Pièces Mopar « Prime Parts »: Fiat lance une MDD… plus forte que l’origine!

Jean-Marc Pierret
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Fiat Chrysler Automobiles vient de discrètement briser un tabou : en lançant une marque de pièces baptisée «Prime Parts», le constructeur crée une MDD pourtant réputée d'emblée comme meilleure et plus chère que... ses pièces d'origine !  Étonnant, voire inquiétant. Mais signe des temps ? 
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L'info aurait presque pu passer inaperçu : Mopar, la marque de pièces et d'accessoires de FCA (Fiat Chrysler Automobiles), vient de lancer un “label” baptisé «Prime Parts». Cette naissance n'est pourtant pas anodine : c'est probablement la première fois qu'un constructeur lance une MDD communiquée ni plus ni moins comme une «alternative premium pour les pièces d’origine qui vise à proposer une gamme de références complémentaires encore plus performantes que celles montées sur les modèles du groupe en usine» ! Mieux : cette marque Prime Parts affiche tout de go la couleur dans un slogan lui attribuant «les pièces d'origine nouvelle génération».Il ne s'agit certes, pour l'instant au moins, que de quatre références de filtres d'habitacle anti-allergènes à charbon actif. Nous sommes donc loin d'une déferlante. Mais au moins symboliquement, le constructeur prend le risque, avec une nouvelle marque positionnée «pièces d'origine», de briser un tabou que les autres constructeurs n'osent pas toucher : théoriquement, il n'y a pas d'alternative à la sacro-sainte marque de pièces du constructeur. Et encore moins de place possible pour une MDD plus performante, fût-elle “maison” !
Hérésie de tarif et de positionnement ?
Ce tabou est d'autant plus violemment brisé par FCA qu'il joint l'hérésie du positionnement à celle du prix : le même communiqué précise que «le tarif n’est seulement supérieur [que] de 10 € par rapport aux filtres d’origine». Une MDD serait donc possiblement meilleure et plus chère que la pièce d'origine ? Il existerait donc des pièces d'origine de meilleure origine que les pièces d'origine ? Mais alors, si la pièce d'origine devient une notion relative, elle est finalement comparable à quoi ?Et c'est là que l'autre chemin emprunté par PSA (des pièces équipementières alternatives aux pièces d'origine), vient complexifier la compréhension : si une MDD peut être ici meilleure qu'une pièce d'origine, pendant qu'ailleurs, une pièce équipementière peut s'y substituer (et tout cela de l'avis même des constructeurs), c'est tout le bréviaire habituel qui en sort potentiellement chamboulé. Les réparateurs agréés ne risquent-ils pas d'y perdre leur latin, eux qui sont encore nombreux à croire −ou qui ont au moins besoin d'arguments tarifaires pour faire croire− qu'une pièce constructeur reste plus performante que celle produite par l'équipementier et, a fortiori, que celle issue d'une MDD inconnue ?On a bien compris que les constructeurs cherchent toutes les façons de compenser leurs pertes de parts de marché en pièces et en atelier. Mais s'ils jouent les pompiers pyromanes en prenant des initiatives contradictoires qui viennent écorner, chacune à leur façon, les fondamentaux de la pièce d'origine, ce ne sont plus seulement les réparateurs agréés qui pourraient perdre leurs repaires. C'est surtout le marché de la pièce dans son ensemble qui, privé de la cohérence de son référentiel historique, risque de finir par dévisser...
Jean-Marc Pierret
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