Pièces de réemploi : Global Crossing officiellement lancé

Romain Thirion
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Deux ans après le lancement de Global PRE, système de gestion et de référencement de la pièce de réemploi initié par le CNPA, la solution Global Crossing a enfin été lancée ce 19 mars. Grâce à cette véritable place de marché, chaque réparateur abonné pourra connaître la disponibilité de la pièce de réemploi qu’il recherche, en fonction de sa référence constructeur, et être mis en relation avec les centres VHU qui l’ont au stock. Et point question de tarifs fixes : acheteurs et vendeurs restent libres de négocier le prix de la pièce.
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«Notre produit est un outil 100% recycleurs, une solution métier ouverte et séparée de toute logique constructeur», a tenu d’emblée à rappeler Patrick Poincelet, lors de la présentation officielle de Global Crossing, ce 19 mars. «Hélas, certains concurrents ont jugé bon de créer leur propre système, donc nous ne sommes pas universels», a-t-il regretté, sans toutefois nommer ledit concurrent. Ce faisant, le président de la branche recycleurs du CNPA et de la société Global PRE a en fait adressé un petit tacle glissé à Indra, l’autre grand réseau de centres VHU, filiale de Renault Environnement et de SITA, dont le système "Précis" conçu avec Sidexa et réservé à ses clients experts et réparateurs a été lancé l’an dernier.Non, Global Crossing, développé avec ETAI et s’appuyant sur sa base de données, se veut ouvert à tous, lui. Même à ceux qui n’achéteront pas de pièces. Rien n’empêche, en effet, les experts, les assureurs, les plateformes de gestion de sinistres, etc., de souscrire eux aussi un abonnement pour se faire une idée du prix de chaque pièce et de leur disponibilité. Au contraire de ce que craignaient les recycleurs réunis pour l’assemblée générale de Global PRE et le lancement de Global Crossing, «les donneurs d’ordres ne pourront pas appliquer de pression aux tarifs de nos pièces de réemploi car leur rareté relative va permettre aux recycleurs de maintenir leurs prix, selon Patrick Poincelet. Au départ, la Macif avait dit qu’elle voulait pouvoir chiffrer. Mais elle s’est rendu compte que ce serait difficile.» Il n’empêche que les grands groupes d’assurances (Covea, Sferen…) et les "accident managers" (Capsauto notamment) se sont déjà montrés très curieux de ce nouveau système.La bonne référence au "bon" prixUne solution en ligne au fonctionnement très simple. En partenariat avec Global PRE, l’application informatique de référencement et de mutualisation des stocks visibles des pièces de réemploi entre centres agréés VHU, ETAI «génère un référentiel unique de pièces de réemploi entièrement traçables depuis leurs véhicules source». Il suffit pour le réparateur d’entrer dans le moteur de recherche de Global Crossing la référence constructeur de la pièce recherchée, puis le site affiche la liste des pièces de réemploi équivalentes. Apparaissent également le nom des recycleurs qui les détiennent, le prix public hors taxe fixé par chacun de ces recycleurs, la durée de garantie qu’il leur a fixé, la zone de livraison gratuite couverte, une photo de préférence et, si nécessaire, la couleur de la pièce s’il s’agit d’une pièce de robe. En cliquant sur n’importe quelle pièce affichée, le détail de celle-ci apparaît. Seul son kilométrage n’est pas mentionné puisque, comme l’a fort justement rappelé Patrick Poincelet, «il est interdit de reporter une information qu’il est impossible de valider avec certitude».Une fois la pièce choisie par le réparateur, celui-ci peut faire la commande de la pièce sélectionnée directement auprès du centre VHU, par téléphone ou par e-mail. Les deux parties peuvent ensuite librement discuter du montant de la remise. Une relation commerciale classique dans la réparation auto, en somme, car aucune commande ne se fait sur le site. Mais cela change assurément les perspectives pour les garagistes, quels qu’ils soient (RA1, RA2, MRA, carrossiers), dans les opportunités offertes aux clients. Non seulement le nombre de véhicules déclarés économiquement irréparables suite à sinistre pourraient sensiblement diminuer, mais dans le cadre d’une réparation classique, suite à une panne, par exemple, le prix de la pièce de réemploi pourrait servir de levier pour convaincre le client d’accepter une réparation qui aurait été coûteuse avec l’unique usage de pièces neuves. «Il n’y a jamais de réparation avec pièce de réemploi sans usage de pièce neuve : c’est souvent ce qui déclenche la réparation », soutient Patrick Poincelet.Au total, près de 300 000 pièces composent le stock disponible de Global Crossing, alors qu’il en comptait moins de 60 000 en juin 2013… Entre octobre 2013 et mars 2014, le nombre de pièces a gonflé de 196% ! Un stock constitué par seulement 45% des 90 démolisseurs participant à Global PRE. Lorsque l’intégralité des centres VHU membres de Global PRE aura intégré la totalité de son stock, celui-ci devrait gonfler encore davantage. Mais d’ici là, la demande aura commencé à faire son effet et l’augmentation devrait devenir beaucoup plus lente. Le jour où la demande sera plus forte que l’offre n’est, toutefois, pas encore envisagé car c’est tout un marché –et des réflexes– qu’il s’agit de mettre en place. D’ici fin 2014, toutefois, Patrick Poincelet espère atteindre les 100 adhérents chez les recycleurs et quelque 2 000 réparateurs abonnés.Le troisième étage d’une fuséeAvec le lancement de Global Crossing, c’est enfin le 3è étage de la fusée pièce de réemploi qui décolle. Il y a d’abord eu la mise en place de Global PRE, pour offrir un référentiel commun aux recycleurs, puis la campagne du "made in France" récemment lancée par le CNPA. Et maintenant, Global Crossing offre enfin aux réparateurs la possibilité de se fournir facilement en pièces de réemploi avec une connaissance réelle des prix et du stock disponible pour chaque référence. Ils peuvent même paramétrer, dans leurs préférences, la liste de leurs recycleurs favoris de prédilection, ou ceux qui correspondent le mieux à leur zone de chalandise. Quant aux centres VHU, ils peuvent en faire exactement de même avec leurs réparateurs favoris.Distribué par ETAI dans le cadre de ses contrats de partenariat et par la société Global PRE, Global Crossing sera disponible dans les tout prochains jours, à deux tarifs d’abonnement différents. L’un de 120 euros HT par an et par site, soit la très modique somme de 10 euros par mois, pour les professionnels adhérents d’un réseau. L’autre de 150 euros HT par an –12,50 euros mensuels– pour les indépendants sans enseigne. Un investissement bien vite amorti. Le réparateur pourra même configurer un accès restreint à Global Crossing à ses employés, pour la simple consultation de la base de données et le contact avec le fournisseur. Selon ETAI, le stock de pièces de réemploi de Global Crossing pourra même être consulté depuis Atelio Doc et Atelio Chiffrage. ETAI va d’ailleurs communiquer par courrier et e-mailing sur le lancement de Global Crossing vers ses 5 000 abonnés réparateurs et sa centaine d’experts abonnés. Et pas moins de 1 000 visites de commerciaux auront lieu sur le terrain.
Romain Thirion
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