Exclusif – Yakarouler en grève illimitée pour garder son patron!

Romain Thirion
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Piquet de grève devant Yakarouler ! Tout le personnel a cessé son activité depuis vendredi 14 mars pour réclamer –chose rare– le retour aux commandes de l’entreprise de son fondateur et patron. Evincé après de longs mois de pressions par le fonds d’investissement Serena Capital (actionnaire majoritaire), Yann Gyssels en a même attenté à sa vie et se trouve actuellement à l’hôpital dans un état jugé sérieux. Employés, actionnaires minoritaires –et même quelques fournisseurs– ont donc formé un front commun.
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Coutumier des affiches promotionnelles et des voitures garées par dizaines devant l’entrée du magasin, le siège de Yakarouler, à Thiais, a connu des jours meilleurs. Depuis vendredi 14 mars, l’accès au parking est bloqué par des palettes. Sur les grilles sont tendues des banderoles de soutien du personnel de la société à son P-DG, Yann Gyssels. Celui-ci est absent: il se trouve actuellement hospitalisé suite à une tentative de suicide. Son état est jugé sérieux, même s'il a repris conscience.Des employés qui réclament le retour aux commandes de leur patron, voilà qui n’est pas banal mais qui symbolise bien le lien qui unit le management de Yakarouler, ses actionnaires minoritaires (et solidaires) et les salariés eux-mêmes. Même certains fournisseurs sont venus apporter aux grévistes de quoi tenir leur piquet.Cette rébellion commune contre l’actionnaire majoritaire, le fonds d’investissement Serena Capital, présent dans une quinzaine d’entreprises dont LaFourchette.com et Aramis Auto, tient à l’éviction de Yann Gyssels de la direction de l’entreprise. Détenteur de 51% du capital depuis le mois de décembre, Serena a pris la décision de lui retirer les commandes suite au refus de celui-ci –et de la minorité de blocage– de s’aligner sur ses décisions. «Comme beaucoup de professionnels de l’automobile, Yann est un homme qui marche à la confiance et qui travaille à la parole donnée, et pas aux injonctions ou aux coups de bâton», confie Lily, sa compagne, très inquiète des conséquences médicales qui pèsent encore sur la santé de son compagnon.Prêts à se saborderPlutôt que d’accepter de conduire une politique entièrement acquise à l’exigence de rentabilité immédiate du fonds d’investissements, Yann Gyssels a donc préféré protéger ses amis de la minorité de blocage et ses 70 salariés, sur lesquels pesaient déjà le spectre d’un plan social. Ce qui lui a valu d’être écarté de la gestion opérationnelle de la société. Pourtant, l'exigence de rentabilité ressemble encore à une quête du Graal dans le petit monde de la distribution de pièces en ligne. Notre article sur les «ventes agiles mais rentabilité d’argile» des «pure players» –dont Yakarouler se démarque pourtant avec sa nouvelle stratégie de garages premium– le rappelle aisément. «La société a été bien gérée depuis 8 ans, assure Lily. Il faut que le modèle économique se rode. Toutes les sociétés du secteur connaissent ce problème.»Un problème qui pourrait s’avérer minime face aux risques que fait peser cette situation de grève sur l’entreprise. Son personnel est, en effet, déterminé à restaurer Yann Gyssels dans ses fonctions de directeur général de l’entreprise, quitte sinon à mettre la société à terre. L’issue doit être trouvée rapidement car dans le monde de la vente en ligne, le paiement se fait à la commande. Et l'internaute perdu se regagne difficilement un fois qu'il a changé de "boutique virtuelle". Au fil des jours sans livraison, la simple exigence de rentabilité risque de devenir gravement problématique,  surtout pour l’actionnaire majoritaire...
Romain Thirion
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