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Michelin Pneu sans air : Michelin remet le couvert !

Pourtant destiné, à l'origine, aux applications off-road, le pneu sans air Michelin fait son retour dans le rang des produits d’avenir de la marque sous le nom d'Uptis ! Associé au groupe General Motors, le manufacturier clermontois vient, en effet, de présenter cette nouvelle génération de pneu “airless” dédiée aux véhicules légers, à l’occasion du sommet Movin’On, consacré à la mobilité durable.Le pneu sans air est une vieille antienne de l’industrie automobile… De la roue élastique Roussel, imaginée en 1897 dans le sud-ouest de la France, au prototype pour vélo Bridgestone en passant par le X Tweel de Michelin, présenté en 2014 et conçu pour des applications off-road (agriculture, chantier, manutention, etc.), nombreuses ont été les tentatives de fournir une alternative au pneu à air afin d’éviter les crevaisons et les pertes de mobilité qui s’ensuivent, d’économiser la matière première et de fiabiliser les déplacements. Bref, d’assurer, en deux mots, une mobilité durable !Et justement, c’est à l’occasion du sommet Movin’On de Montréal, consacré à la mobilité durable, du 4 au 6 juin 2019, que Michelin est revenu à la charge avec une nouvelle génération de pneu “airless” : l’Uptis. Un petit nom sous forme d’acronyme qui, dans la langue de Shakespeare, signifie “Unique Puncture-proof Tire System”. Et dans celle de Molière ? Quelque chose comme “système de pneu anti-crevaison unique”… Sauf que cette fois, ce sont bien les véhicules légers qui sont concernés !Michelin associé à General Motors pour l’UptisC’est en compagnie du constructeur automobile américain General Motors que Michelin a présenté l’Uptis, le 4 juin. En effet, « les deux groupes industriels ont annoncé avoir conclu un partenariat de recherche dans le cadre duquel les deux sociétés comptent tester et éprouver le prototype Uptis afin d’en équiper des voitures dès 2024 », confirment-elles dans un communiqué.Et les deux compagnies de poursuivre : « d’ores et déjà, Michelin et GM procèdent au test du prototype Uptis sur des voitures telles que la Chevrolet Bolt EV. Plus tard cette année, ces tests se poursuivront en conditions réelles sur une flotte de véhicules Bolt EV dans le Michigan, aux Etats-Unis ». Un modèle électrique pour tester un pneu sans air : voilà qui est dans l'air du temps.Un pneu sans air… mais gonflé de promesses !Les promesses d’Uptis ? Garantir des trajets plus sereins (plus de crevaison, plus besoin d’assurer la pression des pneus, plus d’équilibrage), permettre aux gestionnaires de flottes et aux conducteurs pro de réduire les immobilisations liées aux crevaisons et d’optimiser la productivité, en éliminant les opérations d’entretien, et, pour tous les usagers de la route, de réaliser des économies substantielles et d’améliorer ses performances écologiques. Puisqu’un pneu sans air et virtuellement increvable, c’est effectivement moins de matières premières pour fabriquer des pneus, moins de CO2 lié au surpoids du cric+manivelle, du kit anti-crevaison et/ou de la roue de secours.Ce prototype s’inscrit pleinement dans la concrétisation du concept “Vision”, présenté par Michelin lors de l’édition 2017 de Movin’On, bâti sur quatre exigences : Airless, connecté, imprimable en 3D et 100% Durable (à base de matériaux entièrement renouvelables ou biosourcés). Ainsi, Uptis se présente comme un outil ambitieux pour répondre aux besoins de mobilité d’aujourd’hui et de demain, tout comme aux exigences environnementales croissantes des citoyens de par le monde.Selon Michelin, Uptis affiche des améliorations « révolutionnaires dans l'architecture et les matériaux composites », qui permettent à l’objet de supporter tout autant le poids que la vitesse d’un véhicule appelé à circuler sur route ouverte. Des innovations qui « se combinent pour éliminer l'air comprimé et supporter la charge du véhicule », tel quel peut le faire un pneu standard, au contraire de l’X TWeel, ancêtre de l’Uptis.(Beaucoup) moins de business pour la rechange« Le prototype Uptis, repensé pour les voitures d'aujourd'hui, est particulièrement adapté aux formes émergentes de mobilité, confirment de concert Michelin et GM. Les véhicules et les flottes de demain –autonomes, électriques, partagés ou autres– équipés en Uptis ne nécessiteront aucune maintenance liée aux pneus, ce qui optimisera leur productivité. » Le manufacturier rappelle d’ailleurs que quelque 200 millions de pneus dans le monde sont mis au rebut prématurément chaque année « à cause d’une crevaison, de dommages causés par les aléas de la route ou d’une usure irrégulière liée à une pression mal adaptée ».Sauf que le pneu n’est pas une pièce anodine dans le paysage automobile actuel : non seulement elle est la seule à assurer un contact entre le véhicule et la chaussée, mais elle est surtout la première à s’user… et donc la cause numéro 1 d’entrées-ateliers. Selon les chiffres du GiPA, les prestations liées au pneu représentent 24% d'un total annuel de 38,5 millions entrées-atelier. Ainsi, les perspectives de durabilité que promet Michelin en amont pour les constructeurs, c’est du business en moins pour la filière aval de l’automobile, celle qui s’échine tous les jours à faire en sorte que les véhicules roulent dans les meilleures conditions de sécurité et, surtout, bien chaussés…Parce que le pneu ne représente pas qu’une pièce mais de multiples prestations, qui ne s’arrêtent pas au remplacement mais vont jusqu’à l’examen de l’usure, l’équilibrage, voire le recreusage pour ce qui est du pneu poids lourd... Envisager un produit tel qu’Uptis diffusé aussi largement que l’espèrent Michelin et GM dans un horizon aussi court que 2024 paraît improbable, surtout compte tenu du nombre d’acteurs ayant fait du service lié au pneumatique leur activité principale, au premier rang desquels le réseau de distribution de Michelin lui-même, ainsi que ses filiales telles qu’Euromaster ou Allopneus… Qu’on se le dise : la roue va peut-être tourner pour le pneu tel qu’on le connaît aujourd’hui, mais certainement pas aussi rapidement que les grands innovateurs des centres de R&D de Clermont et d’ailleurs ne l’entendent.
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