EXCLUSIF – Sites de pièces en ligne: ventes agiles, mais rentabilités d’argile…

Jean-Marc Pierret
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Reconnaissons-le : avec ou sans le Crédit impôt Recherche qui agace tant Thierry Talbot, Oscaro aurait été petitement certes, mais globalement rentable entre 2009 et 2011. Reste que les bilans d'Oscaro, Yakarouler et Webdealauto que nous sous sommes procurés sont clairs : le modèle de la vente de pièces en ligne est pour l'heure faiblement rentable... voire carrément déficitaire !
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 (*)CIR: crédit impôt recherche - (**)exercice décalé de début avril à fin mars - ND : Non déterminé

En préalable, nous devons une excuse à Oscaro, le premier des sites de ventes de pièces en ligne. Dans le cadre de notre récent article sur le "coup de gueule" de Thierry Talbot contre lui (voir "Thierry Talbot accuse Oscaro d'être rentable grâce à un crédit d'impôt"), nous croyions savoir qu'il n'aurait pas été rentable en 2011 sans ce coup de pouce en "crédit impôt recherche" (CIR) que le distributeur AD considère comme faussant la concurrence.
CIR, vous êtes trop bon...
A la lecture de son bilan, il semble qu'il n'en ait rien été cette année-là : même si nous retranchons les 446 647 euros rendus par l'Etat en 2011, il aurait affiché un bénéfice de 83 134 euros. 2010 en revanche est différente : il aurait plongé de 38 303 euros sans l'apport du crédit en question. Enfin, en 2009, il aurait dégagé 86 011 euros avec ou sans le CIR.Reste que le résultat des trois années du leader de la vente de pièces en ligne, tel qu'il serait apparu sans la béquille du CIR, n'a rien de phénoménal : pour un superbe chiffre d'affaires cumulé de 301 260 773 € sur la période, il aurait alors affiché 130 842 € de résultat positif sur 36 mois (au lieu du 1,024 million affiché par ses bilans), soit une modique rentabilité de 0,0434% (au lieu de 0,34%, ce qui n'est de toute façon guère spectaculaire en soi)...L'analyse n'est que superficielle : tels que présentés, les chiffres publiés par Oscaro sont assez difficilement interprétables. Mais rendons à César ce que le commissaire aux comptes Deloitte, spécialisé en outre en économie dite "digitale", a certifié : Oscaro a au moins le mérite d'atteindre la rentabilité en affichant des taux de progression annuels impressionnants : entre 2009 et 2011, il a quasiment triplé son chiffre d'affaires. Et renseignements pris auprès de certains de ses fournisseurs, la Coface ne s'alarme guère qui garantit des encours conséquents...
Un modèle coûteux ?
Il n'en demeure pas moins qu'à la lecture du tableau ci-dessus, les acteurs de la vente en ligne ont apparemment un problème de modèle économique. Entre 2009 et 2010, Yakarouler a perdu plus d'1,3 million d'euros pour un CA cumulé d'un peu moins de 14 millions d'euros. Quand à webdealauto.com, c'est pire : il chute de plus d'1,5 million en deux ans, pour un chiffre d'affaires de "seulement" 11 millions d'euros, en recul d'une année sur l'autre...Pour les autres sites, nous n'avons pas encore de chiffres certifiés. Misterauto.com affirmait, en avril dernier à l'occasion d'un reportage sur la "Misterauto Académie", être proche de la rentabilité. Ce qui signifie qu'il ne l'était pas et laisse entendre qu'il l'était encore moins les années précédentes. Quant à piecesetpneus.com, on sait que les espoirs de son fondateur Ferron, distributeur-stockiste à Vitré (35), ne sont pas récompensés...De toute évidence, si les ventes en ligne sont agiles, leurs pieds sont plus en argile qu'en argent...
Jean-Marc Pierret
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