Réseau AD: de la résistance à la reconquête

Jean-Marc Pierret
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Refaire vite surface après deux mois de confinement et une chute de 80% d'activité est déjà un challenge. Mais le réseau AD, fort et fier d'être resté massivement sur le pont et d'avoir affronté les multiples embuches d'une période folle, a bien l'intention de se donner les meilleures chances de rebond avec un plan de relance ambitieux chargé de ne rien rater de la reprise en cours et de son été porteur...
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Présence télé renforcée avec un budget à +40% à partir du 15 juin, promos ciblant les demandes majeures du moment (forfaits entretien, pneus, contrôle technique), 2,5 millions de flyers distribués en boîtes aux lettres (là encore, freinage, entretien, pneus, contrôle technique), une «Semaine la plus Sûre» fin juin-début juillet communiquée tous azimuts en point d'orgue (diagnostic), le tout sur fond de campagnes SMS pour réactiver les fichiers clients des réparateurs AD : c'est la fête de la relance dans le réseau AD.

Renforcer l'élan

Ce qui prime : une claire volonté de démultiplier au mieux et au plus vite la dynamique que le réseau AD a su conserver durant le confinement. Le fameux “départ-lancé” dont il peut bénéficier comme tous ceux qui, durant ces deux mois d'un confinement façon “œil de cyclone”, ont su à la fois s'organiser et se préparer à prendre au mieux les premiers vents de la relance.

Au moins 60% des réparateurs AD sont restés sur le pont, ouverts ou d'astreinte, souligne Fabien Guimard, directeur des réseaux VL, servis par la même volonté des distributeurs de rester opérationnels. «Mais en fait, tous les adhérents sont restés attentifs aux prestations demandées par les acteurs de première et deuxième lignes. Il y a eu 100% de services de proximité», précise Laurent Desrouffet, DG des réseaux VL.

Ils l'ont fait par culture du service et de la proximité, notamment envers les personnels soignants et de sécurité, mais aussi avec l'appui du dispositif déployé par la tête de réseau. «Il fallait par exemple, dès les premiers jours, apporter une information sûre quand les mesures gouvernementales se succédaient dans une ambiances d'informations multiples et parfois contradictoires», se souvient F. Guimard. C'était par exemple le rôle de la hotline dont la fréquentation a bondit à 98%, de l'extranet du réseau et sa rubrique «Covid-19» mise constamment à jour ou de l'assistance juridique AD, précieuse pour défricher et interpréter les aides gouvernementales...

Satisfecit et supplément d'âme

L'occasion pour Laurent Desrouffet d'évoquer l'esprit réseau et «son âme faite de relations humaines, de confiance et d'entraide». Cédric Vauchel, réparateur AD et président de la commission AD Mécanique comme Jérôme Joulia, patron de 3 carrosseries et président de la commission AD Carrosserie, vont le confirmer : non seulement le dispositif déployé par la tête de réseau les a soutenus, mais ses équipes ont apporté le soutien psychologique nécessaire pour extraire les quelque 2 000 adhérents de l'urgence et de l'isolement.

«Il a été très réconfortant de nous sentir accompagnés par les distributeurs et la tête de réseau, raconte C. Vauchel ; nous avons pu avoir des échanges permanents et à toutes heures, ce qui a facilité les prises de décision, autant fiscales, légales qu'organisationnelles». Même satisfecit de Jérôme Julia : «le confinement nous a brutalement coupé les ailes alors que l'activité était soutenue depuis le début de l'année. Nous progressions en chiffre d'affaires comme en productivité», se souvient-il. Au-delà du violent coup de frein et de l'inédit blocage, des questions vitales se sont posées tout de suite, comme «la responsabilité pénale du chef d'entreprise ; Autodistribution nous a vite informés, soutenus et de fait, protégés. J'ai été impressionné par le présence de toutes les équipes ; tout s'est fait naturellement».

«C'est surtout quand les difficultés arrivent que l'on démontre la solidité d'un modèle, résume Jérémy de Brabant, DG de PHE. Nous avons tous beaucoup appris sur nos métiers, sur notre rôle économique, sur notre courbe d'apprentissage accélérée et sur la qualité de l'engagement de tous, distributeurs et réparateurs».

Accompagner la relance

Ce qui ne tue pas rendant plus fort, l'heure est donc maintenant à la relance active. A commencer par cet effort d'1 million d'euros sous forme d'annulation et de reports d'échéances de cotisations réseaux et étendu d'ailleurs au réseau Autoprimo (voir aussi «Nouveau départ pour Autoprimo»). «Nous n'avons pas attendu les demandes des adhérents pour déclencher cette mesure de soutien», précise Fabien Guimard.

Le reste renoue avec les fondamentaux du business, seuls à même de remplir à nouveau des ateliers trop longtemps vidés d'activité. En parallèle de la présence accrue en TV (3 spots spécifiques dédiés sur M6, TF1 et les principales chaînes TNT) et des plans promos adaptées aux besoins des consommateurs, les adhérents peuvent s'appuyer sur un guide pratique de reprise d'activité incluant tous les points-clés propres au déconfinement : consignes hygiène et sécurité, organisation des salariés et des ateliers, prise en charge sanitaire des véhicules et de l'accueil clients et bien sûr, conseils et soutiens à l'activité.

