Exclusif – RA1 monteurs de Mister-Auto (suite): réunion au sommet avec PSA !

Jean-Marc Pierret
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Les réseaux RA1 et RA2 de Peugeot et Citroën viennent d'être informés que la réunion au sommet qu'ils exigent avec la direction du commerce de PSA va bien avoir lieu : ce sera le 17 juin, au siège du Groupe. Ils veulent voir le brûlant dossier “Eurorepar/Mister-Auto” mis sur la table et réglé. Et, puisque le constructeur a mis si brutalement en lumière la question du tarif, ils n'excluent pas d'évoquer les prix-catalogue de PSA, selon eux trop souvent déconnectés des réalités concurrentielles du marché de la pièce...
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C’est pour bientôt : le 17 juin, soit dans 15 petits jours, la direction Commerce de PSA va recevoir à leur demande les quatre délégations des groupements de concessionnaires et d'agents Peugeot et Citroën. Il ne manquera qu'Euro Repar Car Service. Point de sectarisme méprisant toutefois : juste parce qu’il n’existe pas d’instance représentative du 3ème niveau de réseau de PSA. C’est d’ailleurs dommage pour une enseigne qui pèse plus de 1 000 adhérents. Une idée pour plus tard ?
Une grande première
En attendant, les quatre groupements reçus en même temps et sur un même sujet, c’est déjà historique. Car c’est la première fois qu’audience groupée est ainsi demandée et obtenue, peut-être même une première dans toute l’histoire des réseaux constructeurs en France. Un vrai conseil de famille à la hauteur de l’enjeu : la colère de tous les RA (Réparateurs Agréés) des enseignes de PSA, “RA” des villes comme “RA” des champs, depuis qu'ils ont découvert par un courrier du 20 mai qu’ils devraient “monter” de la pièce vendue par Mister-Auto, Eurorepar comprise (voir  «PSA : les RA1 refusent d’être centres de montage de Mister-Auto !» et «RA1 monteurs de Mister-Auto (suite) : décision de PSA à “l’emporte-pièces”»). Le tout, alors même que tous les DOPR (Distributeurs Officiels de Pièces de rechange) viennent d’être résiliés par lettre avec AR sans encore savoir comment leurs entreprises survivront à cette perte d’activité. En tout cas, celles qui ne seront pas repêchées par le nouveau réseau logistique de seulement 50 points de ventes pièces (voir «“Back in the Race” : PSA révolutionne son après-vente !»).PSA a-t-il enfin pris la pleine mesure de la fronde qu’il a bien imprudemment générée ? Et des erreurs d’évaluation, psychologiques au moins, qu’il a de toute évidence commises ? Nos lecteurs des réseaux concernés lui ont expliqué avec tout leur bon sens terrain au fil de leurs 31 commentaires sur notre site (retrouvez-les en cliquant ici et ici). Ils trouvent déjà cavalier que le constructeur décide unilatéralement, sans concertation, qu’ils pourront facilement se passer de 50% d’une facturation atelier quand le client viendra avec sa pièce Eurorepar.Mais ce qu’ils supportent encore moins bien, c’est l’effet “kiss pas cool” que peut avoir la décision sur leurs clients actuels : comment leur répondre quand ils constateront que la pièce Eurorepar qu’ils payaient sans hésiter “100” dans leurs ateliers Citroën ou Peugeot est maintenant achetable à 40 sur le site Mister-Auto… du constructeur ? Selon eux, cette inconséquente confrontation des tarifs, à l’heure où internet rend tout désespérément transparent, est suicidaire. Ils sont certains qu'elle va déboucher sur une destructrice remise en question de tout leur modèle économique... Voilà qui, en passant, nous rend humbles, nous qui pensions avoir décelé l'ébauche d'un cercle vertueux naissant pour le couple Mister-Auto/réseaux PSA dans notre article «PSA/Mister-Auto (suite) : les petits secrets du grand… mystère auto»...Car c’est pour l'instant un cercle très vicieux que les concessionnaires et agents vont réexpliquer le 17 juin aux patrons du commerce de PSA, desquels ils espèrent une réelle volonté de revoir drastiquement la copie, pas un exercice de style pour leur “revendre” autrement la décision initiale. Mais les quatre groupements savent aussi qu’ils ne viennent pas seulement avec leurs grands mots et leurs gros maux : elle a bel et bien commencé, la «grève de la pièce» qu’un de nos lecteurs évoquait dans un des commentaires comme “moyen de pression”. Et à l’initiative de quelque(s) mastodonte(s) du réseau ayant sûrement autant de poids que les voix cumulées de plusieurs milliers de RA1 et RA2. Avec, à la clé, une revendication ferme et claire au moment où nous bouclions ces lignes : faire retirer fissa la gamme de pièces Eurorepar de Mister-Auto…
Un mal pour un bien ?
