Pièce de réemploi : un avenir radieux !

Jérémie Morvan
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Le marché de la pièce d’occasion va inéluctablement prendre de l’ampleur : plus écologique et économique que les pièces neuves, elles suscitent tout autant l’intérêt des consommateurs que des donneurs d’ordres…
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Dernière minute - A l'heure du bouclage de cet article, la rédaction apprenait que certains "francs-tireurs" auraient réussi à contourner les garde-fous de la traçabilité des pièces pour proposer à la vente des pièces de rechange estampillées "échange standard" qui ne sont autres que des pièces de réemploi (notamment injecteurs common rail). Un grand nom de la rechange serait sur le point d'assigner un indélicat. Nous y reviendrons... Pour autant, ce qui semble être une exception ne doit pas remettre en cause la filière de déconstruction dans son ensemble ni les process de traçabilité évoqués dans cet article...A suivre!L’utilisation de pièces dites “de réemploi” (PRE), ou pièces d’occasion dans les réparations, bénéficie d’un contexte éminemment porteur. Moins chères (certains réseaux annonçant des différentiels de prix allant jusqu’à -70% par rapport à la pièce neuve), surfant sur une vague aussi écologique que citoyenne puisque "made in France", elles permettent en outre aux constructeurs d’automobiles de pouvoir répondre aux très prochaines exigences de Bruxelles en matière de recyclabilité des véhicules commercialisés dans l’Union européenne, à savoir atteindre dès 2015 un taux de recyclage de 95% du poids du véhicule.Mais les pièces d’occasion trouvent grâce aujourd’hui jusqu’aux assureurs (voir "ANALYSE – Pièce de réemploi: quand la Sferen trace l’avenir…"), qui commencent à se pencher sérieusement sur la question car permettant non seulement de juguler des coûts sinistre en hausse, mais aussi pour leurs assurés de conserver un véhicule âgé qui aurait été classé VEI sans elles. Les 300M€ que pèse le marché actuellement devrait donc prendre de l'ampleur. Et rapidement!
Une offre structurée et toujours plus vaste
Pour passer d’un stade embryonnaire à celui de marché en devenir mais à fort potentiel, la PRE manquait de lisibilité ; c’est aujourd’hui chose faite avec un statut de recycleur toujours plus normé (on est loin des "casses" d’antan…), ou encore la mise en place de référentiels pour la traçabilité des pièces. Ainsi, après Global PRE, l’outil informatique lancé en mars dernier par ETAI en partenariat avec le CNPA, baptisé Global Crossing, tout comme son pendant développé par -et pour- le réseau Indra (400 centres environ), sont deux exemples des "vitrines internet" dont dispose aujourd’hui la profession des recycleurs pour mettre en avant une offre aussi riche que (désormais) structurée. Aujourd’hui, chaque PRE mise sur le marché bénéficie d’une traçabilité, est testée, certifiée, et assortie d’une garantie. Et l'offre est vaste : Global Crossing revandiquait dès son lancement en mars dernier quelque 300 000 PRE à travers la mutualisation des stocks de 45 centres VHU seulement...Autre "place de marché" de la PRE avec opisto.fr, site internet lui aussi totalement ouvert lancé en 2011 et reposant sur un système de gestion informatique des stocks des démolisseurs, a accueilli depuis fin 2013 de très importants acteurs du marché à l’image des Ets Marin, de la société Allo Casse Auto (qui propose également sur un site en propre, pieceseco.com, son stock de 20 000 pièces environ, aux côtés de pièces neuves) en ce début d’année et, plus récemment, de GPA26. Résultat : opisto.fr rend visibles sur le net en temps réel les stocks de plus d’une centaine de centres VHU, soit plus de 200 000 pièces d’occasion ! Il ambitionne d’atteindre le double de PRE d’ici la fin de l’année… Ce site ne s’adresse d’ailleurs pas uniquement au grand public puisqu’il vient également de mettre les réparateurs «dans la boucle» en créant récemment un outil qui leur est dédié, afin qu’ils trouvent la(es) pièce(s) de réemploi recherchée(s) à des conditions tarifaires préférentielles.Reste que les volumes évoqués pourraient rapidement venir à ne plus suffire à la demande: «Avec nos réunion régionales sur l'outil Global Crossing et la récente note de la Sferen, explique Patrick Poincelet, président de la Branche Recyclage au CNPA, on assiste à un phénomène d'accélération sur la pièce de réemploi auprès des réparateurs.» Il se murmure même que d'ici la fin de l'année, un assureur devrait proposer un contrat low cost reposant sur l'utilisation de PRE pour les réparations effectuées sur les véhicules de ses assurés. Reste que «les centres VHU sont confrontés à une baisse très significative du nombre de véhicules à traiter, poursuit le président de la Branche Recyclage au CNPA, leur volume global étant passé entre 2011 et 2013 de 1,5 million d'unité à un peu plus d'un million... Une baisse qui semble s'installer dans la durée puisque les estimations pour 2014 oscillent entre -10 et -15%. Et si l'on récupère en moyenne 10% de pièces en plus par véhicule, cela ne compense pas la baisse de volumétrie.»
Les assureurs sur le coup…
L’intérêt des assureurs pour cette alternative à la pièce neuve dans le cadre des réparations effectuées sur le véhicule de leurs assurés ne date certes pas d’hier, et diverses expériences ont été menées en local avec des garages-pilote. Mais il manquait justement cette structuration de l’offre, et à travers elle la traçabilité des pièces, qui leur permet aujourd’hui (ou à tout le moins dans un avenir très proche) de sauter le pas.La note interne de la Sferen (Maif et Matmut) citée plus haut et intitulée «Référentiel réparateur et expert sur l’utilisation de la PRE», rend compte du degré de maturité des assureurs pour cette alternative à la pièce neuve, capable de faire baisser le coût sinistre et d’éviter que de trop nombreux véhicules ne soient classés VEI (voir «ANALYSE – Pièce de réemploi : quand la Sferen trace l’avenir…»).Revenant sur l’inéluctable progression des pièces de réemploi, cette note compile ainsi toute une série d’éléments de langage à dispenser à son réseau de réparateurs agréés et d’experts pour promouvoir la pièce de réemploi auprès du client final. Lue entre les lignes, pas de doute possible : elle montre que même si la période est à l'éducation conviviale des experts et des réparateurs, la systématisation de son emploi en réparation-collision est bel et bien décidée...Les premières pages de la success story de la pièce de réemploi semblent bien sur le point d’être écrites…
Jérémie Morvan
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