Le marché du pneumatique en proie à la morosité en 2014

Romain Thirion
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Avec l’évolution des modes de déplacement et un climat clément pour la deuxième année consécutive, le marché du pneu TC4 (VP, VUL et 4x4) est resté très contenu en 2014. Le volume global a même reculé pour la première fois depuis 2009. Mais dans ce contexte plutôt défavorable, les marques premium continuent −plus que jamais− de dominer les ventes.
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Il n’y a pas de mystère : l’évolution des modes de déplacement, notamment en milieu urbain, ne sourit pas forcément aux ventes de pneumatiques, surtout en ce qui concerne les VP, les VUL et les 4x4, regroupés dans ce qui est communément appelé le segment TC4. Ainsi, selon l’étude GfK basée sur le panel du Syndicat des professionnels du pneu (SPP), le volume total écoulé sur le marché a baissé de 0,5% (soit 85 000 enveloppes) par rapport à 2013, qui avait bénéficié d’un mois de novembre record ayant permis d’écouler, à lui seul, plus de 1 million de pneus.Le recul quasi continu du taux de remplacement de pneu TC4 depuis 2003 répond aux mêmes causes chaque année : diminution de l’équipement des ménages en véhicule personnel, baisse du kilométrage moyen y compris le week-end, développement du co-voiturage et des transports en commun… Bref, autant de paramètres dont les professionnels de la distribution et de la vente de pneumatiques sont tenus de prendre en compte et auxquels ils doivent réagir.
Merci le pneu été !
D’autant que les négociants spécialistes, principaux membres du SPP, ont vu leurs parts de marché baisser en 2014 (-1,9% en tourisme, -3,4% en 4x4 et -1,3% en VUL). Une baisse qui profite aux centres auto, qui limitent la casse, mais surtout aux autres canaux, notamment l’après-vente constructeur, les MRA et Internet. Ensemble, ils ont vu leurs parts de marché croître de 2,3% sur le segment tourisme, 4% sur le 4x4 et 1,4% sur le VUL ! «On remarque, notamment, un retour en force des réseaux constructeurs dans le chiffre d’affaires pneumatiques, surtout des pneus hiver, souligne Régis Audugé, directeur général du SPP. Aujourd’hui, la prestation représente 20 à 30% de leur chiffre d’affaires, au même niveau que les centres auto.»Pourtant, ces fameux pneus hiver n’ont pas connu une si belle année que ça en 2014, en témoigne la baisse de 18,2% des volumes, correspondant à quelque 550 000 unités de moins qu’en 2013. «Nous connaissons toujours le problème de faire comprendre aux clients la différence entre pneus neige et pneus hiver, confesse Régis Audugé. Et de bien ancrer dans l’esprit des automobilistes que, dès que la température descend sous les 7%, le pneu hiver offre de meilleures conditions de sécurité que le pneu été.»C’est donc, sans surprise, la vente de pneus été qui a permis au marché de ne pas sombrer et de se maintenir à “seulement” 0,5% de volume en moins qu’en 2013. Celle-ci enregistre, en effet, une progression de 4%, soit 516 000 pneus vendus en plus par rapport à 2013.
Le premium en force
Si le marché baisse légèrement en volume, il n’est pas pour autant tiré vers le bas en termes de prix, même avec la concurrence des pure-players de la vente de pneus en ligne. «Internet se bat surtout sur la disponibilité de certaines dimensions et sur le service, pas sur le prix», reconnaît Régis Audugé. Mais globalement et même sur le web, les marques premium continuent de dominer le marché, à hauteur de 63,1% des volumes, hors rechange constructeur. «Si nous rajoutions l’OES dans le panel GfK, les marques A auraient jusqu’à 80% des volumes vendus», précise le directeur général du SPP.Même si leur volume a baissé de 2,3% en un an, le prix des pneus premium –ceux de marque Michelin, Continental, Bridgestone, Pirelli et Goodyear/Dunlop– ont vu leur prix croître de 0,6%. Suffisant pour maintenir leur domination face aux autres acteurs du marché, les marques B, les “tradebrand” (autrement dit les MDD et assimilés) et les autres, constitués pour la plupart de marques dites budget.
Le pneu PL résiste
En effet, en comparaison, les marques B ne représentent que 16,5% des volumes, en recul de 1,8%, et subissent une érosion de leur prix encore plus importante : -7,6% ! A l’inverse, les prix des “tradebrand” ont bondi de 16,1% mais ont reculé encore plus, à hauteur de -4%... Quant aux autres pneumatiques, eux aussi ont reculé en volume (-2%) comme en prix (-8,3%).Reste que, malgré le contexte économique difficile dans lequel le poids lourd évolue, les ventes de pneus PL, elles, se maintiennent voire progressent. Surtout les pneumatiques neufs, dont les ventes ont crû de 3%. Une aubaine pour les spécialistes ? Pas forcément, selon Régis Audugé : «en poids lourd, 15 à 20% des ventes sont réalisées par les manufacturiers en direct».Une concurrence qui n’était pas si forte jusqu’à récemment. Mais les manufacturiers bénéficient, naturellement, des accords grands comptes qu’ils signent. La progression du pneu PL ne concerne, toutefois, que l’offre neuve et non l’offre rechapée qui, elle, a reculé de 0,9%. «Il y a un effet de plateau sur le pneu rechapé, reconnaît le directeur général du SPP. Il ne progresse plus vraiment car l’effet de prix profite au pneumatique neuf.»
Romain Thirion
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