Tsunami logistique: Mister-auto, Oscaro et Mobivia congédient leurs plateformes…

Jean-Marc Pierret
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Mister-Auto, Oscaro et même Mobivia ont tous les trois décidé de se donner les moyens de stocker les pièces qu'ils achetaient jusqu'alors massivement auprès de plateformes indépendantes ou liées à des groupements et logisticiens du secteur. Pour ces derniers, au moins 300 millions d'euros d'achats vont ainsi s'évaporer en quelques mois. Un Tsunami logistique : il n'y a pas de solution alternative susceptible de compenser une telle perte brutale d'activité...
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Mister-Auto stocké à PSA-Vesoul, Oscaro qui loue 22 000 m2 à Cergy (95), pendant que Mobivia (Norauto) finalise 23 000 m2 logistiques à Plessis-pâté dans l’Essonne : la mode est au stockage intégré des pièces. La logique de ces grandes manœuvres, on l'a déjà évoquée en expliquant la semaine dernière le changement de stratégie d'Oscaro (voir «Oscaro loue un site logistique de 22 000 m2 à Cergy !»). Qu'il s'agisse des deux sites de ventes en ligne en mal de rentabilité comme du puissant Norauto toujours à l'affût d'une rationalisation, tous les trois reconstituent leurs marges. En s'appropriant ainsi tout ou grande partie de stocks jusqu'alors sous-traités à des plateformes et/ou des groupements traditionnels, ils achètent évidemment moins cher...Certes, tous n'ont pas nécessairement les mêmes raisons et les mêmes objectifs. Pour Mister-Auto comme pour Oscaro, les contextes sont à peine différents. Racheté par PSA, Mister-Auto rend ainsi service au constructeur qui a besoin de rentabiliser Vesoul et veut y construire une logistique pièces digne de son vaste projet alliant pièces d'origine, MDD Eurorepar et pièces équipementières (voir nos articles sur mister-auto). Mais pas seulement : Mister-Auto accroît aussi ses marges en s'appropriant ainsi celles de son ancien tissu logistique. Même stratégie chez Oscaro qui n'a de services à rendre à personne d'autre qu'à lui. Mais il a aussi besoin d'embellir ses comptes, même si ces derniers mois l'ont vu mieux respirer en la matière.Quant au très discret Mobivia dont une belle partie du 1,65 milliard de CA se réalise en France, ses desseins sont moins évidents. Mais une certitude au moins : si le géant investit ainsi dans 23 000 m2 en Essonne, ce n'est sûrement pas pour s'offrir une piste de kart indoor...
Un séisme pour les fournisseurs logisticiens
Ces mouvements, bénéfiques pour leurs trois initiateurs, s'annoncent en revanche d’une violence inouïe pour ceux qui vont les subir de plein fouet. En occultant même les inquantifiables volumes d'achats pièces de Mobivia en France, les seuls volumes d'achats cumulés de Mister-auto (120 millions d'euros de CA) et Oscaro (près de 300 millions)  représentent déjà... la moitié des quelque 600 millions d'euros que la vente des pièces en ligne (hors pneumatiques) représente en France.Du coup, 300 millions d'euros d'achats au bas mot vont se dérober sous les pieds d'intermédiaires logistiques dont une très importante partie du chiffre d'affaires dépend aujourd'hui des achats des deux sites et du groupe de centres auto et spécialistes (Norauto, Midas, etc.). Le séisme de ces réintégrations logistiques massives va être d'autant plus violent qu'il s'annonce brutal : Mister-Auto, Oscaro et Mobivia vont déployer leurs nouvelles logistiques intégrées à peu près au même moment, entre avril et juillet prochains...
Plateformes : pas de vraie solution alternative
Qu'importe les noms des entreprises trop dépendantes qui sont potentiellement victimes de ces trois décisions concomitantes. Ce qu'il suffit de savoir, c'est que quelques belles plateformes, indépendantes ou liées à des groupements et des logisticiens, vont prendre le reflux de plein fouet sans s'y être toutes préparées. D'autant que l'activité des plateformes n'est guère florissante en soi (voir "Plateformes régionales : l’hécatombe annoncée…»).Il est certes toujours facile de réécrire l'histoire. Mais c'est un fait que quelques plateformes vont sûrement regretter de s'être trop habituées à vivre principalement de la manne de ces pure players alliant il est vrai deux fantastiques atouts : les croissances longtemps exponentielles des sites de pièces en ligne doublées de leur besoin de se fournir à foison en marques et pièces que les grands équipementiers ne voulaient pas tous leur vendre en direct.Mais ça, c'était avant. Avant que Mister-auto, Oscaro et Mobivia ne décident de se réapproprier leurs logistiques, forçant les équipementiers à les livrer directement et leurs actuels partenaires logistiques, à rechercher dans l'urgence des solutions alternatives. Et le problème, c'est qu'il n'y en a pas ; en tout cas, pas à l'échelle des quelque 300 millions d'achats qui s'apprêtent à s’évaporer en seulement quelques mois...
Jean-Marc Pierret
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