d’une saine concurrence»… Seulement, comment parler de “saine” concurrence, voire de concurrence tout court lorsque le mandat de l’expert est donné par le même donneur d’ordres, à savoir AXA ? Et comment parler seulement de concurrence quand le principe même de concurrence implique une liberté des tarifs pour les experts qui, puisque soumis aux mêmes contrats d’agrément et au même coût moyen sinistre, ne peuvent plus se permettre d’exercer les tarifs nécessaires à la rentabilité de leur cabinet, mais seulement ceux qu’autorise l’assureur ?La couleuvre de la “saine” concurrence risque d’être un peu difficile à avaler pour tout expert qui tient un tant soit peu à l’indépendance du métier de la tutelle des donneurs d’ordres...
Romain Thirion
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