Ruisseaux, torrents et rivières

Et puis, il y a tous les autres petits et grands ruisseaux qui viennent abreuver la relance des ateliers AD. Comme l'aide des apporteurs d'affaires qui, salue Laurent Desrouffet, ont anticipé, pour 90% d'entre eux, des évolutions tarifaires prévues pour 2021 (nous n'en saurons pas plus sur les 10% restés droits dans leurs bottes financières). Comme l'accélération des délais de paiement de la Plateforme de Prestation de Services d'Autodistribution (accords grands comptes), qui a permis aux pires moments de vite reverser 11 millions d'euros au réseau durant le confinement afin d'aborder maintenant la reprise en meilleure posture financière. Comme le service SMS déployé pour chaque adhérent (là encore, AD comme Autoprimo) permettant à coût réduit de contacter régulièrement 1 000 automobilistes parmi sa base clients.

Ou comme l'apport bienvenu de la digitalisation des rendez-vous, tout autant utile aux ateliers qu'aux internautes-automobilistes soucieux de valider à distance la qualité sanitaire de l'accueil. Et ce ruisseau-là prend des allures de torrent : les semaines record en rendez-vous générés par AD.fr ou IDGarages confortent le digital en premier apporteur d'affaires. Yannick Savina, directeur marketing Autodistribution, compte sur le renforcement des achats de adwords, la profusion de coupons, les affiliations, les réseaux sociaux et sur le tout nouveau parcours-client simplifié du site IDGarages pour atteindre un objectif ambitieux :+40% de visiteurs uniques sur les deux sites pour que 4 millions de visiteurs uniques génèrent 28 000 rendez-vous en ligne, soit 5 M€ de business pour le réseau.

Saisir le “retour de l'automobile”

De quoi, espère la tête de réseaux, capter au mieux la dynamique que semblent vouloir manifester les automobilistes eux-mêmes. D'abord parce qu'il faut bien remettre en route les voitures trop longtemps immobilisées. Ensuite et surtout parce que la période estivale s'annonce potentiellement porteuse.

A ce titre, Laurent Desrouffet se dit «raisonnablement optimiste». Citant le sondage Bip&Go qui évalue à 86% le nombre de Français souhaitant privilégier les vacances en voiture, il souligne que cette pandémie réinstalle l'automobile «dans son rôle de transport sécurisé, contredisant la déjà vieille tendance au “car Bashing”». Et l'été en voiture, ce sont des contrôles techniques préalables, des révisions préliminaires et surtout, des kilomètres de nouveau parcourus qui concourront à maintenir l'activité dans les mois qui viennent.

Une perspective particulièrement souhaitable pour les carrossiers qui, eux, ne peuvent compter que sur des véhicules qui roulent. La densité de la reprise semble ainsi pouvoir aussi leur sourire. Alors que beaucoup craignent encore qu'ils se préparent une dure rentrée, AD semble moins pessimiste. Ce que semble confirmer Jérôme Julia : «Dans mes ateliers, la reprise s'est effectuée avec 75% de réparations différées et 25% de nouveaux rendez-vous ; la proportion s'est maintenant inversée».

Comme quoi, en entretien-réparation aussi, le pire n'est jamais certain....

Refacturation des coûts de mise en sécurité sanitaire : les deux réalités du réseau AD

Dès le début du déconfinement, les garages AD ont décidé de ne pas refacturer aux clients les frais de mise en sécurité sanitaire. Le récent débat ouvert sur le sujet par le magazine consumériste 60 Millions de Consommateurs semble bien leur donner raison. «Il nous a semblé mesquin de facturer 2,50 € aux consommateurs», tranche Cédric Vauchel, réparateur AD et président de la commission AD Mécanique, l'instance représentative des garages AD. A l'heure où les consommateurs stigmatisent les facturations sanitaires des réparateurs, voilà qui ne peut nuire à la fréquentation des AD.

Cette position n'est pas celle des carrossiers AD, confrontés à une chaîne d'exigences liée à la structuration servicielle même du marché de la réparation-collision. Jérôme Joulia, président de la commission AD Carrosserie, les énumère. Il faut prendre en compte la mise en sécurité sanitaire des véhicules de courtoisie entrants et sortants, mais aussi lors des multiples interventions qui se succèdent sur les véhicules sinistrés.

Ce ne sont pas les exigences récemment portée par la CFEA en matière de sécurisation des experts qui le contrediront. Ni les assureurs qui, conscients de l'enjeu sanitaire sur leur image, ont fait des efforts financiers à destination des réparateurs. Bien que souvent trop modestes, ces contributions à la facture sanitaire des ateliers de réparation-collision valent au moins reconnaissance des spécificités propres au métier de carrossier.

Jean-Marc Pierret
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