Le coronavirus commence à contaminer l’après-vente

Jean-Marc Pierret
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Cette fois, nous y sommes : la planète s'enfièvre, la France commence à tousser et logiquement, l'automobile s'enrhume et ses rouages se grippent. Quant à l'après-vente, elle commence à manifester elle aussi ses premiers symptômes...
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Côté ventes VN, l'alerte est déjà donnée en Allemagne, où les ventes ont décroché de 11% en février pendant que les commandes dévissent outre-Rhin de 19%. «Il est très probable que nous assistions encore à une baisse à deux chiffres [...] au cours des prochains mois», a commenté Peter Fuss, analyste du cabinet d'audit et de conseil EY

Les clients se raréfient

En Lombardie et Vénétie -les principaux foyers du Covid-19 en Italie-, les ventes se sont effondrées de 20%, constate Federauto, la fédération italienne des concessionnaires. 

Difficile d'imaginer un autre scénario en France, où l'explosion des cas ne fait apparemment que commencer. Le cap des 400 cas identifiés a été franchi hier soir dans l'Hexagone. Mercredi, l'Oise faisait déjà figure de triste exemple, elle qui concentrait déjà 99 cas sur les 285 alors recensés sur tout le territoire. Un professionnel du département vient de confier à l'AFP sous couvert d'anonymat qu'il constate déjà un «décrochage des ventes de -20% à -30% en février». Il est «certain» que l'épidémie «aura un impact car elle génère de l'attentisme», pronostique Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem de l'automobile.

L'après-vente s'inquiète ou souffre déjà

Mais les ventes VN et VO ne sont pas les seules concernées. L'entretien-réparation aussi peut être reporté dans l'attente de jours plus sûrs. Un patron d'enseigne nous le confiait hier : «notre centre de l'Oise n'a pas vu un client depuis une semaine», se désolait-il. Il n'est sûrement pas le seul dans la région. Et si l'épidémie est aussi «inexorable» que vient de l'annoncer Emmanuel Macron, le même constat risque de se répandre dans toute la France de l'après-vente.

Quant aux distributeurs-stockistes, ils s'inquiètent déjà du réapprovisionnement de leurs stocks, eux qui s'attendent à ce que les chaînes des équipementiers, soumises en tout ou partie à ces usines chinoises à 25% arrêtées et 75% en retard de production, commencent à se gripper. Il suffit parfois d'un sous-composant pour tout arrêter. Rien de concret encore ; mais beaucoup de distributeurs commencent à chercher des réassurances pour demain.

La crainte et l'effet psychologique se conjuguent et se catalysent rapidement. Les grands groupes équipementiers et constructeurs du secteur commencent à prendre des mesures conservatoires pour leurs collaborateurs. Depuis plusieurs jours, les annonces internes se multiplient qui interdisent les déplacements dans les zones et pays dits «à risque» ou dans le cadre de rassemblements internationaux, pendant que les autres mouvements géographiques sont soumis à autorisations.

Annulations croissantes

Les rencontres programmées de longue date sont annulées, au mieux reportées. C'est déjà le cas emblématique du Salon de la Franchise, reporté aux 24 à 27 mai prochains ; du SITL, décalé in extermis au 16 juin.

Cette contagion conservatoire touche d'autres rassemblements de tailles pourtant inférieures. Le CLEPA, la fédération européenne des équipementiers, vient d'annuler sa Conférence Aftermarket 2020 prévue initialement les 25 et 26 mars prochains à Bruxelles. Son communiqué d'hier soir confirme le gel des déplacements professionnels : «compte tenu des inquiétudes entourant la propagation du coronavirus Covid-19 et en réponse aux mesures liées aux voyages et à d'autres mesures prises par de plus en plus d'entreprises et d'institutions, CLEPA reporte la prochaine édition de la Conférence Aftermarket [plus tard] dans l'année».

Les rassemblement internationaux prévus par AD International et Temot International ont eux aussi été annulés. En creux, cela confirme que les 335 000 emplois de l'événementiel sont déjà alités...

Les bourses en déroute

Et bien sûr, les frileuses bourses s'enrhument. Paris a clôturé hier à -2%, après -12% sur la semaine. Renault a enregistré la plus forte baisse du CAC 40 (-7,56% à 23,17 euros). En Allemagne, Continental a plongé (-12,36% à 84,36 euros). Daimler a reculé de -3,81%, Volkswagen de -2,68% et BMW de -0,85%.

L'aérien confesse avoir déjà perdu 40 millions de passagers au niveau mondial ; le trafic vers l'Asie a reculé de -68% ; l'Italie est désertée. Le cours d'Air France-KLM a dévissé de 13% hier et l'entreprise s'apprête à annoncer 200 millions de pertes.

Et nous n'en sommes pas encore au fameux “stade 3” de l'alerte qui ne va rien arranger...

Jean-Marc Pierret
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