Un trafic d’injecteurs découvert à l’usine Delphi de Blois !

Jean-Marc Pierret
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De 2013 à 2015, des injecteurs et/ou des composants d'injecteurs ont été dérobés dans l'usine Delphi de Blois grâce à des complicités internes, a révélé notre confrère La Nouvelle République. Le préjudice total pourrait atteindre 4 à 5 millions. Une détention provisoire a déjà été ordonnée, plusieurs collaborateurs de l'usine sont suspectés et la direction de Delphi a confirmé que 5 salariés ont été interpellés à leurs domiciles le lundi 25 avril...
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Un possible préjudice de 4 à 5 millions d'euros : c'est l'estimation que fait le procureur de la République de Blois dans les colonnes de notre confrère La Nouvelle République (relayé par l'AFP),  suite au vol d'injecteurs découvert dans l'usine Delphi de Blois. On ne sait pas si cette estimation est calculée sur la base du prix de vente public d'un injecteur ou sur la base de son prix de vente “sortie d'usine”. Mais dans les deux cas, le trafic démantelé par la police judiciaire semble avoir pu prendre une dimension... industrielle qui concernerait des milliers d'unités.
interpellations et incarcérations
L'enquête semble en train d'établir qu'un salarié aurait organisé le vol quotidien d'injecteurs de 2013 à 2015 grâce à des complicités internes et un comparse externe à l'entreprise. La direction de Delphi France ne peut évidemment pas commenter l'instruction en cours. Elle nous confirme en tout cas que 5 salariés de l'usine ont bien été interpellés à leur domicile lundi dernier et que des perquisitions ont été simultanément menées par les enquêteurs au sein même du site de Blois. Le principal suspect a déjà été placé en détention provisoire et un second serait lui aussi sur le point d'être incarcéré. Ils sont tous poursuivis pour vol aggravé et recel de pièces automobiles...Il est vrai que la valeur unitaire d'un injecteur ou même de sa seule valve, une pièce hautement captive que seul Delphi produit, peuvent susciter des convoitises et justifier un tel marché "gris". A titre d'exemple, un injecteur parmi les plus fortes ventes du marché français se chiffre à environ 300 € HT prix public et une valve, à 80 € HT. Et il est vrai que les injecteurs, Delphi ou autres, sont très recherchés et couramment présents sur des sites du style "Le Bon Coin" à des prix qui ne cessent d'étonner les acteurs de la rechange. «Durant cette période, nous nous sommes souvent étonnés des prix proposés sur de tels sites pour des références Delphi», se souvient Fabrice Godefroy, le directeur général du distributeur spécialiste IDLP, sans bien sûr pouvoir ni vouloir confirmer un lien de cause à effet.
comment est-ce possible ?
En attendant de comprendre la taille et l'organisation du trafic, reste à savoir comment ce dernier a pu naître et prospérer de longs mois, sans être détecté, dans le sanctuaire ultra-sécurisé de l'un des fleurons industriels de l'équipementier. La direction de Delphi précise qu'une enquête interne est déjà diligentée. Une enquête qui répondra probablement à cette question que se pose toute personne connaissant peu ou prou l'environnement ultra-sécurisé d'une usine : comment peut-on voler des pièces produites par un site de production bardé par définition de process et de contrôles s'appuyant sur des systèmes de mesures multiples ? Comment des injecteurs constamment suivis, du plus petit des composants jusqu'à leur assemblage final en sortie de chaînes, peuvent-ils ensuite “s'évaporer” dans un univers clos où sont traqués et quantifiés sans relâche les “PPM” (défauts de pièces par million de pièces) ?A suivre...
Jean-Marc Pierret
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