Il est évidemment trop tôt pour savoir si cette réunion accouchera de grands sourires... ou d'une petite souris. En attendant, plus question pour nous d'accéder aux arguments et contre-propositions que les émissaires des RA1 et RA2 listent et peaufinent : comme nous l’expliquions dans notre dernier article, un couvercle étanche scelle désormais les préparatifs de cette rencontre. Assurément, les membres des réseaux veulent ainsi mettre toutes les chances de leur côté : ils savent la susceptibilité naturelle du constructeur, peu habitué à se voir ainsi déjugé par tous et pire, en public ; et ils comptent bien réussir à le faire reculer sans avoir besoin d’en appeler aux médias.Veulent-ils faire revenir leur constructeur au statu quo actuel ? Pas si sûr : d'un mal peut aussi sûrement sortir un bien que d'un affrontement, des concessions respectives. Les membres des réseaux PSA ne sont de toute façon pas contre une évolution de leur offre qui puisse intelligemment se mâtiner d’internet. Il y a sûrement des solutions intermédiaires intelligentes, comme des offres forfait. Des forfaits avec remises, même. Du rendez-vous en ligne, des promos bien pensées capables de racoler des do-iteurs lassés de leurs week-ends penchés sous des capots... Tout plutôt que l’objet de leur colère : l’aberrante et provocante présence de pièces Eurorepar à -60% sur un Mister-Auto appartenant au constructeur. Ça, c'est pour eux la pire des indécences...
La grande question du tarif pièces de PSA...
Un autre thème sera peut-être mis sur le tapis de cette rencontre du 17 juin. S’il s’agit de s’adapter au budget des automobilistes «de plus de 5 ans» ou de «plus de 8 ans», que le constructeur balaie d'abord devant la porte de ses prix de cession de pièces si souvent trop chers, avant de venir poser l’offre explosive de Mister-Auto devant les baies de service des réseaux. En fait, voilà bien ce qui les a tant agacés : PSA vend “ses” pièces à “ses” prix et à “ses” marges, que ce soit à “son” Mister-Auto ou à “ses” réseaux. Des réseaux qui, en aval, doivent ensuite se débrouiller avec ces pièces achetées trop cher, donc mal positionnées et parfois mal margées. Et en plus, il leur faudrait faire face à une concurrence interne à -60% ?!Alors, ils l’ont dit et vont peut-être bien le faire : profiter de cette réunion pour exiger que le constructeur revisite d'abord ses propres prix de cession pour qu’eux puissent enfin faire des offres cohérentes à ces pauvres clients soudés à leurs voitures “anciennes”. Pour résumer : que les tarifs actuels du constructeur soient enfin plus raisonnables pour leur permettre de satisfaire leurs clients et prospects avant de les leur faire perdre par d’hypothétiques stratégies internet prétendument «gagnant-gagnant» mais, selon les ateliers logotés PSA, inéluctablement "perdant-perdant".Car ils en frémissent d'avance : si les clients se mettent à croire que les pièces ont toujours été trop chères dans les réseaux, “preuve” Mister-Auto à l’appui, qui paiera l’addition sinon toute l’après-vente du constructeur, voire toute l'après-vente en France ?Dès le 18 juin, on vous tiendra au courant...
Jean-Marc Pierret
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